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Éditorial (3 mars 2005)

 

Assurance-maladie : des fausses solutions à de vrais problèmes

 

Il ne se passe pas un jour sans que la Presse ne rapporte des déclarations en tous sens sur l’assurance maladie. Il est vrai que la situation financière n’est pas brillante. Ce lundi 28 février le conseil de l’INAMI constatait encore qu’après comptabilisation des 10 premiers mois de l’année 2004 la croissance des dépenses de santé sur l’année par rapport à 2003 pourrait bien atteindre le double de la croissance prévue de 4,5%…

 

Il faut certes attendre les dépenses réelles de l’année complète avant de tirer des conclusions définitives mais l’inquiétude est là et des mesures s’imposent. C’est cela qui provoque la multiplication des prises de position.

Il y a eu les propositions du Président des Socialistes flamands (S.P.A.) Steve Stevaert que j’ai commenté dans un éditorial précédent (1). Des propositions qui ne manquent pas d’intérêts et qui, en tout cas, mettent le doigt sur des problèmes réels comme, par exemple, les iniquités dans la nomenclature médicale ou des effets pervers des prix facturés pour les médicaments en hôpital : si l’hôpital recourt à des produits dont le prix officiel est élevé, il obtient de plus grandes ristournes des firmes pharmaceutiques.

 

Il y a ensuite la position intransigeante du Ministre du budget J. Van de Lanotte qui bloque toute décision d’assurance maladie qui provoque une dépense supplémentaire. Il ajoutait même, par provocation je suppose : “Je ne regarde même pas de quoi il s’agit du moment qu’il y a une dépense supplémentaire !” De ce fait, le remboursement de nouveaux médicaments utiles et ayant reçu un avis favorable unanime de la commission d’experts sont bloqués et des veto sont opposés à de simples indexations d’enveloppes budgétaires d’institutions de soins. C’est évidemment une position intenable dans un gouvernement qui fonctionne normalement.

 

Récemment, le Président de la Chambre syndicale des Médecins (ABSYM) le Docteur Moens, sans doute irrité par ces prises de position diverses, a préconisé la création d’un second pilier en assurance maladie à l’instar de ce qui existe pour les pensions. Cela veut dire en clair une forme de privatisation de l’assurance maladie. Des soins ne seraient plus remboursés sinon par des contrats d’assurance privés contractés par ceux qui en ont les moyens. C’est totalement inacceptable car cela veut dire que ceux qui n’ont pas les moyens de payer ces assurances privées devraient couvrir cela eux-mêmes. Dans des cas de maladies graves ou chroniques, cela veut dire la ruine.

 

On ne peut pas détricoter l’assurance maladie

Nous avons pu tenir dans notre pays une cohésion sociale forte face à la santé. Quel que soit son niveau de revenus tout malade a accès à des soins de qualité à des coûts acceptables. Ceux qui, par malheur, font partie des 5% de la population qui “consomment” 60% du budget, ne doivent pas se ruiner pour être soigné correctement. On ne peut pas détricoter cela.

La version douce de ce système de privatisation proposée par le Docteur de Toeuf n’est pas meilleure. Il préconise de maintenir les tarifs bas pour les revenus modestes et de permettre les suppléments pour les autres. Les conséquences sont faciles à prévoir : ceux qui ont des revenus importants et qui aujourd’hui contribuent le plus au financement du système par les cotisations sociales non plafonnées, vont exiger de sortir du système généralisé et obligatoire qui cesserait de les rembourser correctement. On s’installe en plein dans la dualisation des soins : un réseau de soins pour les pauvres, un autre pour les riches.

 

Des situations inacceptables

Déjà aujourd’hui on voit se développer des pratiques douteuses dans certains hôpitaux, parfois même éthiquement condamnable. Quand un malade demande un rendez-vous pour une consultation ou une intervention chirurgicale, on propose une date rapprochée avec supplément au tarif ou beaucoup plus tard sans supplément. J’ai sous les yeux la lettre d’une personne membre aux Mutualités chrétiennes chez qui un cancer a été diagnostiqué dans un grand hôpital bruxellois. Le rendez-vous avec l’oncologue était proposé la semaine suivante avec supplément, dans 6 semaines sans supplément tarif. Ce qui est vraiment scandaleux comme proposition. Il ne s’agit hélas pas de cas isolés.

Si les propositions du Docteur de Toeuf étaient suivies, nous aurions la multiplication de ces situations inacceptables que nous nous efforçons de combattre. Avec des rémunérations différentes suivant l’état de fortune des malades, la dualisation de la médecine est inévitable.

 

La privatisation ou la dualisation proposée sont de fausses solutions à de vrais problèmes. L’avenir des soins de santé passe par l’utilisation la plus rationnelle possible des ressources collectives.

 

Par de multiples mesures complexes et concertées, il faut pourchasser les dépenses inutiles ou les utilisations excessives des soins. Le Ministre de la Santé a élaboré des propositions qui sont en chantier, il faut poursuivre et amplifier le mouvement dans cette logique. C’est la seule manière de ne pas disloquer un système d’assurance maladie que beaucoup nous envient.

Edouard Descampe

Secrétaire Général

 

 

(1) Voir En Marche du 3 février 2005. Sur l’Internet: www.enmarche.be  (rubrique “Éditoriaux”)

 

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