Instants en équilibre
(21 mars 2013)
Quinzaine après quinzaine, Christophe André, psychiatre français, livre dans
En Marche une vingtaine d’histoires et leurs enseignements, comme autant de leçons de sagesse, au plus près du quotidien, pour avancer sur le chemin de l’équilibre intérieur et de la sérénité.
La photographie est de Leo Dherte, étudiante en photographie à l’école des arts et de l’image, Le 75. Elle a été réalisée à la demande du journal
En Marche, avec le soutien de la Loterie nationale.
États d'âme négatifs
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© Leo Dherte - Le 75
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Aujourd’hui, sale temps dans ta tête. Morosité, mauvaise humeur. Tout t’agace, même toi. Car tu te sens vaguement coupable d’être comme ça : les ennuis que tu affrontes ne sont que des ennuis ordinaires. Rien de vraiment pire que d’habitude. Mais tout te semble moche, pénible, de trop. C’est ça: trop de petits trucs pas bien qui t’assaillent. Tu n’aimes pas te sentir comme ça, tu n’aimes pas cette soupe d’états d'âme négatifs, indigeste.
Vivement que ça te passe. Dire qu’il y a des gens qui barbotent là-dedans à longueur de journée; toute leur vie, même. Grincheux, négativistes, misanthropes, râleurs… Comment font-ils pour continuer d’habiter le monde avec ces états d’âme? Comment font-ils pour supporter cette vision insupportable et déformée de l’existence? Petite bouffée de compassion pour eux. Du coup ça t’allège, ça te soulage, tu te souviens à cet instant de l’existence de la bonne humeur. Tu relèves la tête et tu regardes le ciel. Tu arrives à sourire, à sourire de toi et de ta bête mauvaise humeur. Tu sais qu’il t’est bien plus facile de te laisser aller aux états d'âme négatifs (inquiétudes, ressentiments, abattements et désespoirs) qu’aux positifs.
Tu avais lu un jour qu’il existe dans toutes les langues du monde plus de mots pour décrire les états d'âme négatifs que les positifs. Le cerveau humain est ainsi construit : il lui est plus facile de soupirer que de rigoler. Mais depuis que tu observes tout ça en toi, tu sais qu’il ne faut surtout pas négliger les petits plaisirs (sortir te balader, parler à des amis) lorsque tu as le spleen. Et même s’ils ne te remettent pas instantanément de bonne humeur, ces petits efforts entravent au moins la généralisation et la chronicisation de tes états d'âme sombres et douloureux. Allez, souris doucement, va marcher, ça va passer. Tout au fond de toi, tu le sais bien que ça va passer…
EXTRAIT DE L’OUVRAGE “SÉRÉNITÉ. 25 HISTOIRES D’ÉQUILIBRE INTÉRIEUR”/
CHRISTOPHE ANDRÉ / ÉD. ODILE JACOB / 2012
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