Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

Cinéma  ( 19 juin 2008)

 

 

Eldorado

Bouli Lanners revient de Cannes avec trois prix pour son road-movie wallon loufoque et sensible, une histoire de douleurs et de solitudes.

Yvan (Bouli Lanners) est vendeur de voitures. Mais uniquement des vieilles, des «vintages», qu’il va chercher en Amérique et qu’il revend ici. Un soir en rentrant chez lui au volant de sa Chevrolet Caprice 1975 break bleue métallique, il trouve un cambrioleur caché sous son lit. Plutôt que d’appeler la police, il essaie le dialogue, et développe pour son voleur une étrange affection, comme un sursaut d’humanité. Il décide même de le ramener chez ses parents, au volant de sa Chevrolet. Un voyage qui aurait dû être bouclé en une demi-journée et qui durera quatre jours, une sorte de faux road-movie wallon pour deux vrais bras cassés de la vie.

Le film est inspirée d’un fait réel: “Une nuit, en rentrant chez moi, j’ai surpris deux cambrioleurs, l’un planqué sous mon lit, l’autre sous mon bureau!”, explique le réalisateur et comédien Bouli Lanners. “Un moment de vie improbable; trois types qui ont la trouille et une longue nuit de discussion. Un embryon de relation qui naît sur quelque chose d’impossible, c’est beau et comme je crois en l’homme très fort, j’aimais bien ça. Mes deux cambrioleurs et moi, on est devenus amis”. À partir de cet événement pour le moins inoubliable, il construit et imagine un récit où les anecdotes se transforment, s’étoffent et finissent par s’assembler. “Je voulais m’affranchir de l’image d’une Belgique grise et triste et j’avais envie de me faire plaisir. J’ai opté pour un film très coloré, lumineux, tourné en scope dans des paysages wallons qui ressemblent plus au Far-West ou au Montana qu’au réalisme social”.

Pour son deuxième film, Bouli Lanners a trouvé un ton juste et assez rare. Il décèle la moindre parcelle d’humanité chez ses personnages étranges et la fait briller, telle une pépite enfuie dans le charbon. Et on les reconnaît, ces paysages: l’aubette de bus, la station essence de la Hazette, le frite-kot sous le pont d’autoroute. Mais on ne les avait jamais vus comme ça, sublimés par un cadrage et une lumière magnifiques, filmés avec une vraie sensibilité de peintre. On y respire d’ailleurs un réalisme mélancolique et silencieux, comme dans une peinture de Edward Hopper. Il y a mis beaucoup de lui-même, ce faux bourru de Bouli, de ses blessures intimes et de son attachement à ses parents: “Je mélange l’infiniment triste avec des situations infiniment stupides pour que ça devienne drôle. Ainsi je tente de redonner une profondeur, une humanité et une accessibilité aux thèmes qui me sont si chers… Mélanger ce qu’il y a de plus triste avec ce qu’il y a de plus con.”

Deux mois après la tentative de cambriolage avortée, ses deux «nouveaux amis» sont revenus chez Bouli. Et ils ont tout piqué. C’est con.

Linda Léonard

 

Eldorado, scénario et mise en scène de Bouli Lanners, avec Bouli Lanners, Fabrice Adde, Philippe Nahon, Didier Toupy, Françoise Chichéry, Stefan Liberski.

 


Retour à l'index "Culture"

haut de page