Dans
les livres (3 juin 2004)
Poèmes et nouvelles
de Colette Nys-Masure
Un geste esquissé, une expression fugitive, un mot ébauché, ce n’est rien, c’est immense. Colette Nys-Mazure, experte du quotidien, a su, une fois encore, dans “Sans y toucher” en recueillir l’ombre, la poussière, l’imperceptible rayon dansant et, mine de rien, elle en a extrait la densité du moment. Elle l’a transformé en une quinzaine de nouvelles dont deux sont des triptyques. L’inspiration est la même que dans “ Célébration du quotidien ”, mais le traitement différent. Ici, c’est de la fiction de courts récits mais histoires complètes. Presque toutes concernent des enfants, des adolescents saisis à un moment apparemment anodin, en fait capital, qui les transforme à jamais : l’enfant qui saisit l’autre visage de sa mère, l’enfant qui devient lecteur, la jeune fille dont la beauté provoque la mort, le gamin qui passe seul un congé splendide dans un abri de jardin…
Prolixe, Colette Nys publie en même temps un autre recueil “La chair du poème”. Cette fois, ce sont autant de tranches de sa propre existence qui lui servent de point d’ancrage pour une avancée dans le monde de la poésie. Car l’écrivain est d’abord poète et la poésie est sa langue maternelle. Les petites faits de vie qu’elle relate - une lettre reçue, un trajet dans le métro, la fête des mères… - débouchent tous sur des vers qu’elle chérit et qui leur donnent sens. Sans pédanterie, sans érudition, aux antipodes de l’anthologie, Colette Nys nous fait ainsi partager une moisson d’écrits superbes, d’Apollinaire, Prévert, Roy, Norge, Eluard, Desnos, Cadou et beaucoup d’autres. Un livre comme un jardin dont on découvre les fleurs aux détours des chemins.
Le grand procès, un roman de François Jongen
Le pays l’attend impatiemment depuis des années : le grand procès va enfin commencer. Pour lui assurer plus de solennité, il faudrait s’assurer de la présence de la Justice elle-même. Seulement voilà, personne ne semble plus l’avoir vue depuis de nombreuses années et, pire, personne ne semble s’être inquiété de cette absence. Le ministère de la Justice charge donc Julienne Lingue, journaliste, de la retrouver. Pour l’appâter, on lui promet l’exclusivité de ses propos. L’avantage est double : d’une part, la jeune femme est opiniâtre, d’autre part, pendant qu’elle cherche, elle n’écrit pas et est donc neutralisée…
Dans ce dernier épisode de sa trilogie de romans belges, François Jongen décrit le microcosme de la Justice : avocats, juges, huissiers, professeurs d’université, hommes politiques. Tous sont décrits avec verve, esprit, entrain et une lucidité parfois cruelle. Les noms sont étranges: ce sont tous des noms de poissons ! Quand on vous parlait de microcosme…C’est finement observé, enlevé, pétri d’esprit, parfois féroce. On rit beaucoup, mais le roman est aussi une fable et, le rire éteint, la réflexion se prolonge.
AMP
• Colette Nys-Mazure - “Sans y toucher” -
Nouvelles - La Renaissance du Livre - 17,50 EUR
• Colette Nys-Mazure - “La Chair du poème. Petite initiation à la vie poétique”
- Albin Michel - 16,85 EUR
• François Jongen “Le grand procès” -
Editions Versant Sud - 16,20 EUR
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