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Bandes dessinées  ( 2 septembre 2010)


 

 

Une histoire au poil

La folie, l’insupportable absence, le déni de la mort: tout cela traité sur le mode tendre et poignant. C'est beaucoup pour une BD! Pari réussi, pourtant, pour “Lydie”.

Comment transformer un drame – la mise au monde d'un enfant mort-né – en une histoire émouvante, tendre, drôle et invitant à la réflexion? C'est la prouesse de Jordi Lafèbre et Zidrou dans “Lydie”, chez Dargaud. L'histoire se déroule au début des années trente dans “l’impasse du bébé à moustaches”, fréquentées par ses gamin(e)s, son médecin, les clients du troquet, son ivrogne médisante et tant de gens simplement bons et généreux.

Cette bonté, justement, est l'un des fils conducteurs de l'ouvrage. Simple d'esprit et sans compagnon attitré, Camille vient de mettre Lydie au monde. Mais Lydie est née sans avoir pu émettre le moindre souffle et sa maman ne peut accepter ce décès. Elle voit sa fillette partout: dans ses bras, dans son couffin, sous le regard attendri (et moustachu) de son propre père. Dans une attitude de parfait déni de la réalité, elle cajole, dorlote, chatouille, embrasse et nourrit ce bébé fantomatique.

Au départ décontenancés, les habitants de l'impasse n'ont pas le cœur de briser les illusions de la jeune maman. Ils jouent à merveille le jeu de la fausse présence de Lydie. “Si on devait interner une personne uniquement parce qu'elle est heureuse…”, glisse le médecin réveillé en pleine nuit par la maman, inquiète des poussées dentaires de la fillette prétendument souffrante…

 

Une folie très sociale

Cette comédie manigancée par le quartier aurait pu paraître lourde et insipide. Grâce à la tendresse de ses personnage et à un scénario sans faille, il n'en est rien. La trame se suit sans déception jusqu'à cette planche mémorable où le curé du coin, mis sous pression par les amis de Camille, se laisse convaincre de baptiser l'enfant qu'il a enterrée quelques mois plus tôt… “On joue tous notre propre petite comédie, n'est-ce pas?”, glisse un paroissien… Et jusqu'à l'école où, six ans après sa naissance, Lydie fait son entrée sous les vivats de ses amies dont elle inspirera les dessins.

Nul misérabilisme, nulle morbidité dans ce récit tendre, émouvant et interpellant, souligné par un trait juste et expressif et, surtout, une atmosphère rétro rendue par les jeux d'ombres et le recours au sépia.

Lydie n'est pas seulement le récit d'une vie de quartier à l'heure où l'urbanisme démesuré n'a pas encore tué la convivialité et la solidarité. L'ouvrage invite également le lecteur sur la corde raide qui sépare la réalité de l'imaginaire. Sans brusquerie, il le convie à assouplir ses certitudes et ses dogmes, à l'image de ce vieux militant communiste qui plaide pour le maintien de quelques bondieuseries, pourvu qu'elles rendent heureux... Et l'on se surprend, en refermant l'ouvrage, à rêver d'avoir de tels voisins en cas de coup dur dans la vie.

// Ph.L.

>> “Lydie”, de Jordi Lafèbre et Zidrou Dargaud, 60 p..

 


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