Éditorial
(4 mai 2006)
La facture
hospitalière augmente
En janvier de
cette année, nous avons installé sur notre site internet www.mc.be un
dossier reprenant pour chaque hôpital les suppléments demandés pour les
soins reçus, toutes les sortes de suppléments et ce, pour les trois
catégories de chambres particulières, communes et à 2 lits. Chaque hôpital
est bien mentionné sur notre site et les internautes peuvent prendre
connaissance de ce qui pourrait se passer dans telle ou telle institution où
ils vont être ou ont été soignés. Cela peut aussi les aider à vérifier leur
facture.
Avec une méthodologie différente et moins élaborée, nos collègues des
Mutualités socialistes viennent de faire de même sur leur propre site
internet. Entre-temps cet effort d’information a fait couler beaucoup
d’encre et suscité beaucoup de courriers électroniques. Il a aussi suscité
des réactions du Ministre des Affaires sociales qui ne peut rester
insensible à ce qui est démontré : ce qui reste à charge du malade ne cesse
d’augmenter et cela devient un réel problème d’accessibilité pour beaucoup.
Rappelons quelques données concernant ces suppléments :
1 C’est bien notre rôle de Mutualité d’informer au mieux nos membres au
sujet de cess uppléments. Certains hôpitaux auraient préféré qu’on n’en
parle pas, d’autres se sont réjouis au contraire de voir rendue publique
leur déontologie strictee n matière de suppléments. Rappelons que comme
Mutuelle nous sommes légalement autorisés à intervenir pour nos membres en
cas de supplément non permis ou excessif. Ce rôle ne peut pas nous être
contesté.
2 Nos chiffre sont été établis de façon rigoureuse sur base des factures
individuelles. Tous les hôpitaux qui ont contesté nos chiffres ont reçu
réponse et explications satisfaisantes. Pour certains il y a eu
modifications de la pratique récemment et pour ceux-là bien entendu les
chiffres sont mis à jour. Dans beaucoup d’institutions, ces chiffres ont
provoqué débats et interrogations, parfoisaussi des interpellations en
conseil d’administration. C’est bien cela qui était souhaité car pour nous
l’accessibilité économique aux soins de santé est quelque chose de
fondamental.
3 Les informations communiquées sont des informations rigoureusement
économiques et ne disent rien sur la qualité des soins prodigués. D’une
manière générale on peut dire cependant qu’en Belgique la qualité des soins
n’est en rien proportionnelle aux suppléments demandés. Ce n’est donc pas
parce qu’on paie un supplément qu’on est mieux soigné.
4 Certains hôpitaux nous ont reproché de ne pas tenir compte dans nos
comparaisons des suppléments demandés en noir. Ces suppléments ne sont par
définition pas connus mais il semble que cette pratique augmente quoiqu’elle
reste néanmoins assez limitée. Rappelons à toutes et à tous que ce mode de
paiement doit toujours être refusé et sa pratique être dénoncée car elle est
illégale et laisse le patient totalement démuni en cas de litige. Lorsque
nous en avons connaissance, il est clair que c’est notre rôle d’intervenir.
5 Plusieurs hôpitaux nous ont fait savoir que les suppléments sont
nécessaires à l’équilibre financier de l’hôpital. Les chiffres démentent
cela puisque seuls17% des hôpitaux, 24 sur 143, demandent des suppléments en
chambre commune et32% en chambre à 2 lits. En chambre particulière les
suppléments sont autorisés. Cela veut dire que la très grande majorité des
hôpitaux vit très bien sans ces suppléments présentés comme nécessaires par
certains.
Face à cette situation et surtout à son évolution, la réaction du Ministre
apparaît un peu frileuse. Il a parlé d’interdire les suppléments en chambre
à 4 lits, pourquoi pas en chambre à 3 lits ou à 2 lits ? Le plus efficace
serait encore de tenir compte de la pratique des suppléments pour répartir
entre les hôpitaux les 100 millions d’euros de refinancement des hôpitaux
prévus en 3 ans par le gouvernement. Le Ministre avait annoncé qu'il le
ferait pour favoriser les hôpitaux sans supplément.
Comme la première tranche doit être prochainement liquidée, c’est le moment
de mettre cette intention à exécution. Après tout, il est assez logique que
ce financement public complémentaire avantage les hôpitaux qui prennent au
sérieux leur rôle social.
Édouard Descampe
Secrétaire Général
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