Dans
les livres (17
mai 2012)
Ce qu’un arbre
raconterait
“Je
suis tombé au lever du jour”. Par ces mots aux
accents d’épilogue, commence le journal intime d’un arbre. Tristan,
poirier d’un peu moins de trois cents ans, sent ses racines mises à
jour, ses branches toucher le sol. Le regard du facteur le lui confirme
: il est à terre.
La dernière
tempête sonnet- elle la fin de cet arbre tant chéri par l’habitant de la
propriété, le docteur Lannes qui l’avait inscrit sur la liste d’attente
des arbres remarquables de France? Apparemment non : Tristan vit
toujours. Pour combien de temps? Le poirier s’interroge. Que deviendra
l’âme du fils du docteur, fusillé à son tronc, et dont il est le
gardien? Que deviendront ces mémoires humaines côtoyées depuis sa
plantation sous Louis XV? Vivra-t-il encore dans ses bûches? Vivra-t-il
au travers de la statuette que la jeune voisine taille dans son tronc
meurtri ?
Idée singulière que de transformer un arbre en narrateur.
Didier van Cauwelaert – lauréat du prix Goncourt en 1994 pour “Un aller
simple” – offre des pages superbes, comme écrites par un de ces
fruitiers dont nos jardins ne regorgent plus assez. Le récit posthume
emmène le lecteur dans une manière autre de voir le monde, la nature et
les hommes: à la façon d’un tricentenaire végétal. Documentation à
l’appui: le botaniste Jean-Marie Pelt n’est pas loin, le Larousse des
arbres non plus. Et l’éditeur de commenter très justement le livre :
“Captivant, drôle et poignant, Le Journal intime d’un arbre apporte une
réponse inédite à une question universelle : quelle est, pour un arbre
comme pour un être humain, la meilleure façon de ne pas mourir?”
//CATHERINE DALOZE
>> Le
Journal intime d’un arbre • Didier van Cauwelaert •
éd. Michel Lafon • 2011 • 249p. Voir aussi le site consacré au livre où
l’on trouve des photos d’arbres remarquables, un dossier pédagogique,
etc :
www.lejournalintimedunarbre.com
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