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Conte de Noël (19 décembre 2002)

Banal

Tout jusque là a été banal. Le sol du living est jonché de boîtes et de sachets contenant les accessoires qui décoreront la maison pour Noël. La mère et les enfants s’affairent à parer le sapin que le père est allé acheter sur le marché. Les boules circulent dans les mains des deux petits, avant que l’aîné les accroche selon leur désir. Les guirlandes sorties de leur boîte et dépliées par la mère sont ensuite placées délicatement par le père autour du lustre, des cadres et des encadrements de porte. Tout se passe pour le mieux jusqu’à ce que l’aîné désigne une grosse boule rouge, décorée d’une crèche et de sapins, plus scintillante que les autres en disant: “C’est la mienne. C’est celle que j’ai achetée l’an dernier à l’école. Je la mettrai dans ma chambre près de la petite crèche que j’ai bricolée.” Ses paroles n’ont pas trouvé d’écho. Il y a juste la surprise des parents, leur silence, leur malaise. Comment réagir à un tel propos qui les heurte sans rompre le charme du moment ? Il y a aussi l’étonnement contenu des deux petits. Ils se sentent soudain tellement plus démunis que leur aîné. Chacun poursuit cependant sa tâche, comme si rien de spécial n’avait été dit.

Après quelques minutes, les enfants préparent la crèche sur une table près du feu ouvert. Il y a l’étable, grande, en bois blanc et plein de santons. Des santons plus ou moins colorés, plus ou moins fignolés. Des santons portant des vêtements en tissu, garnis de paille ou de bois, venant de Provence, des santons simplement peints venant d’Ardennes. Et parmi ces santons, un étrange âne aux oreilles démesurées, à la queue légèrement fissurée. “C’est le mien. Je le garde pour moi.” Le plus petit a dit cela sur un ton assuré. Que serait une crèche sans un âne ? A présent, il y a la surprise des deux plus grands, le malaise grandissant des parents.

Enfin, Jésus est sorti de son emballage. “C’est à moi, dit le cadet. Mamy me l’a offert quand le chat avait cassé l’ancien. C’est à moi, c’est à moi”, il s’en va en courant vers sa chambre. Que sera la crèche sans âne, sans Jésus ? Alors papa ôte silencieusement les guirlandes dorées qu’il a déjà placées autour des cadres et les range dans leur emballage. “Mais papa... Que fais-tu, papa ?”

Les interrogations des enfants se répètent avant que le père n’y réponde. “Elles sont à moi, ces guirlandes. Alors je vais les offrir pour garnir la salle paroissiale à l’occasion du goûter de Noël. Les organisateurs seront ravis de ce petit cadeau.”

Personne ne souffle mot. Les enfants ont compris. La grosse boule rouge scintillante, l’âne et l’enfant Jésus sont rapidement de retour dans le living.

Tout jusque là avait été banal. Cette année-là cependant, contrairement aux habitudes, les enfants confectionnèrent ensemble des guirlandes avec du papier alu pour remplacer celles que leur père avait données. Contrairement aux habitudes aussi, ils ne se querellèrent pas à propos d’une part plus ou moins grosse de bûche, ni de la place plus ou moins proche de la crèche et du sapin occupée à table.

Micheline Boland

 

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