Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

Cinéma  (21 novembre 2013)

La Marche: il y a 30 ans dans la rue, aujourd'hui dans les salles

© La Marche

Je vous en supplie, ne faites pas ça”, dit Mohamed. À deux mètres de lui, un flic le tient en joue. Quel crime a-t-il commis? Il n'en est pas sûr. Est-ce un délit de porter assistance à un jeune homme, au sol, se faisant dévorer par un chien policier? Le flic reste droit, il assume son geste. Bang! Le coup de feu éclate dans la cité des Minguettes.

Cette image glaçante, c’est ce qui s'est passé en France en 1983. C'est la montée du racisme et de ses violences. Mohamed ne sera ni le premier, ni le dernier. Des jeunes issus de l'immigration tombent sous les coups de la police et de l'intolérance partout dans l'Hexagone. Cette année-là, la menace du Front national devient palpable depuis l'accès du parti de Jean-Marie Le Pen au Conseil municipal de Dreux. C'est dans ce contexte que commence la fiction de Nabil Ben Yadir (réalisateur du film Les Barons). Fiction néanmoins inspirée de faits réels.

Mohamed – Toumi Djaidja de son vrai nom – s'en sortira. De retour à la cité après son hospitalisation, il est accueilli par sa famille et ses amis. L'un de ceux-ci lui offrira un cadeau : l'adresse du policier pour venger la bavure dont il a été victime. Pour Mohamed, exit la violence. Ce qu'il a en tête : secouer la France pacifiquement et demander l'égalité. Comment? En marchant d'un bout à l'autre du pays.

Ses amis, les parents de ses amis et les associations de la cité sont sceptiques. Pourtant, il réussira à les mobiliser et à constituer un “noyau dur” de neuf marcheurs. Neuf jeunes animés par un idéal d'égalité. Christophe Dubois, prêtre-ouvrier (interprété par Olivier Gourmet), y croit lui aussi, nourri des images du film Gandhi projeté dans les salles cette année- là. La marche du sel menée par le Mahatma inspirera le curé et insufflera la philosophie de la non-violence à la marche. Le film se concentre alors sur la lente progression des jeunes marcheurs à travers le pays. À chaque étape, des petits bonheurs : des rencontres, des débats, des apprentissages, des fêtes. La route comporte aussi son lot de malheurs : l'épuisement, l'indifférence, les menaces, les agressions racistes. Mais ils marchent avec persévérance et le spectateur, au fil des épreuves, comprend que l'obstination des marcheurs est à la hauteur des changements de société qu'ils entendent obtenir.

Ce mois-ci, la marche pour l'égalité et la lutte contre le racisme fête son anniversaire. Il y a 30 ans, 100.000 marcheurs se rassemblaient à Paris, rencontraient François Mitterand et obtenaient l'instauration d'une carte de séjour d'une durée de dix ans. Qu'en est-il aujourd'hui? “Comment est-on passé de Gandhi à Tony Montana (NDLR: Scarface) ?, se questionne Nabil Ben Yadir. Qu'est-ce qui explique aujourd'hui le repli identitaire? J'aimerais qu'on puisse voir ce film dans les écoles. Que les jeunes, et pas que ceux des banlieues, s'interrogent : qu'est-ce qu'on fait nous, aujourd'hui, pour faire avancer l'égalité et reculer le racisme?

// MaC

>> La Marche, de Nabil Ben Yadir • France • 2013 • 120 min • Avec Tewfik Jallab, Olivier Gourmet, Jamel Debbouze, etc. • Dans les salles dès le 27 novembre.

haut de page Retour à l'"Index culture"