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A suivre... (18 avril 2013)

Au-delà de la peur de l’autre

© Richard Brunel/Illustra

Tous “égaux et différents”, la formule ainsi condensée ne peut que recueillir l’adhésion. Derrière l’énoncé/slogan, des débats bien plus complexes surgissent pourtant très vite, autour de réalités migratoires bigarrées, autour de questions d’intégration permanente, autour des précarités redoutées (et redoutables)… La 91ème semaine sociale du Mouvement ouvrier chrétien (MOC)(1) vient de s’immerger dans la thématique. Retour sur quelques considérations glanées à cette occasion.

Au devant de nos scènes médiatiques, les polémiques autour de l’Islam, de la communauté musulmane n’en finissent pas de se déployer. La peur de l’étranger s’y montre latente. Elle s’emballe moins sur les différences de “couleurs de peau” que de cultures. Elle s’exprime notamment sur le Net. Peut-être, parce que, là, l’impulsivité ne doit pas composer avec une confrontation directe aux avis des premiers concernés, notamment. Obsession de l’étranger qui nous envahit ou déni de celui que l’on perçoit comme différent…, d’aucuns – comme le directeur du Centre pour l’égalité des chances, Edouard Delruelle – voient dans ces attitudes, “une angoisse de la désintégration de soi”. Cette panique pousserait tantôt à se représenter la différence sur le mode de l’invasion, tantôt à “effacer l’étranger”, à le rendre invisible, insignifiant.

Et ce n’est pas sans conséquence pour celui que l’on identifie comme “étranger”, en particulier pour ces jeunes issus de la deuxième génération, en proie à la difficulté de n’être vraiment ni d’ici, ni de là-bas. Non loin, rôdent les “identités prêtes à porter”, comme les nomme l’anthropologue Jacinthe Mazzochetti, des identités qui entendent rassurer celui que la discrimination atteint et engendrent le repli communautaire. Non loin flotte aussi la tentation “de faire oublier sa couleur”, et, avec elle, le risque de perdre ses racines, sa mémoire, de n’être que factice.

La prise en compte de la diversité apparaît traversée par plusieurs courants. En les caricaturant, on pourrait distinguer celui qui minimise les différences sous la bannière universaliste de “tous humains” et celui qui reconnaît les différences ethnoculturelles au risque de dériver vers une lecture communautaire de tout… Ces tendances dites républicaine et multi-culturaliste diviseraient ceux qui pourtant luttent dans le même but: l’antiracisme. Il en est alors, comme le chroniqueur politique Henri Goldman, qui appellent de leurs vœux une reconstruction du mouvement antiraciste. Il le voit pris en charge par les minorités elles-mêmes, avec l’implication de la majorité. Peut-être aussi s’agirait-il par ailleurs de garder en arrière-fond la conscience que les cultures ne forment pas des blocs immuables, qu’elles ne doivent pas être figées, qu’elles sont dynamiques.

Atténuer les discriminations s’entrevoit loin du “clé sur porte”. Rien de tel que la mixité vécue, que les interactions concrètes, les contacts réels, les mises en présence, suggère la professeur en psychologie sociale, Ginette Herman. Construire le nous, c’est faire ensemble, rencontrer, entrer en contact, débattre, fêter ensemble aussi, détaille Henri Goldman en citant un ami en proie à l’interculturel dans son quotidien bruxellois. Ce dernier rappelait aussi que “pour aller vers l’autre, il faut avoir les bras ouverts et la tête haute”.

Combien de nos jugements sont-ils guidés par la peur du lendemain, focalisés sur les boucs émissaires que l’on nous tend? N’est-ce pas là occulter les véritables enjeux de nos sociétés? Nombre d’intervenants à la semaine sociale du MOC l’ont souligné, débusquant à l’arrière scène les inégalités sociales. Aux yeux d’Edouard Delruelle, la migration est le défi majeur pour nos sociétés, mais il est occulté par les questions liées à l’Islam, par le racisme. La globalisation est à l’œuvre. Les flux migratoires ne vont pas décroître. D’autant moins qu’ils impliquent majoritairement des Européens concernés par la libre circulation. Voilà qui vient démentir une idée reçue, comme s’est exercé à le faire le Ciré par la voix de Frédérique Mawet. Reprenant plusieurs clichés, elle dira également que le problème n’est pas le travail des migrants mais bien la dérégulation du marché du travail dans lequel les migrants s’engouffrent, et dans lequel l’ensemble des consommateurs jouent un rôle.

Finalement, l’invitation est lancée par l’un ou l’autre de concentrer l’agenda politique sur les inégalités face au logement, à l’emploi, à l’enseignement… Nous sommes tous invités également à ne pas laisser les stéréotypes parfois méprisants ou paternalistes, parfois envieux ou admiratifs dicter notre vision du monde.

// CATHERINE DALOZE

(1) Le MOC rassemble les organisations sociales telles que la Mutualité chrétienne, la CSC, Vie féminine, les Equipes populaires, la JOC. La semaine sociale 2013 a eu pour titre: “Egaux et différents. Diversité ethno-culturelle et justice sociale”. Les interventions des orateurs feront l’objet d’un numéro spécial de la revue Politique, à paraître au mois de septembre 2013. Plus d’infos sur : www.moc.be


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