Cinéma (18
mars 2010)
La papesse
Jeanne
Sous le nom de Johannes Anglicus, une femme
aurait occupé le siège pontifical en ce sombre IXème siècle. Entre mythe et
réalité, un film péplum comme on n’en fait plus guère.
Lorsque
la petite Johanna vint au monde, dans les environs de Mayence, l’immense
empire de Charlemagne reposait déjà sur les épaules de son fils, Louis le
Pieux. Ce n’était qu’une fille, un enfant de second choix, selon les Saintes
Ecritures. Et le fait qu’elle grandisse en intelligence et en sagesse, au
contraire de ses frères, tient du blasphème pour son père pasteur. Très
vite, elle comprend que se faire passer pour un garçon est le seul moyen
pour elle d’étancher sa soif d’apprendre. De “scola” en monastère, les voies
du Seigneur la mènent à Rome, où le Pape Léon IV en fait son bras droit en
la désignant “Nomenclator”, à la grande fureur d’Anastase le Bibliothécaire
et futur usurpateur. A la mort de Léon IV, en 853, le peuple de Rome la
choisit par acclamation, séduit par son érudition et sa piété.
Sacrée histoire,
que celle de cette femme, qui, cachant son identité sexuelle, parvient à
s’asseoir sur le siège de Saint-Pierre… mais histoire vraie? Les archives du
Vatican en cacheraient les preuves, dit-on. Elle serait connue sous le nom
de Johannes Anglicus, d’origine anglaise, donc, par son père venu
évangéliser la Saxe. Après un détour par la Grèce pour étudier les sciences
et la philosophie, elle arrive à Rome où elle obtient un poste de Lecteur
aux Saintes Ecritures avant d’entrer à la Curie. Deux ans après son
élection, elle serait morte en mettant un enfant au monde, en pleine messe,
ou encore pendant la procession de la Fête-Dieu, entre les basiliques
Saint-Jean de Latran et Saint-Pierre. Bien que la Fête-Dieu ne fût instaurée
qu'en 1264, sous Urbain IV, les processions pontificales, dans leur trajet
du Vatican au Latran, éviteraient désormais l’endroit, où une petite
chapelle votive marque le lieu supposé de l’accouchement…
Le film de
Soncke Wortman, d’après le livre de Dona Woolfolk, a le charme de ces grands
péplums que l’on regardait le samedi soir à la télévision. Les personnages
manquent de profondeur, et l’on ne saura rien de la spiritualité de Jeanne.
Rien par contre ne nous sera épargné de la violence des combats, et Rome
sent un peu le carton-pâte. Mais si l’on accepte de se laisser embarquer,
“Pope Joan” nous emmène dans un passionnant voyage en des temps peu
visités : ceux de Lothaire et ses frères, des invasions normandes et du
serment de Strasbourg, loin, très loin de Dan Brown et son “Da Vinci Code”.
// Linda Léonard
>> Pope Joan • de Soncke Wortman
• avec Johanna Wokalek, David Wenham, John
Goodman • 2h30
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