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Éditorial (18 janvier 2001)

Favoriser la prescription des génériques

L’introduction d’un système de “prix de référence” aidera-t-elle à prescrire des médicaments génériques ? La loi-programme récemment votée introduit une modification assez importante dans le système de remboursement des médicaments.

C e changement qui serait mis en application dès le 1 avril prochain vise à introduire le système dit des “prix de références” pour le remboursement des spécialités pharmaceutiques dites “originales”, c’est-à-dire pour les spécialités pour lequelles il existe un générique. Selon ce système, le remboursement d’une spécialité “originale” sera calculé sur base du prix du médicament générique de la spécialité prescrite. Comme ce médicament générique est au moins 16 % moins cher que la spécialité “originale”, de deux choses l’une :

• soit le médecin prescrit le générique, et dans ce cas le ticket modérateur payé par le malade sera comme aujourd’hui égal à un pourcentage du prix, par exemple, pour un antibiotique,25 % du prix de vente,

• soit le médecin a choisi de prescrire la spécialité “originale”, et, dans ce cas, toute la différence de prix entre la spécialité originale et le générique est à charge du malade en plus du ticket modérateur.

Ce système est destiné à promouvoir radicalement le nombre de médicaments génériques prescrits. On peut évidemment souscrire à cet objectif. Nous avons toujours affirmé que nous sommes favorables aux génériques qui, il faut malheureusement le constater, sont trop peu prescrits en Belgique, contrairement à nos voisins.

Il faut bien entendu qu’ils soient de qualité et avec une équivalence biologique totale dûment démontrée par rapport à la spécialité originale.

Il faut noter qu’un nombre important des médicaments qui sont le plus prescrits en Belgique arrivent aujourd’hui en fin de brevet, et pourront donc bientôt apparaître sur le marché sous forme de génériques. En effet, après une période de brevet qui dure de 20 à 25 ans, dont environ 10 à 15 ans de période de commercialisation, les médicaments tombent dans le domaine public et peuvent être copiés et fabriqués sous leur dénomination générique.

Ces “génériques” sont moins chers et cela permet de réaliser des économies sans nuire à la santé des patients puisqu’il s’agit du même produit que la spécialité “originale”, avec une qualité tout à fait identique.

Au moment où arrivent sur le marché des nouveaux médicaments efficaces, ces économies sont les bienvenues pour faire face au financement de ces nouveautés.

Le système du remboursement sur base du prix du générique (prix de référence) pourrait donc amener des économies. Mais attention, et là est bien le problème, si le médecin ne prescrit pas le générique disponible et choisit plutôt de prescrire la spécialité originale, alors l’économie réalisée se fera sur le dos du malade puisque ce sera à lui de payer la différence ! Un tel système ne peut donc normalement être introduit que progressivement et après concertation avec le corps médical. Cela n’a pas été le cas et nous sommes en droit de redouter le pire. Le malade risque, en effet, d’être quelque peu pris en otage pour faire pression sur le comportement prescripteur du médecin.

Prescrire en D.C.I.

Le mieux serait d’introduire le plus vite possible un système où le médecin prescrit le produit sous son nom scientifique D.C.I. (dénomination commune internationale).

Ce système de prescription est idéal. En effet, c’est la prescription vraiment scientifique. Elle revalorise aussi le rôle du pharmacien qui délivrera au patient le produit prescrit en tenant compte du coût pour le patient lorsqu’il y a possibilité de choisir entre plusieurs marques du même produit à qualité égale bien entendu.

Les Mutualités chrétiennes, lors des débats à l’INAMI sur ce changement, ont proposé, en outre, deux points supplémentaires :

D’une part que ce système ne soit pas appliqué pour les médicaments de la catégorie A (notamment les médicaments contre le cancer) qui sont actuellement remboursés à 100 %.

D’autre part, nous avons proposé également de limiter les effets de ce nouveau système en limitant à 25 % le supplément à payer par le malade pour la spécialité originale par rapport à celui à payer pour son générique. Nous savons, en effet, que le corps médical ne va pas du jour au lendemain prescrire en masse les génériques et que donc les malades risquent de devoir payer beaucoup plus si les médecins continuent à prescrire les spécialités originales de la même façon qu’aujourd’hui.

Des listes claires sont indispensables

Il sera aussi essentiel, et là nous sommes dans notre pays loin du compte, que l’INAMI publie des listes claires de produits, classés à partir du produit original et que ces listes soient largement diffusées dans le corps médical. Sans ces listes d’interchangeabilité, il ne sera pas possible de convaincre les prescripteurs de modifier leur manière de prescrire. Il faut tenir compte aussi du fait que l’industrie pharmaceutique, très opposée aux génériques, va mener campagne contre ceux-ci. Elle va les discréditer comme elle le fait depuis des années. Elle va aussi redoubler la promotion en faveur des spécialités originales, avec une promotion de type purement commerciale camouflée en information scientifique. Le gouvernement s’était engagé à réguler cette promotion, mais a ultérieurement totalement renoncé malgré les possibilités légales d’intervenir.

Que doit faire le patient ?

Il est fondamental que le choix du médicament prescrit reste dans la main du médecin traitant qui est le seul à vraiment bien connaître son patient. Cependant vous pouvez aider votre médecin traitant à prendre cette décision en toute connaissance de cause, chaque fois que vous le consultez, en ayant soin d’avoir avec vous la brochure des Mutualités chrétiennes au sujet des génériques. Cette brochure est un petit guide reprenant de façon pratique et claire les génériques disponibles classés par spécialité originale et qui est régulièrement remise à jour. Ainsi, vous pourrez vérifier de façon simple avec votre médecin si un générique du médicament qui doit être prescrit est disponible.

Pour conclure, nous sommes vraiment favorables à la prescription des génériques quand la qualité en est bien établie. Mais il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. L’introduction rapide et forcée du système de remboursement sur base du prix de référence, sans concertation suffisante et mesures d’accompagnement, peut se retourner contre le malade qui devra payer ses médicaments plus cher.

Edouard Descampe

Secrétaire général

 

( 18 janvier  2001)