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Dans les livres (15 septembre 2011)

 

Lecture

 

Blast, plongées en eaux troublantes

Le dessinateur Manu Larcenet occupe les travées des librairies avec deux albums superbes intitulés Blast. “Grosse carcasse” pour l’un. “L’apocalypse selon Saint Jacky” pour l’autre. Déjà 400 planches d’une histoire dont on est curieux de voir la suite.

Dès la première planche, le lecteur fait connaissance avec les yeux doux d’un homme, toutes petites perles comme perdues dans un visage rond, sur un boule à zéro qui surmonte un corps immense. L’homme est énorme, sa rondeur massive et pensante. Il est comme figé de tant de poids. De la cellule où il se trouve en garde-à-vue, il a une perception singulière: il se voit assis au pied d’une de ces têtes énigmatiques de l’Ile de Pâques. La tête de roc, grave et immuable s’élève derrière lui, comme une protection imaginaire, sous laquelle il semble s’abriter. Déjà, le ton est donné, la rencontre avec cet homme sera mélange de mystère, d’inquiétude, d’humanité et de fascination.

Les critiques parlent d’une véritable “gifle” pour la série, tant les deux tomes parus dégagent de la puissance. Le dessinateur – dont la réputation n’est plus à faire auprès des bédéphiles – a déjà connu un succès certain avec ses séries précédentes. (“Le retour à la terre”, le “combat ordinaire”). Avec la série Blast, Larcenet habitué des digressions autobiographiques dit être parti de bribes de ses envies – certaines fantasmagoriques – et les avoir poussées à l’extrême. Son personnage, Polza Mancini, écrivain obèse, les vit sous sa plume.

Au début du récit, Polza est interrogé par deux flics. “Il est là pour ce qu’il a fait à Carole”. La jeune femme est aux soins intensifs. C’est dire que l’on peut imaginer le pire. Les flics semblent d’ailleurs se méfier de Polza. Un geste trop ample, suspect et Polza est aussitôt maîtrisé au sol. Son mutisme est tout autant redouté: parler, il doit parler!

Depuis le jour où il a quitté sa femme, après avoir assisté à la mort de son père, il “explore le déséquilibre”. Il raconte lentement aux flics impatients ses terreurs, ses fuites, ses cauchemars, ses rencontres d’infortune, sa sauvagerie… et surtout ses “blast”.

Le blast, c’est un effet de souffle, dit Polza, l’onde de choc d’une explosion intérieure. Ca démarre par un son insupportable, puis comme un trou s’ouvre au sommet du crâne, et le voilà léger, suspendu. Une transe. Un rêve éveillé que Polza cherchera frénétiquement. Le blast, c’est aussi un coup de génie graphique pour l’auteur: l’apparition de la couleur dans les planches noir et blanc, la superposition aux tracés tout en nuances grisées de dessins d’enfants intenses en formes et en couleurs (dessins sélectionnés parmi ceux des enfants de Manu Larcenet). Sous l’effet du blast, Polza se voit comme “un géant subtil, débarrassé de sa ‘grasse carcasse’ sans mémoire, à traîner derrière, sans histoire”. Sous nos yeux, le blast, c’est l’entrée dans un monde tout autant attendrissant que dérangeant. A lire, assurément, tout en ménageant son impatience. Des quatre ou cinq tomes prévus, seuls deux sont déjà parus.

//CD

>> Blast Manu Larcenet éd. Dargaud 2009 - 2011.

 


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