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Éditorial

 

A la veille du conclave budgétaire (16 septembre 2004)

Avec la rentrée de septembre commence chaque année le débat budgétaire pour l’année suivante. On fait les comptes, les prévisions et on prend la mesure de ce qu’il est possible de faire.

 

Pour l’ensemble de la sécurité sociale on parle d’un déficit de 1,2 milliard d’euros. C’est beaucoup, mais il faut être prudent avec ces chiffres qu’on lance parfois prématurément. Il semble déjà que les recettes fiscales et sociales seront plus élevées que prévu, et l’an prochain il sera sans doute possible de compter sur une croissance économique de quelque 2,5 %. Des thèses trop alarmistes servent parfois de soutien à des politiques antisociales.

Il est clair en tout cas que le mali de la sécurité sociale, s’il a l’ampleur annoncée, ne peut être attribué au seul secteur des soins de santé. Le problème du déficit de la sécurité sociale vient surtout des diminutions de recettes de cotisations sans que des compensations ne soient prévues. Il est possible qu’on connaisse cependant en 2004 un dépassement budgétaire en assurance maladie que les services de l’INAMI chiffrent aujourd’hui à quelque 300 millions d’euros. Sur un total de 16,25 milliards d’euros de budget, c’est moins que 2 % de dépassement. Mais de toute façon, il est préférable d’attendre encore les chiffres de fin d’année avant de tirer des conclusions hâtives.

Dans le dépassement budgétaire en soins de santé les dépenses de médicaments se taillent la plus grosse part. Les plans d’économies mis en œuvre sont de peu d’effets et les dépenses de médicaments continuent d’exploser. Prescriptions exagérées des médecins, pressions commerciales des firmes, prix trop élevés, tout concourt à provoquer les dérapages et la proportion du budget des soins de santé consacrée aux médicaments devient une des plus hautes d’Europe. C’est vraiment regrettable car à cause de ces ressources inutilement consommées, des besoins vitaux ne peuvent être rencontrés. Les marges disponibles sont mangées et les prestataires qui respectent les budgets de leur secteur se voient injustement pénalisés.

 

Le Ministre des Affaires sociales a clairement annoncé la couleur : une norme de 4,5 % de croissance a été fixée et elle doit être respectée, à l’euro près, ni plus ni moins. Selon lui, il n’est pas question de déborder ou de demander une rallonge à ce chiffre. On peut comprendre ce raisonnement, mais il faut savoir alors que ce ne sera pas facile d’en sortir et de prendre en charge des nouveaux besoins.

Notons aussi que pour les médicaments où il y a le plus grand dépassement, le Ministre a tous les leviers en mains pour éviter que les dérapages ne mangent les marges disponibles des autres secteurs.

 

Par exemple, si on n’avait pas perdu un an avant de reconnaître et promouvoir les médicaments génériques contre le cholestérol, 70 % moins chers, des dizaines de millions d’euros auraient été économisés et auraient pu être utilisés utilement ailleurs.

Dans les jours qui viennent, le gouvernement fixera donc, sans grande surprise, le budget global de l’assurance maladie pour 2005. Il devra alors être réparti entre les divers secteurs et ce ne sera pas facile car les besoins nouveaux sont nombreux. Il faudra faire des choix. Il faudra surtout s’efforcer de ne pas faire retomber sur les malades les coûts des économies à réaliser. Il faudra donc utiliser toutes les possibilités d’économies sans effet sur les contributions des malades. Beaucoup de choses sont possibles, il faudra de l’imagination, du courage et de la modération dans les appétits.

 

Ainsi, par exemple, un groupe de travail au sein de la commission médico-mutualiste, présidé par Marc Justaert, président des Mutualités chrétiennes, étudie des économies possibles, quatorze propositions sont déjà sur la table.

 

Les problèmes communautaires ne sont pas à l’ordre du jour

Comme souvent lorsque des tensions s’installent, les questions communautaires reviennent en force à la surface. Certains voient dans la scission nord sud des soins de santé le salut de l’assurance maladie. Nous ne partageons pas ce point de vue. La sécurité sociale est un système de solidarité entre personnes et dès lors que les règles sont appliquées de la même façon, toute scission ne peut que fragiliser le système et exclure des personnes du périmètre de la solidarité.

 

Ce n’est pas le moment de se payer le luxe de conflits où nos affiliés n’ont rien à gagner. Il faut savoir aussi que ceux qui réclament la scission sont aussi ceux qui veulent, à cette occasion, privatiser les soins de santé. Ils cherchent à installer le marché là où des couvertures sociales généralisées assurent solidairement toute la population contre les aléas de l’existence. C’est une voie sans issue particulièrement pernicieuse dans le contexte budgétaire actuel.

 

Edouard Descampe

Secrétaire Général

 

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