Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

A suivre... (21 mars 2013)

Au-delà du choix d’un pape

© AFP

Il aura suffi de quelques jours au pape François, bouleversant les protocoles les plus rigides du Vatican, pour laisser espérer aux catholiques comme au monde non chrétien qu’une nouvelle situation s’ouvrait au Vatican et dans l’Eglise.

Méconnu du grand public, oublié des spécialistes du Vatican alors qu’il fut outsider de Benoit XVI au conclave précédent, l'ex-cardinal argentin Jorge Bergoglio est devenu le pape François, le pape imprévu. Les médias, pourtant souvent critiques à l’égard de l’Eglise catholique, étaient omniprésents à Rome, et n’ont pas hésité à bousculer leurs programmes pour saisir les premiers pas et les premiers mots de ce pape dont l’annonce laissa sans voix, dans un premier temps, la foule immense rassemblée sur la place Saint Pierre. Les commentateurs à l’affût, manifestement, ont alors été pris de court.

Ses premiers mots – invitant à la prière – ont été les plus simples que l’on puisse imaginer. Les rôles semblent comme renversés. Le Pape s’incline et demande que la foule le bénisse. La conclusion est peu protocolaire : “Bonne nuit et bon repos !” D’emblée, le public apprécie le style familier du nouveau pape. La foule, croyante ou non, a joyeusement vécu ce changement de style tout en s’inquiétant (déjà !) du “jusqu’où pourra-t-il aller?”!

De nombreux espoirs

Après les affaires de pédophilie, les crispations de l’Eglise sur les questions morales, la mauvaise gouvernance au Vatican…, les circonstances de cette élection soulèvent de nombreux espoirs. Benoît XVI, fatigué, renonce à sa charge. Il souhaite passer la main à un homme qu’il voit plus jeune et plus vigoureux. Le sort n’est pas tombé sur le plus jeune, mais sur une personnalité apparemment cordiale, proche des gens.

En choisissant de s’appeler François, le pape choisit de s’engager dans la ligne d’un des saints les plus populaires, François d’Assisse. On sait combien celui- ci s’était engagé dans la défense des pauvres, le respect de la nature et l’ouverture aux autres religions. Cela, c’est déjà tout un programme… qu’on ne connaît pas encore aujourd’hui.

A l’occasion de sa première célébration officielle, le 19 mars dernier, le pape François s’en est tenu à un commentaire spirituel inspiré par le saint du jour, Saint Joseph. On n’en saura pas plus sur ses intentions. Mais il a invité les responsables économiques, politiques et sociaux à “ne pas permettre que les signes de destruction et de mort accompagnent la marche de notre monde… Quand l’homme manque à cette responsabilité, quand nous ne prenons pas soin de la création et des frères, alors la destruction trouve sa place…”. Dans ce monde dur et cruel, le pape François a mis en avant les qualités de bonté, de fidélité, de tendresse, d’attention au bonheur des autres… en les opposant à la haine et à l’envie qui détruisent la vie : “Nous ne devons pas avoir peur de la bonté, et même pas non plus de la tendresse!” ajoutant : “Le vrai pouvoir d’un pape est le service humble et concret.

Vu d’Argentine, le nouveau pape est assurément une personnalité proche des gens. Son travail dans les bidonvilles de Buenos aires est apprécié. Il se déplace en transports publics. Il s’oppose à l’extrême- droite. Mais “cela, affirme un témoin, n’est naturellement pas la garantie d’une conscience critique au niveau social ou politique… Sa vision sociale est proche de l’assistanat.” L’ex-cardinal est perçu comme un évêque traditionnel, voire conservateur, si l’on entend ses prises de position sur l’avortement ou les couples homosexuels. On ne peut non plus négliger la polémique née en Argentine sur le rôle de Bergoglio sous la dictature. Sans doute n’était-il pas partisan de la théologie de la libération d’inspiration marxiste, mais il n’est pas prouvé qu’il fût un collaborateur de la dictature.

Du changement ?

Peut-on attendre de l’arrivée du pape François de profonds changements dans l’Eglise catholique? Sera-t-il un réformateur ou, vu son âge, un pape de transition? “Qu’espérez-vous, c’est un pape catholique avant tout” disait en substance l’archevêque de Malines Bruxelles à la RTBF. N’y aurait-t-il donc qu’une seule manière d’être chrétien dans l’Eglise catholique? L’Eglise n’est-elle pas un milieu où vivent différentes sensibilités, voire des antagonismes? N’est-ce pas aux chrétiens eux-mêmes de saisir les espaces nouveaux qui pourraient s’entrouvrir?

La sympathie, la spontanéité, l’humilité ne suffiront évidemment pas à résoudre comme par miracle les difficultés actuelles de l’Eglise catholique. Les très nombreux chrétiens attendent une implication plus forte des laïcs dans les prises de position des évêques sur les questions de société, une valorisation de la place des femmes, des échanges moins crispés avec le monde moderne, une ouverture vers les autres religions, de nouvelles relations – plus collégiales – entre les évêques, entre les évêques et le pape…

Les premiers pas de François ont surpris, positivement, par son style ouvert. Mais il reste beaucoup à apprendre. Comment va-t-il s’entourer? Quel programme compte-t-il mettre en place? La compassion qu’il affirme pour les plus pauvres dépassera-telle la charité traditionnelle? Peut-on en effet être vraiment proche des pauvres sans s’interroger sur les causes de la pauvreté et sans s’avancer sur les solutions institutionnelles de long terme à apporter aux questions d’injustice? Il faut espérer que le nom de François, choisi par le nouveau pape, ne soit pas seulement une image pieuse.

// CHRISTIAN VAN ROMPAEY


Réagir à cet article

Retour à l'index

A suivre 2012

A suivre 2011

A suivre 2010

A suivre 2009

A suivre 2008

A suivre 2007

haut de page