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Dans les livres (6 février 2014)

Un slameur patient

Le public retrouve Grand Corps Malade sans surprise à l'affiche d'une salle de concert, voire à l'animation d'un atelier de slam – cette forme de poésie déclamée sur un fond musical qui fait le succès du chanteur “à la béquille”. Il est plus étonnant de l'apercevoir au détour d'un rayonnage de librairie, sur la jaquette d'un livre, dans le rayon “santé”. Et pourtant…

Le slameur est l'auteur d'un livre intitulé Patients. Un texte en prose, où “toute ressemblance avec des personnes existantes ou ayant existé n'est en aucune façon le fruit du hasard”. Car la réalité fonde le récit. On y découvre un morceau de la vie du chanteur dans un centre de rééducation en région parisienne. On y rencontre les autres habitants des lieux : patients et soignants, à mesure que Grand Corps Malade conte son histoire. Propos tragiques ? Certes, le centre rassemble nombre de douleurs: celles de paraplégiques, de traumatisés crâniens, de grands-brulés, de tétraplégiques dont le slameur qui, à vingt ans, plonge dans une piscine trop peu profonde et se retrouve paralysé. On imagine les souffrances, les désolations réunies dans ce lieu… Il n'empêche: le lecteur ne manquera pas d'ébaucher des sourires au fil des pages truffées d'humour.

De l’autodérision Grand Corps Malade n'en manque pas. Quand il se décrit tel Michel Blanc dans Les bronzés font du ski, bloqué sur un télésiège alors que la nuit tombe; il est cloué à son fauteuil électrique, en panne au milieu de sa chambre, incapable de rejoindre la cantine, à l'heure du repas qu'il loupera. Le slameur livre ses observations en toute simplicité. Pas de grandes envolées poétiques, ni de pathos. Plutôt un quotidien raconté avec sensibilité, malice parfois…

On suit sa lutte pendant une année pour progresser de désillusions en petites améliorations. “Zapper, c'est un grand pas vers l'autonomie”, écrit-il entre autres. Son ergothérapeute a en effet bricolé pour lui un système qui actionne la télécommande. On le perçoit dans tout le récit, les soignants et les patients s'apprivoisent. Ils sont contraints à une intimité forte, alors que les gestes les plus banals nécessitent de l'aide et que l'avenir ne s'écrit pas nécessairement avec le mot “autonomie”. Tous ne quitteront pas le centre debout, ni même assis dans un fauteuil roulant.

La langue de Grand Corps Malade est claire, sans détours mais jamais crue. Patients ne peut qu'entraîner un changement de regard ; il se veut comme “une claque aux idées reçues”, à la pitié, à la gêne que le handicap inspire trop souvent.

//CD

>> Patients • Grand Corps Malade • éd. Don Quichotte • 2012 • 164 p. • 15 EUR.

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