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Éditorial (17 novembre 2005)

La restructuration des centres de cardiologies, un vrai défi

Le débat intense qui entoure la rationalisation des centres de cardiologie illustre bien les défis futurs pour notre système hospitalier. La réduction du nombre de centres devrait à la fois augmenter l’accès, la qualité et contenir les coûts. Comment ?

Le Centre Fédéral d’Expertise des Soins de Santé est un institut autonome chargé de réaliser des études scientifiques pour la conduite de la politique de santé. En juin de cette année, ce Centre a comparé les coûts et les résultats du traitement de l’infarctus dans tous les hôpitaux belges. Cela concerne plus de 35.000 patients par an. L’étude montre quelques différences de mortalité, de grandes différences dans les coûts et surtout une mauvaise répartition des centres et moyens en Wallonie et à Bruxelles.

Trop de centres mal répartis surtout du côté francophone

Le traitement de l’infarctus comprend cinq grandes techniques : il y a d’abord la radiographie des vaisseaux sanguins (coronarographie), qui permet en général d’établir la localisation et la gravité du problème coronaire. Ensuite, on peut recourir à une intervention par le même abord endovasculaire via la technique de la thrombolyse (dissolution des caillots de l’artère par un médicament), l’angioplastie (dilatation du vaisseau avec un ballonnet), suivi ou non par le placement d’un stent (petit tube de métal mis en place pour garder le vaisseau ouvert). Si un patient est pris en charge dans un centre habilité (voir ci-dessous), le traitement endovasculaire peut se faire dans un même temps que la coronarographie. Une dernière possibilité, enfin est le recours à la chirurgie (pontage).

Ces traitements peuvent avoir lieu dans trois types d’hôpitaux : les hôpitaux A, hôpitaux généraux sans service de cardiologie interventionnelle, les hôpitaux B1 où on effectue des coronarographies diagnostiques, et enfin les hôpitaux de troisième ligne (B2-B3) qui peuvent effectuer tous les traitements.

Sur base de nos données, nous avons constaté que globalement, le coût des remboursements de toutes ces techniques, calculé en moyenne par habitant, ne varie pas de manière significative entre la Wallonie, Bruxelles et la Flandre. Par contre, le Centre d’Expertise a constaté une très grande variation du coût des examens et traitements entre les hôpitaux, allant de 1 à 4 !

On constate aussi une très grande dispersion du nombre de centres du côté francophone : au total 33 centres sur Bruxelles et la Wallonie (pour 4,8 millions d’habitants) par rapport à 17 centres du côté néerlandophone (pour 5,8 millions d’habitants).

En termes de qualité, la mortalité est légèrement plus basse dans les centres de troisième ligne. Et les hôpitaux les plus coûteux n’obtiennent pas de meilleurs résultats en termes de mortalité.

La rationalisation du nombre de centres s’impose

La multiplication et la dispersion du nombre de centres empêchent d’atteindre une taille suffisante pour offrir une bonne pratique médicale. De plus, elles augmentent les coûts d’équipements et d’encadrement médical, ce qui est difficilement tenable dans le contexte du numerus clausus. L’existence de trop de centres de diagnostic (type B1) multiplie aussi le nombre de renvois de patients vers les centres de troisième ligne, ce qui augmente donc les risques.

La fermeture de tous les centres B1 tel que recommandée par le Centre d’Expertise est dès lors justifiée, mais faut-il pour autant ne plus retenir que les centres de troisième ligne? Pour atteindre une répartition géographique équilibrée, il serait plus opportun de conserver des centres cardiaques combinant un nombre minimum d’activités diagnostiques et interventionnelles (B1-B2), et de regrouper quelques centres de troisième ligne. C’était aussi la position adoptée par le Conseil des établissements hospitaliers.

Enfin, si tant d’hôpitaux ont investi dans le développement de centres cardiaques, c’est entre autres parce que les honoraires liés à ces prestations sont très "rentables". La survalorisation de ces actes est malsaine car elle conduit les hôpitaux à ouvrir et maintenir ces services "rentables" et à laisser tomber les autres moins rentables mais peut-être plus nécessaires d’un point de vue santé publique. Il est donc impératif que la rationalisation du nombre de centres s’accompagne d’un réajustement de la nomenclature des actes médicaux.

Repenser l’offre hospitalière

Au-delà des centres de cardiologie, c’est toute l’offre hospitalière qu’il faut repenser. La rationalisation des centres de cardiologie illustre bien les défis auxquels notre système de santé devra faire face. Malgré le grand mouvement de concentration que nous avons connu dans le secteur hospitalier, ramenant le nombre d’hôpitaux de 300 à 120, l’offre hospitalière en Belgique est encore trop importante. Les coûts élevés des investissements, la spécialisation croissante de l’encadrement médical, l’impact du numerus clausus, l’introduction de normes de qualité plus exigeantes et dynamiques sont autant de changements qui nécessiteront plus de collaboration et entraîneront une nouvelle adaptation de l’offre pour garder un service de qualité accessible à toute la population.

La rationalisation des centres de cardiologie est une opération difficile mais nécessaire. C’est aussi une opportunité pour repenser notre offre hospitalière afin de l’adapter aux évolutions médicales en termes d’équipement spécialisé, d’exigence de qualité et d’encadrement de médecins.

Jean Hermesse, Secrétaire National

 

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