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Cinéma (17 mai 2007)

 

Mon fils à moi

Dans son premier film, Martial Fougeron parle de ces mères qui aiment trop leur enfant, qui l’aiment mal. Avec Nathalie Baye et Olivier Gourmet

"Ca devait finir comme ça», dit le père en fermant la porte de la maison, tandis qu’une ambulance s’éloigne dans la rue, emportant un corps meurtri. Il le savait donc, que cela finirait mal, et il n’a rien fait. Flash back.

Les Meury avaient tout de la famille modèle: le père prof d’unif, la mère prenant soin de la maisonnée, la grande sœur, 18 ans, bonne élève, et Julien, 13 ans, le petit dernier. Ils vivent dans une jolie maison de province, protégée par de hauts murs. Personne ne vient les voir, ils sont heureux comme ça. Enfin, presque. Le père se réfugie dans le travail et la grande sœur ne pense qu’à quitter la maison, mais qu’à cela ne tienne, c’est avec son fils que la mère est heureuse, rien qu’à eux deux. Quand les autres ne sont pas là, ils repoussent les meubles du salon, et dansent «comme un vrai petit couple». «Je suis bien avec toi», lui susurre-t-elle à l’oreille. Mais Julien a une vie au-delà des hauts murs, du moins il essaie. Et sa mère ne le supporte pas. Du chantage affectif aux brimades, la relation dérape de plus en plus souvent dans l’humiliation et la violence physique. Le père, lui, ne voit rien, sourd aux plaintes de son fils comme qui ne veut pas entendre; et la sœur n’est pas de taille face à la mère. Alors, oui, ça devait finir comme ça.

Pour son premier long métrage, le réalisateur Martial Fougeron a choisi un sujet terriblement délicat, et s’en sort plutôt bien. Le film se présente à plat, comme un article de fait divers, et souvent la caméra est à l’extérieur, observatrice attentive d’un huis clos étouffant. Pas de rebondissement, pas de coup d’éclat : on sait dès les premières secondes que tout finira mal. Mais on ne sait pas qui est dans l’ambulance. Le film déroule les faits, sans explication, juste les faits. Oui, la famille Meury a dû vivre un traumatisme, mais on ne saura pas le lequel. On arrive juste au moment où tout déraille, à nous d’imaginer un avant, et un après.

Nathalie Baye est impressionnante en mère abusive, jamais on ne l’avait vue dans un registre si noir. «Tout le monde a en soi une part de violence, qu’on arrive heureusement à maîtriser, explique la comédienne. Mais certaines mères n’arrivent pas à maîtriser leur violence. Elles sont tellement convaincues du bien fondé de leur amour pour leur enfant qu’elles ne voient pas, ne soupçonnent pas le mal qu’elles peuvent faire».

Olivier Gourmet dans le rôle du père est impeccable de lâcheté, même s’il aurait mérité un peu plus de profondeur. Dans le rôle du fils, un étonnant gamin, Victor Sevaux, parvient, en un sourire, à exprimer tout l’amour pour sa mère et toute la peur pour lui-même.

Linda Léonard

 

Mon fils à moi, de Martial Fougeron, avec Nathalie Baye, Victor Sevaux, Olivier Gourmet, Marie Kremer, Emmanuelle Riva. 1h30.


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