Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

Dans les livres (24 janvier 2013)

Un familier ailleurs

>> Les villes de la plaine • Diane Meur • Sabine Wespieser éditeur • 2011 • 372 p • 23 EUR.

>> Rose afghane • Frank Andriat • Editions Mijade • 2012 • 139 p • 7 EUR. (Les droits d’auteur du livre sont versés à l’asbl Afghanistan libre).

>> Guy Goffette, sans légende • Yves Leclair • Editions Luce Wilquin • 2012 • 288 p (dont 10 de photos) • 25 EUR.

Deux romans et un essai d'auteurs belges nous mènent aux portes d'un ailleurs étrangement familier. Une ville lointaine de Diane Meur, l'Afghanistan de Frank Andriat, le territoire de la poésie de Goffette exploré par Yves Leclair.

L’ordre d’Anouher régit la cité de Sir. Tout ce que “le père des lois” a codifié est devenu immuable. La ville est fière de son ordre figé, orgueilleuse. Mais ses habitants ne sont pas hospitaliers! C’est ce que découvre d’emblée Ordjéneb, le berger, quand il descend de ses montagnes pour trouver un emploi dans la grande ville. Il va découvrir avec stupeur ce monde étrange, apprendre à s’y frayer un chemin. Et quand il devient domestique chez le scribe Asral, chargé de produire une copie neuve des lois, sa candeur, son honnêteté, ses questions vont contribuer à bouleverser l’ordre établi…

De Diane Meur, on avait beaucoup aimé Les vivants et les ombres, l’histoire d’une maison qui, au fil des générations, voit se succéder les habitants et les habitudes. On aime aussi ses Villes de la plaine. Paru voici un certain temps déjà, ce roman d’une écrivaine de chez nous n’a pas eu tout l’écho qu’il mérite pourtant. Il nous emmène dans une cité antique imaginaire et singulièrement proche du monde que nous connaissons. Le talent de la conteuse nous entraîne dans les multiples péripéties des découvertes d’Ordjéneb, de la quête d’Asral et dans les rebondissements de leurs amours respectives. Mais sous la trame du récit palpitant et de ses diverses intrigues, Diane Meur glisse de multiples questions. La cité de Sir a quelque chose d’exotique et pourtant tout ce qui s’y passe – les relations entre les villes et entre les hommes, les classes sociales, la place des femmes… – reflète quelque chose de notre quotidien. Fable, satire, roman d’aventures et roman d’amour, récit d’une quête intérieure, Les villes de la plaine nous offrent un formidable moment de plaisir de lecture. Et une fois le livre refermé, les images nous poursuivent et le temps vient de chercher des réponses aux questions qui nous ont traversés.

Ailleurs, l’Afghanistan l’est radicalement. Mais parce que l’on en parle régulièrement dans les médias, il nous est familier. Frank Andriat n’y est jamais allé. Mais des informations qu’il entend, des récits et des musiques qu’il a écoutés, il s’en est fait une idée assez précise. Et la plume de cet écrivain prolixe et généreux a tracé six portraits de jeunes filles, des “Djamila” de là-bas qui, malgré les violences de la guerre, vivent, rient, ont le cœur rempli d’espoir. “Ces récits sont nés d’un désir de dire la force de l’humain”, écrit l’auteur dans une brève note d’introduction. La violence est là, en arrière-fond, l’occupation aussi. Mais ces adolescentes de quinze ans ont des rêves, des révoltes. Elles découvrent des secrets de famille. Elles apprennent que leur frère résiste… Elles sont loin et pourtant proches des ados du même âge que Frank Andriat a dans ses classes de français. Ces six nouvelles qui se lisent d’un trait, font tomber les frontières.

La poésie est un ailleurs au seuil duquel beaucoup hésitent à pénétrer. Guy Goffette y est chez lui. Depuis toujours. Poète d’abord, poète surtout même s’il a écrit aussi des essais, des récits, des romans. Yves Leclair a mis l’œuvre de Goffette en lumière : entretiens, photos, analyses de textes, proposition de pages inédites… L’auteur s’est mis tout entier au service de l’œuvre du grand poète de chez nous. Et il le fait avec un style plaisant, accessible. Guy Goffette, sans légende s’appréhende comme un roman. Et quand on le referme, on a envie de se plonger dans un des livres du poète. Yves Leclair a gagné son pari.

// ANNE MARIE PIRARD

haut de page Retour à l'"Index culture"