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Cinéma (1er février 2007)


 

 

Pars vite et reviens tard

 

 

 

Régis Wargnier adapte le roman de Fred Vargas, et donne au Commissaire Adamsberg les traits de José Garcia.

 

Sur l’esplanade du Centre Georges Pompidou à Paris, un mime fatigué tente d’arracher un sourire aux touristes de passage. Tout à côté, au croisement de la rue Brisemiche et du Cloître Saint Mérri, les sculptures de Nikki de Saint-Phalle tournoient et crachent une eau sale. Place Stravinski, coincée entre la plus vieille église de Paris et le géant postmoderne de tubes et de tuyaux, Joss exerce son drôle de métier. Artiste au chômage et natif de Guilvinec, il est crieur de nouvelles, et trois fois par jour, et pour deux euros, il déclame les petits mots déposés par les habitants du quartier. Un jour, c’est un message crypté, effrayant, qui, dans une langue obscure annonce le retour d’un véritable fléau. Lorsque que l’on découvre un, puis deux, puis trois cadavres, le corps nu et noirci, la peur s’installe. La peste est revenue...

C’est toujours avec une certaine crainte que l’on voit adapter au cinéma ces histoires qui vivent déjà, dans les livres et dans nos têtes. Surtout quand on les a aimées. Ainsi en va-t-il des livres de Fred Vargas et de son héros, Jean-Baptiste Adamsberg, commissaire de police pyrénéen, minéral, intuitif et rêveur. Pour toujours, et qu’on l’ait imaginé ainsi ou pas, il aura les traits de José Garcia. Et franchement, il aurait pu tomber plus mal. Mais il y aussi l’ambiance, l’ambiguïté et la beauté des mots de Vargas, qui rendent ses livres si attachants. Et là, la grande habileté de Régis Wargnier a été de ne même pas essayer de les transposer, de n’utiliser le livre que comme une trame, et d’y tisser sa propre vision, totalement cinématographique.

Dès le départ, Fred Vargas, de son vrai nom Frédérique Audouin-Rouzeau, archéologue et chercheuse au CNRS, n’a pas souhaité participer au scénario: “Je suis une femme de mots, dit-elle. Donc si je tombe sur un mot qui ne m’arrange pas, je vais les emmerder. Alors qu’il est juste là pour faire des images”.

Aux côtés de José Garcia, Michel Serrault: “On a tous les deux commencé en bas résille”, tiennent-ils à préciser (1), et on peut apprécier le chemin parcouru. Mais surtout Olivier Gourmet, dans le rôle du crieur. Aminci, rajeuni, avec un petit côté Corto Maltesse, il montre une fois de plus son immense talent, et beaucoup de charme.

“Un film ne peut être l’exacte copie d’un livre, explique le réalisateur, il y a d’autres règles, d’autres contraintes, d’autres moteurs...”. Et c’est tant mieux. On peut donc apprécier le film, avec Paris comme rarement filmé, et puis lire les livres de Fred Vargas, et en apprécier l’humour et la finesse.

Linda Léonard

 

(1) Michel Serrault dans “La Cage aux Folles”, et José Garcia, dans ses sketchs avec Antoine de Caunes, sur Canal+.

 

“Pars vite et reviens tard”, réalisé par Régis Wargnier, avec José Garcia, Michel Serrault, Olivier Gourmet, Lucas Belvaux, Marie Gillain. 1h55’. Les livres de Fred Vargas sont édités chez Viviane Hamy et en collection de poche chez J’ai Lu.


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