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Cinéma  (17 octobre 2013)

“Gabrielle”, un amour (presque) ordinaire

© Gabrielle

Ils chantent, dansent, s’embrassent… Et veulent s’aimer pleinement comme les autres, malgré leur handicap. Avec “Gabrielle”, la Canadienne Louise Archambault signe une œuvre superbe et universelle sur le droit à l’amour.

Gabrielle aime Martin. Qui aime Gabrielle. Regards complices, sourires en coin, sensualité à fleur de peau, envies de se toucher, se caresser, s’embrasser… Mais leur entourage n’est pas entièrement prêt à accepter cet amour naissant. Car les deux jeunes adultes canadiens - 22 et 25 ans - sont un peu différents du commun des mortels, à cause de leur léger handicap et, chez la jeune femme, d’un diabète. Qui ne changent évidemment rien à leur besoin de tendresse, ni à leur recherche de l’autre. Si les uns (les éducateurs du foyer) sont parfaitement rôdés pour accueillir la situation nouvelle, appelant un chat un chat, d’autres ne le sont pas : pour la maman de Martin, par exemple, “tout cela va un peu trop vite”. Sa sentence tombe: Martin ne peut plus fréquenter la chorale où, avec Gabrielle et quelques autres adultes porteurs d’un handicap, se prépare avec enthousiasme l’accompagnement de Robert Charlebois en tournée.

Un film un peu gnangnan et tristounet sur les handicapés? Oubliez ! Seule la caméra à l’épaule fait penser, un bref moment, aux films sociaux porteurs d’une démonstration trop appuyée. “Gabrielle” a remporté – excusez du peu – le prix du public “Long métrage fiction” au récent Festival international du film francophone (FIFF) à Namur et a été sélectionné pour les Oscars 2014. Et c’est amplement mérité, tellement cette œuvre sensible, touchante voire émouvante, et pas larmoyante pour un sou, fait mouche. Que l’on soit, ou pas, familiarisé avec le handicap.

Au travers d’un scénario alliant drame et romance, “Gabrielle” met en scène les défis qui, tôt ou tard, se présentent aux familles marquées par le déficit intellectuel de l’un de leurs membres. Ai-je assez fait pour lui (elle)? N’ai-je pas négligé mes autres enfants? Que deviendra-t-il (elle) lorsque je ne serai plus là? Comment gérer son désir d’enfant? Jusqu’où lui sacrifier ma vie professionnelle et familiale ? Privée de “son” Martin et avide d’indépendance jusqu’à risquer gros pour sa santé, Gabrielle se brûlera cruellement les ailes sur le feu de la réalité quotidienne. Elle mettra en péril sa relation avec sa sœur aînée, aimante et protectrice, mais appelée à vivre l’amour – et avec quelle culpabilité! – à l’autre bout de la planète, bien loin de sa sœur.

Pour réaliser ce film, Louise Archambault a rencontré de nombreux acteurs du handicap et de la musicothérapie. Cela se sent. Elle a pourtant accepté de se laisser emporter au fil du tournage par les imprévus, les tensions et, surtout, les émotions dégagées par ce groupe d’acteurs en bonne partie non professionnels. Si les plans rapprochés font l’objet d’un soin particulier, esthétisant sans excès plusieurs scènes (de piscine, de danse et de chant), c’est l’authenticité des rapports humains qui, à chaque minute, touche le spectateur droit au cœur. Car cette chorale est contagieuse, dans son énorme appétit de vivre. Et… Charlebois, star modeste au cœur tendre, en rajoute une couche, pleine d’humanité.

Gabrielle” est toutefois bien plus qu’un film avec et sur les personnes handicapées, puisqu’il nous pousse à nous interroger sur la pertinence et les modalités de nos choix de vie essentiels. Pour qui choisissons-nous ? D’abord pour nous ? Ou d’abord pour les autres?

//PHL

“Gabrielle”, de Louise Archambault • Québec • 2013 • 102 min • Avec Gabrielle Marion-Rivard, Mélissa Désormeaux-Poulin, Alexandre Landry, etc.

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