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Cinéma  (2 décembre 2010)


 

Un émouvant voyage dans le temps (2 décembre 2010)

 

Centré sur le thème de la disparition du père, “Quartier lointain”, le nouveau film de Sam Garbarski, plonge le spectateur dans un rêve éveillé qui, pourtant, touche droit au cœur nos plus intimes réalités.

 

Qui n'a jamais rêvé de se replonger dans son enfance? D'y lire, avec des yeux d'adulte, ce qui nous a façonné, modelé, fait grandir ou… étouffé? Douce illusion que ce pur fantasme qui, pourtant, sert de trame au nouveau film de notre compatriote Sam Garbarski, dont le “Irina Palm” avait déjà fait forte impression. Son nouvel opus démarre avec un départ: un thème qui, devenu plus loin celui de la disparition, irriguera - sous diverses formes - la réflexion et le mal-être de plusieurs protagonistes.

Thomas, un auteur de bandes dessinées dans la fraîche cinquantaine, quitte femme et enfants pour quelques jours afin d'assister à une foire. Sur le chemin du retour, il se trompe de train et se retrouve soudain dans le village de son enfance et, tout d'abord, sur un quai de gare qu'il connaît bien. C'est là, alors qu'il n'avait que quatorze ans, qu'il a vu son père disparaître à jamais dans la nature après avoir occulté au yeux de tous une partie de sa vie.

Jeune ado, Thomas retrouve petit à petit tous les siens, figés dans leur âge de l'époque: ses parents, bien sûr, mais aussi ses amis, ses copines d'école et son premier amour. Dans la foulée, lui qui, dans sa tête, a plus de cinquante ans, revit ses premiers émois, ses premières confrontations aux non-dits des adultes, ses difficultés de grandir.

De ces confrontations entre le passé et le présent naissent évidemment quelques situations comiques. Garbarski prend pourtant bien soin de ne pas verser dans la comédie gratuite ou la farce. Jamais pesant ni démonstratif, son film va bien plus loin et touche droit au cœur. D'abord parce qu'il aborde avec délicatesse la question de la marche de notre vie, passée et actuelle, suggérant ainsi: “Si j'avais pu changer quelque chose au cours de ma vie, l'aurais-je vraiment fait?” S'il suscite l'émotion, c'est sans doute aussi parce qu'il titille des réalités et des sentiments universels, comme l'attachement aux parents. “Quartier lointain” est d'ailleurs l'adaptation d'une bande dessinée de Jiro Taniguchi, connu au Japon et bien au-delà pour la qualité de ses mangas. “Il est étonnant de voir comme nous vivons, d'un bout à l'autre de la planète, les mêmes imaginaires”, dira le réalisateur lors de l'avant-première à Louvain-la-Neuve… (Il n'est, du reste, pas indispensable d'être un fan des mangas pour apprécier l'œuvre du cinéaste belge, réécrite avec brio).

Le film pose aussi la question de l'incommunicabilité entre les êtres. On enrage d'impuissance avec Thomas qui, non content de vouloir empêcher l'inexorable, se heurte au mutisme de son père comme à un bloc de granit. Ce n'est sans doute pas un hasard si l'essentiel de l'histoire se déroule dans les années soixante(1), une époque dont Garbarski stigmatise toute la difficulté, pour les enfants et leurs parents, d'entrer dans un dialogue intime.

Magnifiquement interprété tant par les comédiens adultes qu'adolescents (étonnants de justesse), le film résonne aussi, à cet égard, comme un vibrant appel à dire à nos proches ce que nous pourrions être tentés de reporter sans cesse à plus tard. Et à éviter une vie qui se solderait par la réflexion du protagoniste principal, à l'issue de cette fable envoûtante: “J'ai survécu, sans avoir vécu”.

// Philippe Lamotte

 

(1) Avec “Potiche”, de François Ozon, actuellement sur les écrans (dans un tout autre registre que “Quartier lointain”), les amateurs des reconstitutions tendres et minutieuses des années soixante ont décidément de quoi être aux anges…

 

>> Quartier Lointain, de Sam Garbarski (1h36'). Adaptation et dialogue: Philippe Blasband et Jérôme Tonnerre. Avec Jonathan Zaccaï, Alexandra Maria Lara, Léo Legrand…

 


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