Cinéma (
16 octobre 2008)
Une chaîne
pour deux
Pour
cause de restructuration, une usine de vélo doit fermer une de ses deux
chaînes de montage. Qui va rester? Qui va pointer? Un film social, belge et
drôle de Frédéric Ledoux.
L’usine
Grandville qui fabrique des vélos est du genre familial. 38 ouvriers, le
patron et sa femme à la compta. Tout roule jusqu’au jour où Victor
Grandville décide de vendre, pour raison de santé, à une société spécialisée
dans la communication, New Deal. Et le deal, ce sera la restructuration.
Mais pour liquider une des deux chaînes de montage, la nouvelle direction
choisit une méthode d’un genre particulier: l’équipe qui produira le plus de
vélos en une semaine restera en place. Pour les autres, ce sera le chômage.
Pour les deux chefs d’équipe, Jean-Paul (Gaétan Wenders) et Bruno (Renaud
Rutten), c’est la semaine de tous les dangers : comment sauver son emploi
tout en restant amis? Ils décident donc de la jouer à la loyale. Mais
l’enjeu est de poids…
Le réalisateur, le belge
Frédéric Ledoux ne s’en cache pas, son premier film comporte une grande part
d’autobiographie. Il resserre en une unité de temps et de lieu ce qui fait
le quotidien de bien des travailleurs : la violence de la compétition comme
mode de survie. “J’avais envie de raconter l’histoire de ces ouvriers
d’une PME qui se retrouvent confrontés à la brutalité des méthodes de
gestion d’une grosse boîte, et qui vont se battre jusqu’au bout pour sauver
leur boulot, au risque de perdre leur part d’humanité.” Le film est
construit sur un mode choral, le groupe, “les” groupes dans ce cas, étant
aussi importants que les individus qui les composent. Tous les comédiens
sont belges, et on reconnaît parfois un visage aperçu à la télévision ou au
théâtre, une voix entendue dans une publicité à la radio. Le film, qui n’a
pas obtenu de financement de la Communauté française qui le trouvait “trop
optimiste”, a été réalisé avec les moyens du bord, et fréquemment en décors
réels. Les figurants, bénévoles, ont bien souvent été recrutés sur place,
dans la région Binche et de Chapelle-lez-Herlaimont, où les restructurations
et autres démantèlements d’usines ont laissés des plaies vives.
Malheureusement le film
ne tient pas tout à fait la longueur, et la seconde partie manque de force,
accumule les clichés, jusqu’au “happy end” un rien convenu. Restent de bons
moments et des comédiens excellents pour un premier long métrage social
et/mais drôle…
Linda
Léonard
Une
chaîne pour deux,
de Frédéric Ledoux, avec
Lubna Azabal, Renaud Rutten, Gaétan Wenders, Philippe Résimont, Stéphane De
Groodt, Patrick Descamps. 91 min.
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