Éditorial
(7 septembre 2006)
Réorganiser
la cardiologie
Au milieu du mois d’août sont parus au Moniteur belge plusieurs
arrêtés royaux qui réorganisent les services de cardiologie.
Le
Ministre Demotte veut par là mettre de l’ordre dans un
développement quelque peu anarchique et déséquilibré de l’ensemble
des services qui effectuent des diagnostics (détection des
rétrécissements ou occlusions d’artères, services dénommés B1),
des services qui effectuent des dilatations d’artères (dénommés
B2) ou qui effectuent des interventions de chirurgie cardiaque
(B3).
Le problème est qu’en Belgique il y en a trop et en tous cas
beaucoup plus que dans les pays voisins : 3 fois plus qu’en France
ou en Allemagne par exemple. Mais en outre ces services sont
souvent mal répartis géographiquement, il y en a notamment
beaucoup plus en Wallonie qu’en Flandre.
A l’origine de cette situation, on relève la volonté de la plupart
des hôpitaux importants de vouloir à tout prix se doter d’un
service qui est à la fois prestigieux et très lucratif, car servi
par une nomenclature très ou même trop généreuse. Les actes liés à
la cardiologie sont en effet survalorisés dans la nomenclature des
actes médicaux et cela génère des surplus importants pour les
médecins et les hôpitaux.
Trop de petits services
Cette situation est préoccupante car il en résulte un grand nombre
de trop petits services. Or la qualité d’un service est souvent
liée à un grand nombre d’actes réalisés : les équipes sont alors
mieux rodées, plus spécialisées avec des appareillages adéquats
rentabilisés par un volume suffisant, et desservis par un
personnel mieux formé. Les statistiques de mortalité sont très
explicites à cet égard : les risques sont souvent proportionnels
au volume traité dans un service.
Pour des raisons de qualité et de coût
des soins,
le Ministre Demotte voulait absolument réduire le nombre de
centres
de cardiologie |
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C’est pourquoi, le Ministre, pour des raisons de qualité et de
coût des soins, a voulu absolument réduire le nombre de centres,
exiger d’eux d’être complet (B1, B2, B3). Ils doivent aussi avoir
un volume d’activité minimum : 400 coronographies (B1, B2) et 250
interventions de chirurgie cardiaque (B3).
Les centres, nombreux en Wallonie, ne disposant que du niveau
diagnostic (B1), vont devoir fermer à l’exception d’un centre dans
la province de Luxembourg qui sera autorisé, vu la distance, à
fonctionner comme B1 + B2 sans avoir le B3 mais en concluant un
accord avec le service B3 le plus proche. Cela pourrait provoquer
une quinzaine de fermeture de services B1 isolés en Wallonie.
Malheureusement, sur pression de certains qui voulaient régler une
situation particulière en Flandre orientale, une autorisation de
fonctionner sur plusieurs sites est possible mais dans ce cas
chaque site doit avoir les chiffres minimaux prévus. Cette
dernière concession édulcore quelque peu les mesures décidées et
pourrait provoquer l’apparition de site avec des chiffres juste
au-dessus des minima prévus.
Les Mutualités chrétiennes avaient aussi plaidé, mais en vain,
pour le maintien d’un nombre limité de services comprenant B1 et
B2 sans la chirurgie. C’était aussi la thèse du Conseil des
hôpitaux.
Le Ministre fédéral a donc fixé des normes nationales. Il
appartiendra maintenant aux Ministres régionaux de les appliquer
concrètement sur le terrain.
Cette réforme provoque
déjà et provoquera encore beaucoup de réactions et de remous. On
peut cependant la considérer comme nécessaire même si nous
n’approuvons pas toutes ses modalités et si on regrette qu’elle
soit intervenue si tardivement. Elle devra certainement
s’accompagner d’une révision de la nomenclature qui, par sa
générosité, contribue à créer une offre excédentaire.
Edouard Descampe
Secrétaire général
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