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Dans les livres (15 septembre 2011)

Une Wallonie ouverte et variée

Pour marquer le coup de sa nouvelle collection, des récits ancrés en Wallonie, l’éditeur Weyrich réédite un des premiers succès d’Armel Job, “La Malédiction de l’abbé Choiron”.
Ah qu’elle est difficile, la vie de curé de campagne! A peine débarqué dans sa nouvelle paroisse ardennaise, l’abbé Lucien Choiron réalise l’ampleur de la tâche que le Très Haut lui a confiée dans sa bonté à double tranchant. Ce n’est pas que son église soit vide le dimanche, non. Mais voilà: les fidèles s’acquittent sans ferveur de leurs obligations, préférant bayer aux corneilles et penser aux prochaines semailles que se plonger dans la dévotion. Des haines corses divisent les familles du village, davantage tentées par les relents de superstition et de sorcellerie que par le respect des saints sacrements. Et que penser de ceux qui, absents des registres du baptême, croisent en rue la nouvelle recrue de l’évêché en poussant un croassement à faire trembler les soutanes…  Un jour, pendant la messe, irrité par tant d’indifférence et outré par leur feinte dévotion, le brave abbé s’emporte devant ses ouailles et profère une malédiction. Qui, à la stupeur générale, se réalisera quelques jours plus tard! Les foudres divines s’abattront sans pitié sur un jeune agriculteur. Voilà l’abbé soudainement érigé au statut de prophète terrifiant, capable d’incarner le bras armé du Tout-puissant. N’éprouve-t-il pas lui-même quelque effroi, devant ce pouvoir quasiment surnaturel dont il n’aurait jamais pu imaginer que Dieu l’affublât un jour…?

 

En rééditant l’un des premiers romans (1998) d’Armel Job, auteur belge de langue française parmi les plus connus chez nous, les éditions Weyrich ont choisi de  (re)plonger le lecteur dans un véritable bain de jouvence. Le paysage humain décrit ici n’est autre que ce terroir wallon pétri de religiosité et de convenances, arpenté par une série de personnages tous aussi truculents les uns que les autres. Il y a du Don Camillo dans ce prêtre, pour qui la religion se vit exclusivement entre injonctions et interdits ou, lors de trop rares fulgurances, avec une bienveillance toute paternelle. Sauf, peut-être, lorsqu’il s’agit de rassembler ses confrères des villages voisins pour des agapes dignement arrosées, seulement troublées par l’apparition bien en chair d’une de plus belles jeunes filles du coin. Heureusement, l’abbé de Forgelez – c’est le nom du bled ardennais – peut compter sur le soutien de sa vielle maman tour à tour muse, égérie, sacristaine… Armel Job prend son temps pour camper ses personnages et leur terroir. On a presque l’impression que l’intrigue n’est qu’un prétexte à décrire l’atmosphère de ces villages ardennais des années cinquante, opprimés par un Dieu tapi dans l’ombre et dont la volonté est si difficile à décrypter.

 

La plume de l’auteur est alerte et jouissive. Chaque scène – messe, veillée funèbre, confession, travail aux champs… – est une merveilleuse peinture de mœurs. On l’imaginerait plutôt liée au début du XXème siècle qu’à son mitan: est-il Dieu possible que nos campagnes aient été éprises de telles bondieuseries et croyances à deux sous, il y a soixante ans à peine? La réédition de ce récit, émaillé d’expressions wallonnes (jamais encombrantes et toujours traduites, afin de livrer toute leur saveur) est à situer dans un contexte bien précis: celui de la création d’une nouvelle collection chez Weyrich. Son nom: Plumes du Coq. La volonté de l’éditeur ne consiste pas à verser dans une sorte de régionalisme nombriliste, mais bien à mettre à l’honneur des raconteurs d’histoires, solidement ancrées en Wallonie et destinées à un large public. Lancée à l’occasion du dixième anniversaire de la maison, la collection veut questionner l’identité du sud du pays. Outre Armel Job, ses premiers auteurs s’appellent Bernard Gheur (avec “Les Etoiles de l’aube”, un hommage au journalisme de l’après-guerre), et Frédéric Saenen, avec un premier ouvrage (“La Danse de Pluton”), un récit ancré dans la banlieue liégeoise après le déclin industriel.                                                        

// Ph.L.

 

>> La Malédiction de l’abbé Choiron Armel Job 220 p. “les Etoiles de l’aube” Bernard Gheur, 340 p. 17,50 euros • “La Danse de Pluton” 116 p. Ed.Weyrich.

 


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