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Conte de Noël (19 décembre 2002)

Le berceau divin

Prémonition? Sagesse issue d’une vie simple et droite? Intuition des humbles? Qui pourrait dire comment ses mains avaient été guidées? Qui pourrait parler de la tendresse dont témoigne son travail ?

En ce temps-là, à Nazareth, Joseph venait de terminer un berceau, le plus admirable qu’il eut pu réaliser. Ses doigts avaient, des heures durant, laissé agir le ciseau et le polissoir. Sans qu’il en eut vraiment conscience, des étoiles étaient à présent gravées sur les montants, des bergers et leurs brebis étaient profilés sur le panneau de la tête. Joseph s’adossa au tas de bois qui se trouvait dans son atelier et considéra son œuvre. Son esprit brûlait de joie et de fierté car il savait que son fils reposerait là, au creux douillet du petit lit.

Quelques voisins avaient eu l’occasion d’observer le meuble et bientôt à travers tout le pays parvint une rumeur qu’un berceau extraordinaire avait été réalisé dans une humble maison de Nazareth. Cette nouvelle arriva même au palais du roi Hérode. Celui-ci n’était pas homme à s’émouvoir de la création d’un objet d’art de plus, car il avait à sa disposition quantité de pièces rares et de valeur mais il présageait qu’une telle rumeur pouvait avoir quelque chose d’inquiétant. Des devins lui annoncèrent en effet, à la description orale du bel objet, que son règne était menacé.

Quelques semaines plus tard, Joseph apprit qu’il devait se rendre à Bethléem pour un recensement. Un ange l’avertit en songe que le bébé ne reposerait pas là où il l’avait imaginé. Alors, tandis qu’il se préparait avec son épouse pour le long voyage qu’ils devaient effectuer, il réfléchissait à ce qu’il allait faire de son ouvrage. Comme il n’avait pour seule monture qu’un maigre bourricot, il lui sembla impossible de le transporter, alors il se résolut à en faire don. Il le déposa auprès du puits du village et espéra que quelque personne nécessiteuse pourrait se l’approprier. Cependant, un émissaire du roi Hérode, congédié en raison de son âge, qui rentrait dans sa région de naissance pour y finir tristement ses jours, découvrit le meuble. Il avait entendu parler du chef d’œuvre auquel on attribuait des vertus insoupçonnables. En son cœur, il éprouva une grande joie. Voilà un trésor, estimait-il, qui pourrait lui faire retrouver la grâce auprès de son roi. Il s’en retourna donc pour Jérusalem. Sous les pas de son cheval, la route était plus facile qu’elle ne l’avait jamais été auparavant. Il lui semblait que le berceau était plus léger qu’un voile.

Hérode fut ébranlé lorsqu’il vit le berceau. Il appela devins, scribes et sages pour interpréter ce qui était représenté de manière aussi gracieuse sur le bois.

- L’astre d’un nouveau roi s’est levé, osa l’un d’eux.

- Il est reconnu par tout le peuple de bergers, poursuivit un autre.

- Les Écritures laissent prévoir qu’il se trouve à Bethléem, dit encore un troisième.

Peu de temps après cette découverte, des mages venus d’Orient s’adressèrent à Hérode et confirmèrent qu’ils avaient vu apparaître une nouvelle étoile, signe d’une naissance prestigieuse.

Alors, Hérode, reconnaissant les propriétés divinatoires propres au berceau, manda les mages afin de porter le petit meuble jusqu’à cet endroit où ils comptaient aller pour rendre hommage à l’enfant.

Quand Joseph reconnut son œuvre, il en fut ébranlé. II frémissait de bonheur. L’enfant pourrait reposer sur une couche digne de ses origines.

Joseph contempla son ouvrage d’un œil nouveau. Il distingua alors qu’il avait représenté un désert au pied du petit lit. Il fut visité la nuit suivante par un ange qui lui ordonna de se rendre en Égypte pour assurer la sécurité de l’enfant.

Joseph se découvrit une force intérieure toute neuve. Il acquit plus d’assurance. S’il avait l’intuition en façonnant son œuvre de ce qui allait advenir, il pourrait à l’avenir s’y fier encore et encore. D’autant plus, que l’ange l’épaulait de manière non négligeable.

Quand fut venu le temps pour la sainte famille de partir pour l’Égypte, Joseph offrit le berceau à quelque pauvre paysanne qui se trouva près de l’étable à ce moment-là.

II paraît que l’enfant qui y dormit, apporta douceur et sagesse partout où il passait. Jamais, le berceau ne fut hors d’usage, même si peu à peu se sont estompées les marques particulières qui l’ornaient.

Micheline Boland

 

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