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Editorial (4 octobre 2001)

Budget INAMI : une situation dangereuse

L’assurance maladie est à la croisée des chemins. Et les décisions budgétaires qui vont être prises dans les jours qui viennent pour l’an 2002 seront cruciales pour son avenir.

En effet, les dépenses connaissent ces dernières années des croissances considérables, de l’ordre de 5 à 6 % l’an. Contrairement à ce que l’on croit ou ce que l’on présente, ce ne sont pas les augmentations de consommation ou de production d’actes qui sont les causes principales de ces croissances. En dehors de l’indexation, ce sont les hausses de prix des médicaments et les augmentations salariales consécutives aux accords sociaux qui ont provoqué les croissances de dépenses les plus sensibles. On comprend dès lors l’irritation du corps médical à qui l’on impose des rattrapages négatifs sur les honoraires de biologie et de radiologie mettant en péril inutilement la convention médico-mutualiste. On comprend aussi que les prestataires se retournent vers les partenaires sociaux, patrons et syndicats qui veulent limiter le budget 2002, alors que l’industrie pharmaceutique, les banques, les fabricants de matériel d’une part, les travailleurs d’autre part ont leur responsabilité dans l’évolution des dépenses.

Mais le problème est plus profond. Il est incontestable que les progrès de la médecine, chez nous comme chez nos voisins, génèrent des dépenses supplémentaires que tous les efforts d’économies, et il faut les réaliser, n’arrivent pas à tempérer. Cela devient un sérieux problème de société : accepte-t-on collectivement de consacrer une part plus importante de nos revenus collectifs aux soins de santé solidairement pris en charge ?

Ouvrir la route à la privatisation

Certains ont choisi. En attaquant de façon virulente l’assurance maladie et son Ministre de tutelle, le VLD (parti libéral flamand) pousse au refus. Il veut sauver les promesses fiscales et les diminutions de charges sociales des entreprises au détriment de l’assurance maladie.

Il sous-estime gravement l’attachement de la population à son assurance maladie. Mais il veut aussi ouvrir largement la voie à la privatisation. Cela veut dire clairement que les assureurs commerciaux pourront proposer aux personnes des couvertures d’assurance complémentaire pour compenser les retraits de l’assurance générale et solidaire que nous connaissons. Seuls ceux qui en ont les moyens et qui sont en bonne santé pourront payer ces assurances.

L’assurance dépendance instaurée en Flandre au profit des personnes invalides a hélas ouvert la voie sur ce point en permettant à des assureurs commerciaux d’entrer en concurrence avec les Mutuelles pour couvrir la population dans un domaine qui appartient en fait à la sécurité sociale. C’est un dangereux précédent.

Un second danger apparaît, lié au premier, et exprimé par beaucoup en Flandre. Puisque l’argent va manquer, séparons-nous des Wallons et des Bruxellois qui sont supposés dépenser trop.

Ici encore, c’est dans la segmentation et la séparation plutôt que dans la solidarité qu’on cherche le salut au mépris des différences objectives et ce, à partir de chiffres tronqués.

Il existe des différences de consommation. Il faut les combattre où qu’elles soient mais elles sont loin de recouvrir purement et simplement des différences communautaires.

Le Ministre des Affaires sociales se bat au sein du gouvernement pour obtenir un budget raisonnable pour 2002. Mais les tensions sont vives au sein d’un gouvernement arc-en-ciel manifestement plus apte à gérer l’abondance que la crise. Le Ministre doit être soutenu dans ses efforts budgétaires bien qu’il ait commis de sérieuses maladresses en se mettant en conflit avec tous les prestataires de soins à commencer par les médecins et les hôpitaux, par son interventionnisme excessif. Le respect de la concertation est autre chose que de faire accepter par les partenaires uniquement ce que l’on veut entendre.

Ne pas se tromper d’adversaire

Les médecins ne doivent pas se tromper d’adversaires. On peut en comprendre l’origine du mouvement, je l’ai dit ci-dessus. Mais nous sommes dans une “ drôle de grève ” avec leur action dans les hôpitaux. Quel est au juste le message de ces actions au moment où se noue une échéance dramatique en termes de choix budgétaire ?

Au sein de la commission médico-mutualiste, et sous l’égide de son Président, des discussions sérieuses sont menées pour élaborer ensemble des mesures de contrôle des coûts. Cela ne résoudra pas tous les problèmes mais il est indispensable que la lutte se poursuive contre toutes dépenses inutiles. Sinon, nos demandes budgétaires perdent toute crédibilité.

Sans qu’il y ait déjà des accords sur des modalités pratiques précises, les discussions indiquent qu’il est possible de progresser sérieusement. Les statistiques de gestion rassemblées par les Mutuelles sont un remarquable matériau de base pour l’évaluation par les médecins de leur pratique et pour la correction éventuelle des déviances. Mais cette recherche de qualité et d’efficacité ne peut se faire que dans une vraie concertation et dans le cadre d’un budget raisonnable.

Si l’effort demandé est disproportionné, ce travail n’est plus possible et nous allons au devant de sérieux dangers. Ils s’appellent privatisation, communautarisation et suppléments d’honoraires réclamés aux malades.

Edouard Descampe

Secrétaire général ANMC

(4 octobre 2001)