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Exposition  (4 décembre 2014)

20.000 ans sous la terre

© Musée du Cinquantenaire

Reconstituées au millimètre près et soumises à des jeux de couleurs inédits, les plus belles fresques d'animaux de la grotte de Lascaux s'exposent à Bruxelles cet hiver.

Il faudra sans doute encore quelques générations pour effacer définitivement dans les esprits l’image d'un homme du Paléolithique rustre et sommaire, vivant dans des cavernes et couvert de peaux de bêtes. Il y a quelque 20.000 à 35.000 ans, notre ancêtre Cro-Magnon peint, grave et sculpte. Il maîtrise les techniques de pigmentation et peut "rendre" le mouvement de même que la troisième dimension. Il coud et aime se parer de diverses manières, confection nant bagues et bracelets au hasard de ses trouvailles de débris d'os et d’ivoire. Sensible à la mort, il pratique des rites funéraires. Bien sûr, il n’a aucune raison de fréquenter des grottes sombres et humides, à l’exception notable de quelques individus (des chamanes ?), appelés à s’y aventurer pour des raisons que l’on devine d'une nature spirituelle ou religieuse.

Un joyau bien fragile

Cette richesse et cette sensibilité, les préhistoriens la connaissent bien. Ou plutôt, ils la devinent, la pressentent et cherchent à l’interpréter au fur et à mesure de leurs découvertes, anecdotiques ou majeures. Celle de la grotte de Lascaux, en septembre 1940, appartient sans aucun doute à la deuxième catégorie. Sans la curiosité d’un petit chien, suscitant l’intérêt d’un groupe de gamins en balade sur une colline de Montignac (Dordogne), la connaissance de l’art pariétal n’aurait jamais pu connaître un tel bond. Pensez donc : sous le regard incrédule de l’abbé Breuil, préhistorien renommé à l’époque, près d’un millier d’œuvres représentant des cerfs, aurochs, chevaux et autres bisons y sont rapidement mises à jour. La curiosité des visiteurs est telle qu’il faudra rapidement protéger des moisissures et de la respiration humaine ce joyau souterrain, véritable "Chapelle Sixtine de la Préhistoire".

En 1963, un certain André Malraux, ministre des Affaires culturelles, ferme l’endroit. Vingt ans plus tard, en 1983, un fac simile impressionnant de ressemblance, installé juste à côté du site original, ouvre ses portes au public, permettant de comprendre et d’admirer l’adresse des peintres et graveurs d’autrefois. À ce jour, 10 millions de visiteurs ont arpenté ce "Lascaux II".

Cinq parois à l'authentique

Jusqu’en mars 2015, c’est un "Lascaux III" qui s’ouvre au public, à Bruxelles. De retour des Etats-Unis, cette réplique mobile se veut encore plus fidèle à l’original. Ici, ce n’est plus le béton qui a été sollicité pour coller au "vrai", mais un matériau synthétique – totalement imperceptible, foi de visiteur – permettant de reconstituer au millimètre près le relief de deux parties peu connues de la grotte originelle : la nef centrale et le puits. La reproduction grandeur nature de cinq parois, si elle n'atteint pas la magnificence de Lascaux II, a de quoi impressionner. Placées sous un éclairage très particulier, les peintures reconstituées au moyen de pigments naturels donnent à cette séquence toute sa valeur. Le but est là : simuler la luminosité économe et chancelante de l’époque pour mieux faire ressentir au visiteur le "mouvement" de ces animaux.

L'expo se veut familiale, conjuguant rigueur et pédagogie. Une maquette reconstitue l'enchevêtrement des lieux. Des télévisions interactives permettent de comprendre les techniques de l'époque, notamment la superposition des gravures par les peintures. Jeux de lumières, reconstitutions 3D et sculptures d'une famille de l'époque (plus vraie que nature) aident à appréhender la vie de nos lointains ancêtres. Issus des collections belges, des squelettes d'animaux de l'époque sont reconstitués, à côté de bijoux et... d'instruments de musique. Mais l'émotion, la vraie, celle qu'on éprouve d'ailleurs en visitant Lascaux II, vient surtout des passionnants témoignages (filmés et enregistrés) de quinze personnalités – préhistoriens, paléoanthropologues, philosophe... – ayant travaillé de près ou de loin sur le site périgourdin.

Pour tenter de répondre à l'interrogation clé de ces œuvres (celle du sens pour leurs auteurs), l'un d'eux a cette phrase énigmatique : "Je crains d'avoir démontré que nous ne saurons jamais ce que nous cherchons à savoir". Facétieux pied de nez à notre soif de comprendre.

//PHILIPPE LAMOTTE

>> Lascaux • Musée du Cinquantenaire, Parc du Cinquantenaire à 1000 Bruxelles • Jusqu'au 15 mars 2015, tous les jours sauf lundi et jours fériés • Prix : 4, 7 ou 10 EUR (donnant accès aux collections permanentes) • Visites guidées et ateliers pour les écoles • Infos : 02/741.72.15 - www.mrah.be

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