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Éditorial (6 avril 2006)

 

Assurance maladie 

De meilleurs résultats mais des efforts à poursuivre

 

Les années se suivent mais ne se ressemblent pas. Après une année 2004 avec des résultats franchement catastrophiques pour l’assurance maladie, nous avons les premiers chiffres de 2005. Ils font apparaître un boni de 148,4 millions d’euros. Bien qu’ils soient encore provisoires, c’est une bonne surprise et un grand sujet de satisfaction pour ceux qui ont pu, sans céder à la panique, élaborer un ensemble de mesures qui ont manifestement porté leurs fruits.

 

L’assurance maladie nous a habitués dans le passé à ces résultats en dents de scie. Comme si tout à coup de meilleurs résultats engendraient des dépenses supplémentaires et puis inversement. Il importe donc de ne pas trop vite claironner que tout est résolu. Au contraire, il faut maintenir la pression et poursuivre les chantiers ouverts pour réduire les dépenses inutiles, d’autant plus que d’autres difficultés s’annoncent.

 

Dans le même temps, le groupe Dexia publie, comme chaque année, son étude sur les finances des hôpitaux. Les résultats sont, eux aussi, bons et font état d’une sérieuse amélioration de la situation financière des hôpitaux. Cela rend encore plus incompréhensible la croissance des suppléments de plus en plus souvent réclamés aux patients comme l’indique une étude que nous avons réalisé sur l’ensemble des hôpitaux et dont les résultats sont disponibles par hôpital individuellement sur notre site web www.mc.be.

 

Quels sont les chantiers ouverts pour réduire les dépenses ?

 

Il y en a plusieurs. Le principal est la limitation des prescriptions de médicaments et d’actes de diagnostic.

Pour les actes de diagnostic, je reste très impressionné par l’étude très robuste sur les excès d’examen préopératoires. Il y avait des différences énormes entre des hôpitaux pour traiter les mêmes pathologies pour les mêmes types de malades. Rien n’a été fait jusqu’ici pour les corriger. Or, cela engendre des dépenses inutiles et surcharge les prestataires de soins. Il existe pourtant des moyens simples pour interpeller les hôpitaux qui exagèrent et pour les amener à mieux évaluer leurs pratiques et les confronter aux schémas de soins reconnus internationalement. Un pas va cependant être franchi pour les médicaments en hôpital puisqu’une grande partie de ceux-ci sera prochainement mise sous forfait. Cela devrait inciter à un usage plus rationnel.

 

En matière de médicaments, le secteur a une fois de plus largement dépassé son budget. En cause, non pas tant les volumes que l’augmentation persistante des prix. Bien sûr, il y a une sérieuse pression sur les prix avec le développement des génériques et les baisses spectaculaires des prix des spécialités dont le brevet a expiré. Le Ministre Demotte a mis en place tout un dispositif qui a montré son efficacité. Et, à partir de ce premier avril, vont en outre commencer les contrôles sur les médecins pour qui des objectifs de prescription “bon marché” sont définis.

 

Ainsi, par exemple, un généraliste doit avoir dans son total de prescription 27 % de médicaments bon marché : génériques ou spécialités dont le prix a été diminué, prescriptions sous la dénomination internationale. Les médecins supportent mal ces contrôles et certains continuent même, contre toute évidence scientifique, à faire le procès des médicaments génériques. Ceux-ci sont cependant en croissance importante bien que nous restions encore en Belgique très en deçà des volumes de prescription de génériques constatés à l’étranger. Cela va cependant augmenter l’usage de médicaments moins chers.

 

Mais entre-temps,  parallèlement aux baisses de prix parfois spectaculaires, arrivent sur le marché des nouveaux produits à des prix exorbitants. Il s’agit principalement de médicaments actifs contre le cancer.Il est triste de voir des firmes très importantes et très connues mettre en vente des produits à des prix tels (jusqu'à mille euros par semaine par malade) que cela provoque de profonds désarrois chez les malades, dans la population, et parmi les responsables politiques et sociaux. Ces prix n’ont aucune justification sinon celle que les firmes pensent que des personnes gravement malades et des responsables politiques mis sous pression accepteront de payer. Ces firmes affichent au même moment des bénéfices fabuleux et continuent à dépenser deux fois plus pour le marketing que pour la recherche.

 

Ces nouveaux médicaments, issus de la biotechnologie, sont sans doute prometteurs mais conservent encore actuellement des résultats assez limités en oncologie. Mais ils apparaissent pour beaucoup comme un ultime espoir. La pression est terrible pour que l’assurance maladie les prennent en charge, ce qui a été accepté dans des limites assez précises. Il faut savoir que ce sont des dizaines de millions d’euros qui sont en jeu et que, hélas, cet argent ne pourra pas être dépensé deux fois. Ce qui a été dépensé d’un côté devra être économisé sur d’autres postes.

 

Tout ceci nous renforce encore dans la conviction que seul un usage systématique à qualité égale des médicaments les moins chers, génériques ou pas, pourra permettre à l’assurance maladie de faire face aux dépenses pour les vraies nouveautés qui doivent amortir des recherches souvent coûteuses pour leur mise au point. Encore faudrait-il pour ces derniers en peser l’utilité réelle, en circonscrire l’utilisation et en négocier les prix dans la transparence.

  

Par rapport à la situation d’il y a un an, nous avons certainement vécu un sérieux redressement qui disqualifie les fausses solutions préconisées par certains comme la privatisation ou la scission communautaire de l’assurance maladie. Mais nous devons maintenir et poursuivre les efforts. Et les charges qu’il faudra assumer à l’avenir nous font craindre des difficultés si la norme de croissance de 4,5% l’an n’est pas maintenue.

 

Edouard Descampe

Secrétaire Général

 

 

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