Dans
les livres (6 janvier
2011)
Des
jeunes imaginent la vie là-bas en Afghanistan
Comment de jeunes Bruxellois voient-ils l’Afghanistan, ce bout du monde
qu’ils ne connaissent, le plus souvent, que par ce qu’on en montre à la
télévision,
c’est-à-dire des images de guerre, de misère, d’horreurs? Comment
appréhendent-ils la différence, l’autre culture? Avec la complicité de
Frank Andriat, leur professeur de français et écrivain de renom, les
élèves de 4ème secondaire de l’Athénée communal Fernand Blum à
Schaerbeek ont apprivoisé ce “là-bas” grâce à des films, à des
documentaires, à des rencontres…(1) Ainsi sont nés des
vingt-quatre élèves de la classe une trentaine de récits imaginaires,
vivants, émouvants, révoltés, durs parfois, mais pleins d’espoir,
d’humanité et d’humour aussi. “Celles et ceux qui ont écrit ces
récits ne sont pas des écrivains et si le livre est habité de
trouvailles littéraires parfois inattendues, il est avant tout un
recueil de témoignages d’adolescents, un livre de cœur, sans autre
prétention que celle de partager des émotions sincères et une envie de
voir le monde devenir meilleur. Surtout, là-bas, chez nos amis afghans
qui souffrent au quotidien”, confie Frank Andriat dans
l’introduction de l’ouvrage.
“Au-delà de
l’expérience, de la beauté des mots et de la narration, ces textes ont
surtout le mérite de nous ouvrir les yeux sur nous-mêmes, sur notre
société, sur les médias et leur façon finalement très “subjective” de
relayer une information, sur les clichés qu’ils suscitent dans
l’imaginaire des adultes de demain, précise à son tour la
journaliste Hadja Lahbib qui a soutenu ce projet d’écriture et préface
le recueil.
//JD
(1) Frank Andriat est coutumier de cette démarche
pédagogique et littéraire avec ses élèves. Quatre ouvrages ont déjà été
publiés par le passé. Le dernier, paru en 2005 chez le même éditeur,
s’intitule “Emoi et moi” et propose des textes d’adolescents sur le
thème du “moi”.
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Là-bas en Afghanistan •
Frank Andriat et ses élèves •
Bernard Gilson Editeur •
2010, 128 p.
• 10 EUR.
Des ados ado… rables?
Des
situations cocasses entre les parents et les adolescents, les albums
d'Anne-Catherine intitulés “Adorables” en regorgent.
Elles feront sourire et, parfois, rire aux larmes les familles.
Car qui ne se retrouve pas dans les histoires décrites dans cet album?
Des adolescents
qu'il faut appeler par sms pour qu'ils descendent manger, des parents
qui créent un profil sur les réseaux sociaux comme leurs enfants ou qui
campent devant l'école pour inscrire leur aîné dans une école…
Empruntées de tranches de vie, les histoires qui tiennent en une planche
trahissent avec tendresse la réalité.
Des ados se sentent
incompris par leurs père et mère, et inversement. Un gentil décalage
entre les générations qui fait rire. Comment dialoguer avec ces jeunes
qui gardent leur casque de MP3 à longueur de journée sur les oreilles?
Ou avec des parents constamment angoissés pour leur progéniture ?
Tout le monde s'y
reconnaîtra. Entre gags et répliques qui font mouche et jeux de
confrontation, l'auteure nous brosse un tableau déconcertant de vérité
des familles qui, de crise en crise, ne savent plus où en donner de la
tête !
Anne-Catherine Van
Santen collabore à différents quotidiens et magazines dont Le Soir,
Le Soir Magazine et Le Ligueur. Cet album “C'est la crise… mais
laquelle?” est le cinquième tome, bourré d'humour, de la série des
"Adorables".
// VT
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Les Adorables. Tome 5 : C'est la crise… mais laquelle ?
• d'Anne-Catherine Van Santen
• Renaissance du Livre
• 2010, 96 p.
•
20 EUR.
Des figures humaines
“Si
c'est un homme”, le livre de Primo Levi
emmène les lecteurs sur plusieurs générations déjà dans un récit
terrifiant de ce qu'il avait vu, subi et souffert dans les camps de
concentration. Il nous confronte à la déshumanisation des camps. Ces
mêmes traces d'humanité bafouée, Nicole Malinconi nous enjoint à en
suivre ; mais elles sont plus récentes, nous concernent au premier chef.
Elle publie “Si ce n'est plus un homme”, recueil de chroniques de notre
monde, une suite de nouvelles où elle dénonce. Les gueules cassées, les
abandonnés, les plastinés, les “baby TV”, les creuseurs d'Afrique… ne
glissent-ils pas sous nos yeux sans trop nous émouvoir? Elle conte avec
talent de ces histoires de l'indicible. Avec elle, nous chaussons
d'autres lunettes pour apercevoir les hommes et les femmes que quelques
flashs d'information balanceront rapidement dans l'espace médiatique.
Pas celui des stars, celui des “écrasés”, celui des figurants pour un
émoi primaire qui le lendemain aura quitté nos souvenirs. De Liège,
Bucarest, Paris ou Calais, du continent africain ou de la Toile, elle
donne à lire des histoires qu'avec elle, on n’oubliera pas. Pour
cultiver nos indignations, pour nous déranger à raison.
// Catherine Daloze
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Si ce n'est plus un homme •
Nicole Malinconi
•
Editions de l'Aube •
2010
• 170p.
• 16
EUR.
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