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Éditorial (21 novembre 2002)

Les membres de la Mutualité chrétienne sont-ils privilégiés?

Pour attirer le consommateur, la publicité prône l’individualisme, le privilège. Les services sont personnalisés, à la mesure de chaque client. Ils sont réservés aux premiers, à ceux qui ont la carte d’or. Ils donnent le droit d’être servis avant les autres ou de bénéficier de réductions importantes. Les privilégiés ont droit à un traitement différencié, une entrée ou des heures réservées, un accueil chaleureux, plus d’égard et d’attention, un plus beau cadre et une musique d’ambiance.

Sélectionner les publics, réserver des traitements de faveur sont des techniques de marketing courantes pour attirer une clientèle de luxe ou créer l’illusion de l’exclusivité. Elles permettent de vendre plus et plus cher. On entretient, on attise l’individualisme, la différence par le privilège d’appartenir à un club “select” celui des “Happy Few”, celui des “VIP” (Very Important Person).

Appliquées dans les soins de santé, ces techniques accentueront encore les grandes inégalités, constatées entre les classes socio-économiques. Face à la mort et à la maladie, les inégalités sont en effet très marquées.

 

Les résultats de la récente enquête menée auprès de 12.000 Belges sont éloquents : plus on est riche, plus on est instruit, plus longtemps on vit et mieux on se porte. C’est donc les moins favorisés, les plus déshérités qui ont besoin de plus de soins.

 

Force est de constater que suite au sous-financement et aux mesures d’économie, le coût des soins hospitaliers à charge des patients a augmenté considérablement ces dernières années. Face à ce risque financier, les citoyens cherchent à se prémunir. Et c’est ici que les techniques de marketing des assurances privées entrent en action : privilégier les bons risques, exclure ou éliminer les mauvais risques, cibler les jeunes, les gens en bonne santé, les entreprises florissantes. Et les conséquences sur l’accès aux soins sont manifestes : certains patients passent avant les autres, les nouvelles techniques médicales ne sont pas proposées à tout le monde, le temps d’attente peut être réduit, l’encadrement en personnel soignant est plus “soigné”. Le modèle commercial appliqué dans les soins de santé privilégie les “privilégiés”.

La mutualité chrétienne a opté pour l’Hospi solidaire, un autre modèle. Nous refusons le développement d’une médecine de classe. Pour nous, chaque membre, chaque patient doit être privilégié sans distinction. Le privilège c’est d’être accepté, d’être assuré sans exclusion, sans sélection, sans segmentation. Le privilège c’est d’être remboursé pour tous les soins et services essentiels tels que les soins palliatifs, l’hospitalisation en psychiatrie aiguë, le transport en urgence ou les coûts de séjour pour un parent accompagnant.

 

L’Hospi solidaire est une assurance solidaire qui privilégie tous les membres de la mutualité chrétienne sans exception : enfants et personnes âgées, chômeurs et actifs, handicapés, invalides et gens en bonne santé, riches et moins riches. L’idéal serait bien sûr de faire bénéficier toute la population de cette couverture pour l’assurance maladie obligatoire.

Dans une société prônant l’individualisme et le chacun pour soi, ce choix solidaire dérange. Les assureurs privés nous ont même attaqués en justice et ont perdu. A présent, nous pouvons à nouveau promouvoir notre assurance solidaire.

 

A travers notre campagne de publicité, nous voulons montrer qu’il existe un autre modèle d’assurance. Et qui marche. Grâce à ce service et à l’engagement de tout le personnel de la mutualité chrétienne, plus de 140.000 patients ont bénéficié de la couverture Hospi solidaire. Mais la réussite et l’avenir nécessiteront le soutien et la conviction de tous. Nous pourrons ainsi continuer à privilégier tous les membres de la mutualité chrétienne !

 

Jean Hermesse

Secrétaire National