Éditorial
(5 avril 2007)
2008-2012
Améliorer la protection sociale
La
situation financière de l’assurance maladie est saine. 2005, 2006
et fort probablement 2007 sont en boni! Tant mieux. Mais que faire
de ces bonis? Pour la Mutualité chrétienne, c’est le moment ou
jamais d’améliorer la protection sociale et de combler le fossé
des coûts mis charge des patients qui s’est trop creusé ces dix
dernières années.
La situation est exceptionnelle.
Trois années consécutives de boni en assurance maladie, c’est du
jamais vu ! Il n’y a plus de retards de paiement. Les comptes de
la sécurité sociale sont également dans le vert. Les statistiques
de l’emploi s’améliorent. Les bonis des entreprises n’ont jamais
été aussi importants. Les belges ont plus confiance dans l’avenir,
ils épargnent moins.
Le budget de l’assurance maladie se porte bien
Suite au déficit important en 2004, des mesures d’économie
drastiques et linéaires ont été prises en 2005 donnant un léger
boni en 2005, soit 148 millions d’Euros.
Le résultat définitif de 2006 n’est pas encore connu, mais les
dépenses provisoires indiquent que le boni en 2006 dépassera 700
millions d’Euros. Comme il n’y a pas de raison que les dépenses
explosent en 2007, il est fort probable que cette année encore, le
boni sera conséquent.
Comment expliquer le ralentissement des dépenses en soins de santé
? On peut avancer plusieurs facteurs : la maîtrise du budget des
médicaments grâce aux médicaments génériques moins chers, une plus
grande responsabilisation des prescripteurs, les premiers effets
du numerus clausus (le nombre de médecins actifs se stabilise,
voire diminue), la fin de l’impact des accords sociaux … et
peut-être aussi des patients qui reportent des soins à cause du
coût croissant à payer de leur poche.
L’assurance maladie obligatoire doit redevenir une vraie assurance
Le bonus de l’assurance maladie obligatoire est aussi - en partie
- explicable par le transfert insidieux mais continu du coût des
soins à charge des patients. Les chiffres de l’OCDE le confirment.
En Belgique, les patients doivent supporter près de 30% du coût
total des soins de santé : tickets modérateurs, quotes-parts
personnelles, mais surtout suppléments et prestations non
remboursées. La dernière étude de l’Université d’Anvers sur la
sécurité sociale belge le confirme. Depuis 10 ans notre protection
sociale a régressé et nous ne sommes plus dans le peloton de tête
européen.
En rendant l’assurance maladie obligatoire plus
efficace, les assurances complémentaires que l’on doit prévoir
aujourd’hui seront moins nécessaires. |
Grâce aux bonis de ces trois années, une marge structurelle se
libère et nous pourrions combler une partie de ce retard.
C’est pourquoi le programme politique des Mutualités Chrétiennes
(1) met l’accent en priorité sur des mesures visant à renforcer
l’efficacité de l’assurance maladie obligatoire. Pour rendre les
soins de santé plus accessibles nous proposons six actions
prioritaires:
● Augmenter les indemnités des invalides et des travailleurs en
incapacité de travail. Elles ne permettent plus d’atteindre le
minimum de sécurité d’existence.
● Garantir la sécurité tarifaire dans tous les hôpitaux en liant
un refinancement du prix de journée et le financement correct du
matériel médical au respect intégral des tarifs en chambres
commune et à deux lits et à la limitation des suppléments en
chambre à un lit.
● Instaurer une couverture financière plus importante pour les
malades chroniques, les personnes âgées dépendantes, ayant des
frais de soins non remboursés élevés.
● Rembourser les frais des transports urgents
● Simplifier les statuts MAF et OMNIO en accordant à tout le monde
un meilleur remboursement des soins de première ligne.
● Mieux rembourser les soins dentaires préventifs et curatifs.
En rendant l’assurance maladie obligatoire plus efficace, les
assurances complémentaires que l’on doit prévoir aujourd’hui
seront moins nécessaires, voire superflues, et les entreprises
pourront aussi supprimer leur intervention dans ces assurances
groupe.
Quelle norme de croissance pour l’avenir?
La série de croissance en bonus suggère à certains hommes
politiques de revoir à la baisse la norme de croissance annuelle
du budget des soins de santé, qui devrait passer de 4,5%
actuellement à 3%. Ce serait une grave erreur. Certes, il est
prudent de mettre les bonis en réserve. On peut aussi revoir en
partie la base de calcul pour les budgets 2008 et suivants, mais
le maintien d’une norme de croissance suffisante permettra de
garantir l’accès aux soins pour tous. Un taux de croissance trop
bas ne peut que se faire au détriment du patient.
L’assurance maladie est en boni, quelle opportunité! Les
Mutualités Chrétiennes proposent d’utiliser cette marge pour
réduire les coûts à charge des patients, rendre l’assurance
maladie obligatoire plus efficace.
Jean Hermesse
Secrétaire national
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(1)
Voir le mémorandum politique de la
Mutualité chrétienne en vue des prochaines élections fédérales du
10 juin 2007.
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