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Éditorial (20 avril 2006)

 

La santé pour tous… en 2015 !?


Les inégalités entre riches et pauvres s’aggravent dans le monde. Des maladies «anciennes» guérissables ne reculent plus. De nombreux soignants qualifiés, indispensables pour les soins dans les pays en voie de développement, émigrent vers les pays développés. Ne nous faisons pas d’illusions : la santé pour tous en 2015 nécessite un développement économique, social et médical radicalement différent !


A l’occasion de la Journée mondiale de la santé, le 7 avril dernier, les Mutualités chrétiennes, socialistes et diverses ONG ont publié un ouvrage qui fait le point sur la santé dans le monde (1). La situation est alarmante et les écarts ne font que se creuser. Et l’on peut vraiment se demander si les objectifs du millénaire adoptés en 2000 par les Nations Unies nous conduiront à la «santé pour tous» … en 2015?


Les inégalités entre riches et pauvres s’aggravent


En 2001, plus de 2,7 milliards de personnes devaient survivre avec un revenu de moins de 2 dollars par jour, et ce nombre augmente sans cesse. A l’opposé, les 10 % les plus riches de la planète disposent de plus de la moitié du revenu mondial, et les riches le sont toujours davantage. Le fossé s’élargit aussi sur le plan de la santé entre riches et pauvres. L’espérance de vie, par exemple, va de 34 ans en Sierra Leone à presque 82 ans au Japon. Sur le plan de la mortalité infantile, la différence est encore plus marquée. Au sein d’un même pays, on observe aussi des grandes différences en termes de santé entre les classes sociales.


En réduisant les inégalités sociales, en redistribuant la richesse de manière équitable, en donnant l’accès à l’enseignement, au logement, à un environnement sain, on améliore de manière certaine et sensible la santé de tous. C’est une évidence et ce n’est pas utopique, lorsqu’on voit par exemple les résultats atteints au Costa Rica, à Cuba et dans d’autres pays où prévaut une forte cohésion sociale.


Infirmières et médecins, indispensables là-bas, émigrent chez nous


Alors que les systèmes de soins dans les pays en voie de développement sont déjà très fragiles, ils se vident encore un peu plus de leur substance par la «fuite des cerveaux» vers les pays riches. L’OMS lance même un cri d’alarme : sans médecins ni infirmiers en nombre suffisant et accessibles à tous, comment tout simplement poser un diagnostic, soigner les malades, prescrire des médicaments, traiter les maladies!? Alors que le Ghana ne compte que 1.840 médecins pour 20 millions d’habitants (en Belgique 40.000 médecins pour 10 millions d’habitants), plus de 900 médecins ghanéens travaillent à l’étranger. Ce pays a toutes les peines du monde à garder les médecins nouvellement formés. En effet, en raison d’une «certaine» pénurie de personnel soignant dans nos pays riches, les meilleurs praticiens sont débauchés en Afrique, en Inde, aux Philippines. Et l’argument salarial est de poids : un anesthésiste gagne 100 $ par mois à l’hôpital public de Katmandou, 20.000 $ par mois à New York. Aujourd’hui un tiers des médecins travaillant en Angleterre sont d’origine étrangère.


Cette fuite de personnel soignant aggrave évidemment l’accès aux soins dans les pays en voie de développement car les médecins qui restent préfèrent s’installer en ville et travailler dans les cliniques privées. Ces mouvements migratoires illustrent la «loi des soins inversés» : les soignants sont moins nombreux, moins accessibles dans les régions ayant le plus de besoins. Voilà le résultat paradoxal auquel conduit la «loi du marché». Pour gérer les ressources humaines, essentielles pour assurer l’accès aux soins de santé ici et là-bas, il faut une coopération et une volonté politique internationale.


Des changements structurels nécessaires


Pour que tous aient la santé, d’ici 2015 un objectif déjà émis par l’ONU pour l’an … 2000, il faudra plus que des programmes spécifiques contre certaines maladies (sida, malaria, tuberculose, …) ou pour réduire la mortalité infantile et maternelle. Aujourd’hui, on prend conscience que nos choix, nos modes de vie, notre consommation, notre manque de personnel soignant ont des conséquences en cascade et démultipliées dans les pays en voie de développement. Les choix, les modes de vie des 20 % les plus riches vont déterminer la santé des 80 % des plus pauvres.
Des interventions structurelles pour une société plus sociale et équitable, des rapports internationaux basés sur un commerce équitable et un développement durable pourront, seuls, concrétiser à terme le droit à la santé.


Des alternatives saines sont possibles. L’ouvrage dont nous avons parlé plus haut fourmille d’exemples concrets montrant les populations locales participant activement à l’organisation du financement et de la politique de santé. Grâce à la mise en plan de systèmes solidaires d’assurance maladie tels que les mutualités, l’accessibilité aux soins est améliorée, la cohésion sociale en sort renforcée et la santé s’améliore. Concrètement, dix-huit Mutualités chrétiennes de Flandre, Wallonie et Bruxelles s’engagent, certaines depuis plus de 10 ans, dans cette solidarité internationale en soutenant des mouvement mutualistes autonomes, adaptés au contexte local, à travers des partenariats actifs et durables. Grâce à ces mouvements mutualistes, plus de 300.000 personnes bénéficient d’une couverture de base et de l’accès à des soins de qualité.


La publication, soutenue par les Mutualités chrétiennes, socialistes et douze ONG, dénonce le gouffre sanitaire qui sépare les pays riches des pays pauvres. Pour le combler et donner une perspective de santé pour tous en 2015, des interventions structurelles pour une société plus sociale et équitable sont nécessaires. Un appel, une urgence, une évidence!


Jean Hermesse
Secrétaire National

 

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