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Éditorial (5 décembre 2002)

Le budget 2003: un paradoxe

Il y a un paradoxe dans le budget de l’assurance maladie pour l’an prochain. Avec 15,3 millions d’euros, la croissance est de 6,5 % par rapport à 2002. C’est incontestablement un effort important qui a été réalisé pour l’assurance maladie. Et pourtant les critiques fusent de tous les côtés : médecins, kinésithérapeutes, infirmières, hôpitaux, personne n’est satisfait. Comment comprendre ce paradoxe ? Il s’explique par la croissance importante des soins de santé.

 

Il y a bien sûr le simple effet de l’inflation qu’une indexation corrige de quelque 2 % (1,97 % plus exactement). Il y a ensuite l’effet de la croissance du volume des prestations. Celui-ci augmente d’année en année : vieillissement de la population, nouvelles techniques médicales, recours plus fréquents à la médecine. Il y a enfin des augmentations du coût de certaines prestations : prix de journée en hôpital ou autres institutions de soins suite à l’augmentation des rémunérations du personnel, prix des médicaments et surtout des nouveaux médicaments, etc. Index, volume, prix. On se retrouve vite comme les années précédentes à 6 % de croissance par an. C’est une évolution qui n’est pas une maladie belge car elle se retrouve dans tous les pays qui nous entourent au grand dam de ceux qui doivent réaliser les arbitrages politiques dans la répartition des ressources.

Partout les dépenses de santé augmentent plus vite que le produit intérieur brut des pays. Cela provoque de sérieux problèmes et - hélas - met souvent en péril les systèmes de protection sociale auxquels pourtant la population tient beaucoup.

Le budget étant fixé et réparti par décision du Comité de l’assurance de l’INAMI, il faut en tirer le meilleur parti possible et surtout conclure des accords tarifaires avec les divers prestataires.

Les discussions ont commencé avec les médecins, mais malgré l’augmentation de leur budget de 6,3 % cela ne sera pas simple. En effet, il y a une forte pression des médecins généralistes pour augmenter consultations et visites au-delà de ce qui est possible, un peu sous l’influence de ce qui s’est passé en France. Les médecins spécialistes font de leur côté remarquer que leurs prestations servent aussi à rémunérer du personnel qui a reçu récemment des augmentations barémiques légitimes sans doute mais qu’il faut financer.

Les accords avec les médecins garantissent la sécurité des tarifs pour tous. Nous y tenons beaucoup. Si on commence à découpler tarifs et remboursements, comme certains le demandent, ou si on réserve la sécurité tarifaire à quelques catégories sociales, on ouvre la voie à une désarticulation de tout le système. La pression à la hausse des tarifs s’accentue, un système de double médecine s’installe, des soins nécessaires sont reportés pour des raisons financières, des fossés se creusent entre groupes de population. C’est un scénario à l’américaine voulu par certains privilégiés, mais qui ne correspond pas aux aspirations profondes des populations européennes très attachées aux systèmes généralisés de protection sociale.

 

Avant la fin de l’année, les accords doivent être conclu. Comme à chaque fois, ils sont difficiles mais finissent malgré tout par aboutir.

Edouard Descampe

Secrétaire Général