Instants en équilibre
(16 mai 2013)
Quinzaine après quinzaine, Christophe André, psychiatre français, livre dans
En Marche une vingtaine d’histoires et leurs enseignements, comme autant de leçons de sagesse, au plus près du quotidien, pour avancer sur le chemin de l’équilibre intérieur et de la sérénité.
La photographie est de Lucie Dufour, étudiante en photographie à l’école des arts et de l’image, Le 75. Elle a été réalisée à la demande du journal
En Marche, avec le soutien de la Loterie nationale.
Positiver ? Le véritable équilibre intérieur
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© Lucie Dufour - Le 75 Cliquez sur la photographie pour l'agrandir |
L’autre jour – tu te
plaignais de ta vie et de tes ennuis – une amie t’a dit de positiver. Tu
n’as pas du tout aimé ça. Tu as hésité entre soupirer ou lui balancer
une vacherie pour la remettre à sa place. Comme tu l’aimes bien, et que
tu voyais qu’elle te voulait du bien, tu as préféré détourner le regard
et parler d’autre chose, pour ne pas ajouter un conflit à tes ennuis.
Mais vraiment, tu es allergique à ce mot : “positiver”. Comme
tu es allergique à “challenge”, “performance”, “défi”…
Tous ces mots qui évoquent la gonflette, la posture. Ça t’agace, tu les
trouves stupides et stressants.
Bien sûr que c’est mieux de positiver, mais en général lorsqu’on le dit à quelqu’un, c’est dans les moments où il est incapable de l’entendre, ou du moins de l’accepter. On lui dit quand il est en train de “négativer”
de toutes ses forces. Comment cela pourrait marcher? Mais du coup, d’où
viendront l’accalmie et la pacification? De toi, du dedans? Du monde, du
dehors? Et comment t’y prendre?
En tout cas, tu en es
convaincu, ce n’est pas en se forçant à positiver. Tu sais bien
qu’équilibrer tes états d'âme, ce n’est pas désirer une climatisation
mentale, ou une bonne humeur permanente et donc forcément artificielle,
mais simplement aspirer à clarifier (ce qui est confus), à pacifier (ce
qui est trop agité), à réorienter (ce qui est parti dans une mauvaise
direction). Et à supporter ce que tu ne peux changer, en prenant garde
tout de même de ne pas t’y noyer. Ton boulot, en gros, quand ça va mal
dans ta tête, c’est de limiter tes états d'âme négatifs, ne plus avoir
peur aussi de leur faire une juste place ; puis, de préparer le terrain
pour le retour des états d'âme positifs. Mais sans espérer les convoquer
ou les siffler – “au pied, la joie!”– comme des toutous.
EXTRAIT DE L’OUVRAGE “SÉRÉNITÉ. 25 HISTOIRES D’ÉQUILIBRE INTÉRIEUR”/
CHRISTOPHE ANDRÉ / ÉD. ODILE JACOB / 2012
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