Éditorial
(4 janvier 2007)
A la SANTE de tous en 2007 !
Une nouvelle année commence. Nouveaux défis, nouvelles
idées, nouvelles questions. Pour répondre à ces interpellations et conduire une
politique de santé équilibrée, il est essentiel de s’inspirer de valeurs sûres,
la solidarité, le caractère non lucratif, la concertation et la coopération,
ces valeurs qui sont à la base de notre système d’assurance maladie unique.
Dans le domaine de la santé et des soins de santé
l’actualité est permanente, les accalmies sont rares. Les défis, études,
questionnements, innovations sont quotidiens. Selon la place de l’acteur la
réponse sera différente car les intérêts des uns et des autres ne sont pas les
mêmes, voire souvent opposés: faire du profit, maîtriser les dépenses, accroître
son pouvoir, rationaliser, maintenir la survie d’un petit service, améliorer la
qualité par la pratique,… C’est en s’inspirant des principes fondateurs de
notre système d’assurance maladie que la politique de santé restera cohérente,
que les soins restent de qualité et accessibles à tous.
Pour illustrer l’importance de ces valeurs pour la conduite
de notre politique de santé, voici sept exemples tirés de l’actualité des deux
dernières semaines de 2006.
Trop d’antidépresseurs dans les homes
Selon une étude scientifique la consommation
d’antidépresseurs et de calmants serait anormalement élevée, en moyenne 8
pilules par jour, dans bon nombre de maisons de repos. De plus la prescription
de médicaments génériques serait encore faible. A qui profite cette surconsommation?
L’industrie pharmaceutique, les pharmaciens, les maisons de repos… Il faudrait
réorganiser le circuit de distribution de médicaments dans les homes, donner
plus de responsabilité au médecin coordinateur. In fine les patients et
l’assurance maladie se porteront mieux.
Soigner les biens portants, un formidable créneau
Désormais il ne suffit pas d’être en bonne santé, il faut
aussi préserver et entretenir «son capital santé». Cette notion envahit les
médias, les publicités. Nous croulons sous les informations à caractère
médical: manger équilibré, limiter le sucre, les graisses, le sel, surveiller
son taux de cholestérol,… Cette nouvelle médecine de la performance pourrait
bien creuser les écarts en ne servant que les mieux informés et les plus fortunés,
contribuant ainsi à accroître les
inégalités face à la santé. N’est-ce pas un peu plus médicaliser un mode de
vie, lui-même promu par d’autres publicités? La santé devient un formidable
produit de «consommation». Mais où est la cohésion sociale?
Transferts Nord-Sud: qui a raison?
Selon une nouvelle étude du comité d’action pour une
sécurité sociale flamande, les transferts diminuent à peine suite au
vieillissement plus rapide de la Flandre. Mais, selon un rapport du mouvement B
Plus, les chiffres communiqués reposent sur des procédés de calculs
contestables… En fait il y aura toujours des transferts dans les soins de
santé, des gens en bonne santé vers les malades, des riches vers les plus
faibles, des actifs vers les inactifs,… la solidarité c’est un choix de
société, c’est une valeur.
La nouvelle carte de la cardiologie
Dès le 1er
janvier, la réforme des soins cardiologiques sera activée, impliquant la
fermeture d’au-moins dix services francophones. Pour le reste, c’est un peu le
brouillard car la rationalisation, nécessaire mais trop brutale, reste très
controversée. Les accords de partenariat se sont multipliés sous la contrainte,
parfois plus basée sur la politique de réseaux que sur l’intérêt des
populations. Il faudra encore du temps pour stabiliser la nouvelle carte de la
cardiologie. Dommage! Une approche plus progressive et concertée aurait sans
aucun doute été plus efficace.
Moins de soins médicaux pour les fumeurs, les alcooliques et les obèses anglais ?
Le cabinet de Tony Blair en Angleterre propose de
discriminer les gens malades suite à des habitudes de vie malsaines. En raison
des coûts des soins de santé engendrés par leurs habitudes, le gouvernement
envisage de leur accorder une plus faible priorité dans les listes d’attente.
Va-t-on vers une approche moraliste de la santé? Incroyable, inacceptable. Il faut
évidemment encourager les habitudes de vie saines. Mais faut-il pénaliser les
fumeurs, les obèses, les alcooliques,… en sous-estimant l’influence de
l’éducation, du contexte social, des facteurs héréditaires?
Les volontaires ont besoin d’une bouée de sauvetage
Un front de 120 organisations néerlandophones lance un cri
d’alarme aux responsables politiques pour soutenir de manière structurelle les
associations qui, selon eux, mobilisent plus ou moins 800.000 personnes dont
100.000 actives dans le domaine des soins et de l’aide. Le formidable
engagement de milliers de volontaires à travers nos mouvements mutualistes
auprès des malades, des plus démunis, des plus vulnérables, des personnes
seules participe aussi à la «richesse» humaine de la société belge. Le
«bénéfice» humain est de loin supérieur au coût des subsides dérisoires dont bénéficient ces associations.
Les “labos” veulent entrer au domicile des patients
En France, progressivement, les firmes pharmaceutiques
s’infiltrent dans l’espace privé des patients. Le gouvernement s’apprête à
autoriser les laboratoires à développer le «programme d’aide à l’observance» à
destination des malades afin de les inciter, par contact téléphonique ou visite
à domicile, à bien prendre leurs médicaments. Mais ses programmes d’observance
ne poursuivent qu’un seul objectif: accroître les profits de l’industrie
pharmaceutique.
Et demain en Belgique? Allons-nous autoriser l’ingérence des
firmes dans la relation médecin-patient?
Ces quelques exemples tirés de l’actualité de ces quinze
derniers jours illustrent la grande diversité des problèmes, des idées, des
acteurs et des intérêts dans le domaine de la santé et des soins. 2007 amènera
aussi son lot de débats et d'interpellations sur le budget des soins, la
solidarité fédérale, la concurrence et la privatisation voulues par la
Commission européenne. A chaque fois il s’agira de prendre position.
En 2007, comme depuis 100 ans - quelle que soit
l’interpellation ou la question -
les mutualités chrétiennes défendront toujours une politique basée sur
la solidarité, le non lucratif, la concertation, la cohésion sociale pour la
santé de tous!
Vous pouvez compter sur nous! Bonne et heureuse année 2007.
Jean Hermesse
Secrétaire général
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