Livres (
4 novembre 2010)
Une infirmière envoyée au Congo
“Pas grand-chose” :
drôle de titre pour “vendre” un premier roman.
Justine Lalot, jeune écrivaine de 27 ans, traduit pourtant l'ironie et
l'humour décalé qu'elle emprunte tout au long de son livre. Surprenante,
l'histoire qu'elle raconte tient le lecteur en haleine jusqu'à la fin pour,
soi-disant…, pas grand-chose.
Blanche Grelot,
infirmière de 30 ans un peu paumée, a un accident de voiture. Cet événement
bouscule sa vie monotone. Elle est envoyée par son patron en République
démocratique du Congo pour, selon lui, “prendre de la distance et casser la
routine”. Faire de l'humanitaire, Blanche Grelot s'en serait bien passé. Ce
séjour au cœur de l'Afrique va l’amener à réfléchir, à se découvrir et à
rencontrer d'autres vies. Elle qui pense que le monde est découpé en deux
catégories de gens : “les Mieux” et les “Autres”, et qui se définit comme
une “Autre” va se rendre compte que la frontière entre les deux est mince et
franchissable.
Parler de l'Afrique sans
évoquer l'humour débordant des Africains n'était pas possible pour
l'auteure. Celle-ci ne fait tout de même pas abstraction de sujets plus
graves qui ont touché et touchent encore ce pays de l'Afrique centrale,
comme l’enrôlement d’enfants soldats, les viols, les guerres… Mais, elle le
réalise en finesse. L'ambiance joviale de le la RDC, Justine Lalot l'a
connue de près, ayant passé une petite année à Kinshasa pour enseigner. Mais
“Pas grand-chose” n'est pas une autobiographie. Son récit transpire
quand même le vécu et on peut imaginer que des situations que vit l'héroïne
ont pu arriver à l’écrivaine.
Humoristique, parfois
même cynique, ce roman est rythmé à chaque page. Le lecteur le dévore sans
s'ennuyer. Découpé en de courts chapitres, ce livre réserve de belles
surprises.
// Virginie Tiberghien
>> Pas grand chose
•
Justine Lalot
•
Ed. Luce Wilquin
•
176 p.
•
2010
•
18 EUR.
Comme une traversée de déserts
“L’Extrême” est le dernier livre de l’auteure belge Sandrine Willems.
Un roman tout en délicatesse et en violence, entrelacement de la vie et de
la mort.
Sandrine
Willems est née à Bruxelles en 1968. Écrivain, elle est aussi comédienne,
metteur en scène au théâtre et réalisatrice de cinéma. Parallèlement à cette
carrière, elle est, aujourd’hui, aussi psychologue.
Sa mère est morte à sa
naissance; son enfance a été confisquée par la maladie censée être
incurable. Sa vie est consacrée aux enfants de l’hôpital où elle travaille
et au désert où elle se réfugie.
Lecteurs, nous
partageons ses jours parmi les enfants et les adolescents. Les allers-venues
des pères, les mères qui semblent avoir leurs forces décuplées par le cancer
qui mine leurs petits. Et elle, à 60 ans, quel droit a-t-elle à survivre à
ces enfants ? Pourquoi la mort l’a-t-elle à la fois confisquée et rendue
libre, fragile et forte ?
Et puis, un jour, une
double rencontre donnera un nouvel éclairage à ce cheminement. Un jour,
arrivent dans le service d’oncologie deux jeunes filles, une venue des oasis
et l’autre Touarègue venant du désert des déserts. Entre elles vont se
tisser les chants du désert où la beauté vient de rien, où le goût du thé
parle du temps, de la vie, des hommes et des femmes.
“Au
désert, quand le soleil sombre, ils te servent le thé, et t’en donneront
trois verres. Le premier, disent-ils, est amer comme la vie, le deuxième
fort comme l’amour, le troisième suave comme la mort”.
Ce roman nous fait
entrer dans des lieux, des émotions, des révoltes et des peurs qui nous
obligent à réfléchir aux sens essentiels de la vie, à la compréhension
simple et profonde de l’autre, à l’acception de ses limites et des nôtres.
//Alda Greoli
>> L’extrême
•
Sandrine Willems
•
éd. Les impressions nouvelles
• 156
p. • 2010
• 15
EUR.
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