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Au pays de Violette
Comme l’Alice de Lewis Carroll, Violette est à la fois rêveuse et aventureuse. Par un bel après-midi de printemps, après un pique-nique pris en famille dans le verger, elle folâtre comme à son habitude. C’est en suivant un beau chien blanc qui passe près d’elle, qu’elle saute une clôture et se retrouve dans un monde inconnu. “Drôle de chalet”, pense Violette. “Drôle de bois”, murmure-t-elle pour elle-même, en s’approchant d’une barrière blanche. Violette avance encore et au plus la distance qui la sépare de la barrière s’amenuise, au plus elle perçoit une odeur agréable, douce et puissante à la fois. Violette touche, il lui semble qu’ainsi elle pourra clarifier les choses. La matière est lisse et douce. Violette observe alors sur le bout de ses doigts des traces blanches. Elle porte les doigts à la bouche, goûte prudemment et en déduit qu’il s’agit là, fort probablement, de la saveur de sa friandise favorite… Violette a cependant un doute. Comment est-ce possible ?
“Drôle de pays. Drôles de maisons”, se dit Violette en poursuivant sa route. Plus loin, un chalet qui l’attire plus que tous les autres. Les volets paraissent garnis de moulures colorées représentant des fleurs. Violette presse le pas. Elle a hâte de voir le bâtiment de plus près. Enfin, près du but, elle frappe à la porte, une porte brun clair. Mais son index s’enfonce un peu et le bruit produit en heurtant le panneau est un bruit quasi imperceptible.
“Entre”, fait une petite voix. Violette ne se fait pas prier. Son cœur bat plus vite tant elle est excitée. “Entre, prends le grand escalier” et Violette obéit.
Elle se retrouve ainsi dans une vaste salle. Tablettes, bouchées, truffes sont ici innombrables, empaquetées sous cellophane, garnies de nœuds, de rubans. “Prends un rafraîchissement sur la table ronde”. La voix est suave, comment résister ? Le gobelet en chocolat contient une délicieuse boisson au cacao.
“Repose-toi. Assied-toi un peu”. La chaise est en chocolat, sa jupe y colle légèrement. De partout, montent des parfums de chocolat. Violette veut se lever mais les semelles de ses sandalettes adhèrent au plancher. Le cœur de Violette bat de plus en plus vite. A l’excitation première succède une sorte de peur. Q’importe les chaussures, Violette s’en va au plus vite. Elle s’égare des heures durant avant de se trouver dans une prairie et de s’y assoupir, exténuée, à proximité d’un bel arbre.
A son réveil, Violette est étendue sur une couverture dans le verger de ses parents, au pied d’un pommier. Seules les paumes de ses mains et les plantes de ses pieds témoignent encore de son aventure...
Micheline Boland
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