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Cinéma  (22 janvier 2015)

Dire "non" à la fatalité

© Guy Ferrandis

Les héritiers : l'histoire vraie d'une classe multicolore élevée par la persévérance d'une professeure. Un film gentil, enthousiasmant, et qui sacralise le "vivre ensemble".

Au lycée Léon Blum de Créteil, les élèves de la classe de "seconde un" ont un point commun : le décrochage scolaire. Pas un seul pédagogue ne miserait sur eux dans la course au Bac. Durant les cours, maquillages, bavardages et noms d'oiseaux s'échangent. Des coups, aussi. La désespérance des professeurs est profonde."De toute façon vous n'y arriverez jamais", lance l'un d'eux. Ce groupe, c'est le fond du panier. La direction, les professeurs et les élèves le savent. Pire, ceux-ci s'en acclimatent.

Mme Gueguen, professeure d'histoire et titulaire du groupe, pense autrement. Dès la première heure de cours, les perturbateurs sont encadrés, elle coupe court aux railleries et les élèves prennent part à son cours. Comment y parvient- elle ? La provoc'… et, surprise !, elle parvient à obtenir d'eux ce qu'ils refusent aux autres profs : de l'intérêt.

Reste qu'en fin de trimestre, les résultats sont accablants. En délibération, la majorité des profs sont prêts à saquer les éléments les plus faibles. C'est sans compter sur l'obstination de leur titulaire de classe. Au retour des congés de Toussaint, Mme Gueguen soumet l'idée de participer au concours national de la résistance et de la déportation ayant pour thème "les enfants et les ados dans les systèmes concentrationnaires nazis". Chahut : "On a trop de boulot", "on connaît rien là-dessus", "vous savez très bien qu'on est nuls, c'est pour qu'on se foute de notre gueule"… La prof reste stoïque, sûre d'elle, et formule la réplique qui donnera le ton gentillet qui colore le film jusqu'à son terme : "J'ai l'impression d'avoir plus confiance en vous que vous n'avez confiance en vous-mêmes".

S'ensuit un travail de mémoire qui s'appuiera sur des lectures, rencontres et visites. Les mots d'Anne Frank et de Simone Veil, ou encore les dessins tirés d'Auschwitz, la BD de Pascal Croci, bouleversent les étudiants. "Ce qui est important, c'est de combattre le racisme", dira un ancien déporté lors d'un témoignage en classe. Et soudainement le groupe va se souder, malgré les différences, pour porter le projet collectif à terme. Leur maturité et leur humanité en sortiront grandies.

Liberté, égalité, fraternité

La fin, on la devine. Chaque tournant est attendu, peu de surprises sinon un bon mot, une réflexion cocasse. La prévisibilité des scènes est forte. Autant que celle des accords de Ludovico Einaudi, compositeur italien consensuel aux gentilles mélodies. Pour davantage déborder d'émotion, certaines séquence appellent ces mêmes notes à la rescousse, au point de lasser. Ou peut-être cela témoigne-t-il d'une petite pauvreté de scénario ?

Question casting, les jeunes acteurs font preuve d'une insolence attachante. Certains d'entre eux sont d'ailleurs les "vrais" protagonistes de cette histoire. Quant à Ariane Ascaride, elle incarne à merveille le profil du professeur distillant les valeurs de la République. Un film plein de bons sentiments, anti-fataliste, peut-être "d'utilité publique", comme certains l'écrivent, mais alors à une condition : être "bon public".

//MATTHIEU CORNÉLIS

>> Les Héritiers, de Marie-Castille Mention-Schaar • France • 2014 • 105 min • Avec Ariane Ascarid, Ahmed Drame, Noémie Merlant, etc.

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