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Bicentenaire

Alexandre Dumas, quel panache! (2 janvier 2003)

Panache, génie de la construction du récit et sentiments romantiques caractérisent les romans d’Alexandre Dumas, chéri du grand public et des scénaristes, dédaigné par les institutions. Lors du bicentenaire de sa naissance, ses cendres ont été transférées au Panthéon. L’occasion de le redécouvrir…

Duels, cavalcades folles, serments éperdus, amitiés “à la vie, à la mort”, voiles blancs dans l’ombre d’une tour, amours passionnées... Alexandre Dumas est romantissime. Son époque qui s’ennuyait sous les ors fades d’une Restauration sans gloire et d’un Second empire compassé l’a adoré. Il lui a donné la fougue, les frissons, la passion, le panache qui lui faisaient si cruellement défaut. Les historiens de la littérature ne lui ont pas pardonné cette avalanche de bons sentiments. Ses romans, parus en feuilletons, ont fait les beaux jours des gazettes. Il a été chassé des manuels de littérature : ainsi, la célèbre collection “Lagarde & Michard” qui a construit les clichés littéraires de tant d’étudiants, honore Victor Hugo dans de nombreuses pages, mais ne consacre pas une ligne à Alexandre Dumas !

 

Regain d’intérêt

L’auteur des Trois Mousquetaires, de la Reine Margot, du Chevalier de Maison-Rouge, du Collier de la Reine et, bien sûr, du Comte de Monte-Cristo mérite pourtant mieux que ce dédaigneux silence. Bien sûr, il bousculait l’Histoire, bien sûr il en faisait trop. Mais il le faisait avec tellement de talent ! Ce n’est pas un hasard si, alors que tant d’autres auteurs appréciés de leur temps sont tombés dans l’oubli, Dumas, lui, est toujours lu. Et même lu avec un regain d’intérêt. Notre époque qui a désacralisé les héros et est en quête de sens, rêve avec Dantès, Bussy, Linley et autres Mousquetaires. En ces temps de doute et de désenchantement, on aime ces amis fidèles, ces amants passionnés, ces justiciers respectueux de l’adversaire quand il mérite le respect... Umberto Eco, romancier de talent et sémiologue réputé, souligne le style échevelé de Dumas, les répétitions fréquentes et les nombreuses longueurs : Dumas était payé à la ligne et il avait toujours besoin d’argent ! Mais Eco insiste aussi sur la magistrale structure narrative de ses œuvres et il n’hésite pas à affirmer : “Le Comte de Mont -Cristo est l’un des romans les plus passionnants qui aient jamais été écrits” (1). L’œuvre de Dumas, si elle n’est pas une œuvre d’art, est devenue un mythe. Et les sociétés ont besoin de mythes.

 

Amant volage, ami fidèle

Le bicentenaire de la mort d’Alexandre Dumas, un peu éclipsé par celui de son bouillant contemporain Hugo, offre l’occasion de redécouvrir l’homme et surtout de relire son œuvre. Celle-ci est souvent plus connue grâce à ses multiples adaptations à l’écran que par le texte même. Des rééditions en grand nombre et en collections de poche permettent de corriger ce déficit de lecture. Quant à l’homme lui-même, de multiples biographies lui sont consacrées. Dumas est né en 1802, le 24 juillet, à Villers-Cotterêts. Son père, général de division, meurt alors qu’il a quatre ans à peine. A quatorze ans, il entre comme saute-ruisseau chez un notaire. A seize ans, il devient l’amant d’Adèle Tellier, première d’une longue succession de maîtresses. Moins fidèle que ses héros, Dumas sera toute sa vie un vert galant !

Passionné de théâtre, il part pour Paris en 1823. En juillet 1824, de sa liaison avec Marie-Catherine Labay, lui naît un fils qu’il reconnaît et qui deviendra l’auteur de “La Dame aux camélias”. En 1828, il est bibliothécaire à l’Arsenal et fait ainsi la connaissance de Nodier qui lui ouvre son Salon : il y fréquente Hugo, Lamartine, Musset, Vigny... Il devient leur ami et sera aussi l’ami de Gérard De Nerval. L’amitié de Dumas n’a rien à envier à celle de ses personnages : il est d’une générosité sans faille et d’une fidélité à toute épreuve.

 

Une incroyable prolixité

En 1830, Dumas prend part à la Révolution. Lors des événements qui s’en suivent, il part pour la Suisse pour se faire oublier avant de revenir en même temps qu’Hugo et d’autres exilés notoires. La publication de ses œuvres maîtresses, celles qui se lisent encore aujourd’hui, est assez tardive et très ramassée : Les Trois Mousquetaires et Monte-Cristo datent de 1844. Viennent ensuite, en 46, le Chevalier de Maison-Rouge, la Dame de Monsoreau, Joseph Balsamo et, trois ans plus tard, le Vicomte de Bragelonne. De 1853 à 1857, il publie un journal du soir, Le Monte-Cristo. Dumas a été d’une incroyable prolixité : des dizaines d’autres romans, plusieurs dizaines d’œuvres dramatiques, tout autant de chroniques, récits de voyage, récits autobiographiques sont nés de sa plume. De plus, ses talents sont multiples puisqu’en 1869 il travaille à un Dictionnaire de cuisine ! Bien entamé, celui-ci restera toutefois inachevé. Alexandre Dumas meurt le 5 décembre 1870 à Neuville-lès-Polet où il est inhumé provisoirement avant d’être inhumé définitivement à Villers-Cotterêts. Ses cendres ont été déposées au Panthéon le 30 novembre dernier. Cet hommage reconnaît ce que savaient ses amis et ses lecteurs : Dumas est un grand homme sans doute, c’est surtout le père d’immortels héros.

Anne-Marie Pirard

 

(1) Umberto Eco, “De superman au Surhomme” , Grasset, 1993.

 

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