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Cinéma  ( 17 septembre 2009)

 

La trahison, prix de l’exil

Amour, argent, trahison et sorcellerie forment la trame de l’excellent film “les tremblements lointains”, de notre compatriote Manuel Poutte.

L’Afrique et ses exils ne cessent d’être à l’honneur, cet automne, dans les salles obscures. Et c’est tant mieux, tant est grand le besoin de nous refléter une image infiniment riche et nuancée de cet énorme continent. Dans la foulée de “14 kilomètres”  (de l’Espagnol Gerardo Olivares, bientôt sur les grands écrans), et de “Welcome to Paradise” (documentaire de Manuel Poutte, vu récemment à la RTBF et prévu pour octobre dans les salles obscures), voici «Les tremblements lointains» du même cinéaste belge. A ne pas rater, pour qui apprécie les films d’atmosphère teintés de sentiments puissants et non frelatés.

 

L’histoire démarre dans un village du Sénégal, où les matches de football de l’Hexagone animent les conversations autour de la TV et où l’arrivée d’improbables touristes provoque la cohue des vendeurs de babioles. Marie, une jeune Française, vit dans l’ombre étouffante de son père, médecin coopérant désabusé qui se noie dans le travail. Sa mère est morte il y a quelques années. La jeune femme voue une amitié ambiguë à Bandiougou, un Africain d’une vingtaine d’années, taxi-piroguier qui, lui, entre commentaires sportifs et petites boulots, rêve d’aller rejoindre une touriste française dont il s’est épris. Pour cela, il lui faut se procurer son sésame: un visa.

Dans cet univers de sable et de débrouille survient Boris, vieil ami du père de Marie. Antiquaire désargenté, il est à la recherche d’un fétiche (“pas une breloque pour touriste, du vrai!”), qu’il espère revendre à prix d’or à Paris. Obligé de se refaire une santé financière, il n’étouffe pas vraiment sous les scrupules.

Le premier ressort du film est un mensonge – cruel - que nous ne dévoilerons pas ici. Il entraînera les quatre protagonistes de ce drame merveilleusement interprété dans une aventure qui tient à la fois d’un film classique d’aventure (un peu) et d’un voyage aux franges du réel (beaucoup), où les masques de chacun tombent petit à petit à la faveur d’une série de péripéties marquées par la sorcellerie. Le climat du film est aussi oppressant qu’une nuit torride dans la savane. Son intérêt réside autant dans un suspense parfaitement orchestré que dans cette invitation à nous interroger sur les forces occultes qui nous habitent: l’inconscient pour les uns, la présence des ancêtres et les sorts jetés par les esprits pour les autres. Comment s’en libérer, lorsque la mort guette à tout moment? Marie n’a jamais pu pardonner à son père d’avoir abandonné son épouse à la dépression. Bandiougou, lui, écartelé entre son rêve d’Europe et la fidélité à son ethnie, se démène pour échapper aux sorts mortifères jetés par un mystérieux vendeur de miroirs, croisé au hasard des ruelles.

Manuel Poutte emmène le spectateur dans un lieu magique, le Siné Saloum, vaste enchevêtrement de méandres marécageux, où l’eau douce et l’eau de mer se mêlent comme s’entrechoquent les valeurs occidentales et africaines. Le décor se prête à merveille à ce voyage intérieur où chaque personnage sert de miroir à son voisin de pirogue. Ou… de galère, serait-on tenté d’écrire, tant est difficile la tâche de voir clair dans sa destinée. C’est particulièrement le cas du jeune piroguier, interprété par Papa Malick Ndiaye, un musicien découvert comme comédien par Manuel Poutte, entouré par des valeurs sûres (Daniel Duval, Jean-François Stévenin) ou montante (Amélie Daure) du cinéma français.

Ph.L.

 

“Les tremblements lointains”, sélectionné en compétition officielle dans cinq festivals internationaux.


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