A suivre...
(1er février 2007)
Des
scientifiques au chevet du climat
Jamais le réchauffement
climatique n’aura été mis au centre de l’actualité comme aujourd’hui. Avant
même la réunion des scientifiques du GIEC (1) à Paris, Nicolas Hulot
réussissait à placer la question du climat au cœur de la campagne électorale
française tandis que de l’autre côté de l’Atlantique, le président Georges
Bush devait reconnaître dans son discours sur l’état de l’Union qu’il y
avait là “un sérieux défi” à relever.
Et pourtant, il reste des
scientifiques de renom, comme Claude Allègre, directeur de recherche au CNRS
pour trouver suspecte l’unanimité qui se fait sur la responsabilité de
l’effet de serre dans le réchauffement de la Terre. Si l’on polémique encore
sur les causes du réchauffement climatique, les nombreuses études réalisées
depuis les années 90 montrent de manière indéniable que “l’homme est en
partie responsable du changement climatique”. Mais, lorsqu’il s’agit
d’établir les responsabilités des variations climatiques, chacun cherche à
protéger ses intérêts. Les Etats-Unis refusent toujours de signer le
protocole de Kyoto afin de protéger une situation hégémonique, tandis que
des pays émergents comme l’Inde et la Chine craignent de voir freiner leur
droit au développement par des accords conçus par les pays industrialisés.
De l’hypothèse à la réalité
Les activités humaines, notamment l'usage de
combustibles fossiles, sont la principale cause du réchauffement
climatique. |
Au moment où nous écrivons ces
lignes, le Groupe Intergouvernemental d’Experts de l’ONU (GIEC) présente à
Paris un rapport de synthèse sur les dernières recherches scientifiques
portant sur le réchauffement climatique. Après ce chapitre “scientifique”,
suivront des discussions sur les impacts socio-économiques du réchauffement,
à Bruxelles, début avril, puis, peu après, en mai, à Bangkok sur les
solutions à envisager.
Nous savons déjà, par l’agence
Reuter, que le GIEC conclut qu’il est “très probable” que les activités
humaines, notamment l’usage de combustibles fossiles, sont la principale
cause du réchauffement climatique observé depuis un demi-siècle. Ce constat
confirme le rapport précédent qui plaçait déjà l’homme au cœur de la
problématique, le désignant comme principal responsable du réchauffement.
“On est tout à fait sur la trajectoire prédite il y a 15 ans”, affirme un
expert. Et le public ne s’y trompe pas: nous sommes passés de ce qui n’était
encore qu’une hypothèse, il y a quelques années, à un phénomène tout à fait
perceptible! Ainsi des évènements comme la canicule de 2003, la violence de
cyclones récents aux Etats-Unis ou la douceur de l’automne-hiver 2006 ont
marqué les esprits et accéléré une prise de conscience du changement
climatique dans l’opinion publique. Mais les scientifiques ne se contentent
pas de retenir ces situations extrêmes qui, statistiquement, pourraient ne
pas se reproduire. Ils ont besoin de recul et travaillent sur de longues
périodes. C’est cela qui inquiète: “En trente ans, nous avons gagné près
d’un degré et demi, ce qui est beaucoup”, affirme le glaciologue français
Jean Jouzel, représentant français au GIEC (2).
Le réchauffement climatique aura
pour conséquence une augmentation - à confirmer - de 2 à 4,5 degrés
(Celsius) des températures au-dessus du niveau préindustriel d’ici 2100. En
tous les cas, il ne se situera pas, semble t-il, en-dessous d’1,5 degré,
peut-être autour des 3 degrés.
Pour situer le problème, on peut
dire que 5 degrés, c’est la différence entre l’ère glaciaire et les
températures que nous connaissons aujourd’hui. Une différence de 2 à 3
degrés, cela signifierait donc des désertifications massives - en Chine, en
Australie et dans certaines régions d’Europe - des cours d’eau asséchés, des
perturbations météorologiques telles que ouragans et pluies torrentielles,
typhons et canicules. Le rapport du GIEC annonce comme possible une
élévation du niveau des mers, suffisante pour menacer certains archipels du
Pacifique. Les pays les plus pauvres, le Bengladesh ou des pays africains,
ne pourront faire face à la montée des eaux le long des côtes et à la
sécheresse. Il n’y aura plus de glaciers dans les Alpes. La Grande Barrière
de corail est menacée… Ainsi, seraient confirmées des menaces climatiques
qui pourraient entraîner de grandes pénuries alimentaires à la fin de ce
siècle.
L’avenir nous appartient
La convention climat de l’ONU
vise à stabiliser l’effet de serre à un niveau qui ne soit pas dangereux.
Mais la convention ne définit pas le niveau de dangerosité. Et puis la
situation peut être appréciée de manières diverses selon l’endroit de la
terre où on se trouve…
Sans doute l’avenir appartient à
chacun de nous (citoyens, collectivités locales et entreprises) afin
d’arriver à baisser notre consommation énergétique pour stabiliser, puis
diviser par quatre d’ici à 2050 les émissions de gaz à effet de serre, en
sachant que les pays en développement auront quelques difficultés à réaliser
un tel objectif.
Cela suppose que le marché et les
pouvoirs publics offrent de nouvelles solutions pour se déplacer, se nourrir
et se loger. Des villes, comme Freibourg en Allemagne, ont déjà intégré
(depuis 25 ans!) de nouvelles normes d’habitat, de circulation, de chauffage
qui pourraient inspirer nos villes belges. Mais cela signifie pratiquement
une inversion de nos pratiques d’aménagement urbain en cours depuis un
demi-siècle. Encore faut-il que chacun ne se contente pas de limiter ses
émissions de CO2 à hauteur du bénéfice qu’il peut en tirer. Cela doit être
un objectif commun partagé afin de protéger un bien mondial qui appartient à
tous ainsi qu’aux générations suivantes
(3).
Christian
Van Rompaey |
(1) Le GIEC a
été créé en 1988 par l'Organisation Météorologique Mondiale (OMM) et le
programme des Nations-Unies pour l'environnement (PNUE) afin de contribuer
par ses évaluations à la définition des politiques relatives au changement
climatique.
Le rapport 2007 est le quatrième du genre :
www.ipcc.ch.
(2)
L'humanité, 30 janvier 2006.
(3) Plus
d'informations : www.climat.be (Site du
gouvernement fédéral) -
www.greenpeace.org - www.UNFCCC.org
(Site des Nations-unies sur le climat).
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