Cinéma (1er
novembre 2007)
Michael Clayton
George Clooney
s’investit totalement dans un thriller juridique qui dénonce les dérives
des multinationales américaines.
"Les
flics le croient avocat, et les avocats le croient flic”.
Michael Clayton (George Clooney) n’est ni l’un ni l’autre, il est
“pacificateur” ou plutôt homme à tout faire: c’est lui qui règle
discrètement les affaires gênantes d’un grand cabinet d’avocat, genre
délit de fuite et autres scandales. Joueur de poker la nuit, il doit, le
jour venu, défendre les intérêts d’une multinationale de
l’agro-alimentaire, U-North, qui fait l'objet d'une “class action”,
initiée par des agriculteurs empoisonnés par l'un de ses engrais
(1). Le problème c’est que la fuite vient d’un avocat de son propre
cabinet qui, maniaco-dépressif, oublie un jour de prendre ses
médicaments et décide de se ranger du côté de la vérité.
D’un coup d’œil au
générique, on comprend que c’est du lourd: Sydney Pollack et Steven
Soderbergh à la production, George Clooney en haut de l’affiche, Tony
Gilroy, le scénariste de la trilogie “Jason Bourne”, pour la première
fois derrière la caméra: “Michael Clayton” remet tout simplement le
thriller juridique au goût du jour. Le film est construit pour moitié en
un long flash-back et l’on remonte de la scène où Clayton voit sa vie -
et sa voiture - voler en éclats aux origines du scandale, à savoir le
sérieux pétage de plombs de l’avocat maniaco-dépressif. Le scénario est
un peu embrouillé, certes, mais on se passionne pour les micro-intrigues
louches et les personnages ambigus, telle Karen Crowder (Tilda Swinton)
la représentante de la multinationale, qui répète ses discours
lénifiants devant sa glace.
Le film s’inscrit
dans la lignée des grands films politiques des années 70, tel “A cause
d’un assassinat” d’Alan J. Pakula, et renoue avec un cinéma “adulte” et
engagé. Gilroy pointe ici du doigt le cynisme des grands groupes
industriels et le poids de l’argent dans la balance de la justice
américaine. A ce propos, Georges Clooney déclarait récemment: “J’ai
compris que mon boulot était de trouver les moyens d’aborder les
questions susceptibles de secouer l’opinion. Je ne peux pas décider de
la politique de mon pays, mais je peux attirer l’attention sur ses
qualités ... ou ses défauts”. Le docteur Ross de la série Urgence se
révèle ici excellent comédien, retenu et émouvant. On dit qu’il choisit
ses films “un pour la banque, un pour l’honneur”... Ah, ce George !
Linda Léonard
(1) La class action est, aux Etats-Unis, une action en
justice qui permet à un grand nombre de personnes - par exemple des
consommateurs - de faire reconnaître leurs droits.
Michael Clayton,
de Tony Gilroy, avec George Clooney, Tilda Swinton, Sydney Pollack, Tom
Wilkinson. 1h 59.
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