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Cinéma (6 juillet 2006)

Les irréductibles

A quarante ans, deux ouvriers au chômage décident de passer leur bac. Mention bien pour le premier film de Renaud Bertrand.

Michel et Gérard travaillent dans le tonneau. L’un les construit, l’autre les vérifie, et pour ça, ils sont les meilleurs. Vingt ans de métier, tout appris sur le tas. Mais lorsque l’usine ferme, leur expérience ne vaut pas lourd sur le marché de l’emploi, et sans le bac, difficile de trouver un autre boulot. «Le bac? Mais tout le monde l’a aujourd’hui», décoche l’agent de l’ANPE. Qu’à cela ne tienne, ils vont le passer, ce foutu bac. D’autant que Philippe, le fils de Michel doit le passer aussi. «Ça le motivera», croit-il. Pas si sûr. Mais la détermination de Gérard flanche assez vite, et Michel ne trouve pas chez sa femme le soutien inconditionnel qu’il espérait. Voici donc les scènes convenues : les compères revenus sur les bancs de l’école face à des professeurs plus jeunes qu’eux, et des jeunes filles qui les trouvent «sexy grave». Et là, on pouvait s’attendre au pire, genre Zidi et le retour des «Sous-doués». Ce sera plutôt Ken Loach, et ses comédies engagées. Enfin, presque.

Pour Michel et Gérard, la solution ne peut être qu’individuelle ; il est trop tard pour l’action collective et la solidarité. «Même si la situation de Michel est celle que connaissent beaucoup de gens dans ce pays, explique le réalisateur Renaud Bertrand, le film n’est pas pour autant une peinture sociale. L’esquisse d’une solution vient du personnage lui-même; elle est individuelle mais pas individualiste.»

Michel semble jouer sa vie, sa dignité en tout cas, jusqu’à mettre son équilibre familial en danger. Et Jacques Gamblin est formidable dans ce rôle, fragile sous les muscles tendus, accroché à son rêve. Gérard, (Kad Mérad, de Kad et Olivier) lui, en grand maltraité de la vie, s’invente des métiers prestigieux pour trouver l’amour via Internet et nous offre ainsi une très réjouissante galerie de fiancées potentielles. Dans le rôle du coach et ancien patron, Rufus étonne, impressionne, dans un registre légèrement angoissant proche de Bourvil dans «La jument verte». Du côté des filles, Hélène Vincent campe un beau personnage d’épouse dévouée et enthousiaste, au passé rock'n roll. Anne Brochet, par contre, étonne tout d'abord en shampouineuse de province à la coloration improbable, et finit par agacer avec ses petits pulls mohair, tant la comédie lui va mal. Mention très bien, par contre, pour les décors, du nid familial à l’intérieur du vieux célibataire, des mobiles sur le frigo aux papiers peints structurés.

Linda Léonard


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