Recherche :

Loading

La rédaction

Notre histoire

Newsletter

Nous contacter

Une erreur dans votre adresse postale ?
Signalez-le

Actualité

Culture

International

Mutualité Service

Santé

Société

Nos partenaires

Visitez le site de la Mutualité chrétienne

A suivre... (1er juin 2006)

 

Les enjeux du pacte associatif

 

A l’initiative des gouvernements de la Communauté française, de la Région wallonne et de la Région bruxelloise, une vaste consultation des associations est actuellement en cours. Le sujet de cette consultation : le pacte associatif ou la redéfinition des rapports entre pouvoirs publics et associations.

 

Q

u’est ce que le Pacte associatif? A quoi sert-il de définir des règles de “bonne gouvernance”? Quels sont les enjeux importants liés à la mise en œuvre d’un tel pacte pour une institution comme les mutualités chrétiennes ou pour les affiliés?

 

Un peu d’histoire est nécessaire pour rappeler dans quel contexte socio-politique nous évoluons. La liberté d’association, inscrite dès son origine dans la Constitution belge, a permis de développer une série de projets basés sur l’investissement volontaire des citoyens (institutions de personnes handicapées, hôpitaux, écoles, associations de quartiers, …). Ces initiatives ont contribué à consolider le lien social, ont permis de faire de la Belgique un pays où la couverture sociale au sens large est une des plus performantes au monde. Ces services au public étaient principalement issus du monde chrétien et socialiste.

 

Les institutions importantes qui ont participé à la construction de ces solidarités se voient confrontées aujourd’hui à un autre contexte. Le secteur privé et commercial tente de prendre les parts rentables de ces services organisés. Prenons en exemple le secteur de l’assurance.

La confusion est entretenue par une communication qui nous parle d’assurance solidaire chez certains assureurs commerciaux qui éliminent de leur clientèle les personnes fragilisées ou à risques. La mutualité chrétienne organise le service de l’assurance hospitalisation sur une base non sélective, c’est une différence essentielle. Quand on sait que 5% de la population dépense 60% des frais de soins de santé, nous n’avons pas de peine à savoir ce que feraient de ces 5% les assureurs privés (et chacun d’entre nous peut devenir demain une personne fragilisée). Un État qui accepterait de se réduire à un rôle minimal, de laisser le marché prendre les parts rentables, se retrouverait à devoir prendre en charge 60% des frais sans plus aucune solidarité.

L’argument des assureurs privés est principalement basé sur le fait que l’organisation de notre système d’assurance maladie conduit à un monopole de fait des mutualités et à une concurrence déloyale vis-à-vis du secteur commercial. Réduire les règles de solidarité et les protections assurées par le contrôle de l’État sur le système mutualiste entraînerait sans aucun doute une fragilisation des protections sociales, en particulier en matière de santé. La dualisation de notre couverture sociale se cache derrière cette tentative d’appropriation des parts de marché.

 

D’autre part, aujourd’hui, il n’est plus évident pour l’ensemble des affiliés que la mutualité est porteuse de revendications sociales et solidaires. Le citoyen n’est plus toujours conscient de la spécificité du rôle des associations et les perçoit comme des administrations surtout quand celles-ci remplissent ce type de rôle comme les mutualités, les hôpitaux, les aides et soins à domicile…

Si les mutualités perdaient demain leur rôle de représentation des patients et devenaient une administration publique, nous perdrions l’engagement citoyen, au travers des milliers de bénévoles qui s’engagent à nos côtés. Le rôle essentiel joué par l’engagement bénévole ne pourrait être compensé par l’État. Celui-ci ne pourrait garantir qu’une solidarité de base, organisatrice de l’assurance obligatoire ; le marché reprendrait la part rentable des assurances complémentaires. La disparition des mutualités comme mouvement social conduirait à un renforcement du marché et à la dualisation dans l’accès aux soins de santé.

 

Devant ces différentes constats, c’est bien d’un renforcement de l’articulation de l’État et des associations dont notre modèle social a besoin.

L’État doit jouer pleinement son rôle. Il doit être un stratège qui initie les politiques mais reste attentif aux besoins nouveaux révélés par les associations, qui en définit les règles d’application, les critères de qualité, les règles d’égalité de traitement et d’accès, qui décide les méthodes d’évaluation mais également qui laisse les initiatives se développer dans cet espace intermédiaire entre définition des politiques et évaluations de leur réalisation.

 

Ce modèle renforce la concertation et la participation avec des acteurs organisés et représentatifs. Il reconnaît la valeur ajoutée de l’engagement citoyen. Ce modèle promeut également la liberté d’associations, le respect des objectifs des associations spécialement quand celles-ci portent des projets d’éducation permanente.

 

Fondamentalement, l’État déclare au travers du Pacte qu’il existe des missions de services publics qui ne peuvent être régulées par le marché, que ces missions sont confiées soit au service public classique et/ou à des associations.

 

Cette définition de l’articulation entre l’État, le service public et les associations ne s’applique pas uniquement aux associations qui assurent des missions déléguées de service public fonctionnel, c’est à l’ensemble des associations que ces principes de reconnaissance, de libre association et d’égalité de traitement sont destinés et ce, à tous les niveaux de pouvoirs.

L’enjeu est d’asseoir une organisation de la Belgique qui consolide les solidarités passées et actuelles.

Nous attendons de l’ensemble des partis démocratiques qu’ils s’engagent clairement par la signature d’un tel Pacte.

 

Alda Greoli

Directrice du département

socio-éducatif

 

Réagir à cet article :

 

Pour envoyer un message à la rédaction

                    cliquez ici

Retour à l'index
 
A suivre 2006
 
A suivre 2005