A suivre... (15 juin 2006)
Viv'
la commune!
Réuni en Congrès à Court-Saint-Etienne le 10 juin
dernier, le MOC a adopté son programme de démocratie participative. Il
entend soumettre celui-ci à tous les candidats et candidates qui se
présenteront aux prochaines élections communales et provinciales.
Dans un
Congrès du MOC, tout ne se passe pas le jour du Congrès ! Celui-ci n'est en
fin de compte qu'un moment privilégié, l'aboutissement de nombreux débats et
engagements locaux nourris de la campagne "Viv' la commune" animée par le
CIEP (1). Lors d'un Congrès du MOC, il s'agit donc moins de
"donner des leçons" que de tenter d'exprimer une synthèse au nom de toutes
les personnes qui travaillent sur le terrain.
Les revendications exprimées pour les prochaines élections communales sont
organisées autour de quelques thématiques fortes. Ma commune, j'y habite :
il y faut un logement convenable et accessible pour chacun; j'y veux une
bonne qualité de vie pour tous; je la veux solidaire avec nos concitoyens
les plus défavorisés; je la veux aussi solidaire avec "là-bas" : il y a
plein de choses à faire à l'égard des communes dans les pays en
développement; je la veux fonctionnant démocratiquement : la démocratie
représentative, qui s'exprime dans les élections, doit être nourrie de la
participation des citoyens.
Une "première" pour beaucoup de jeunes
Le 8 octobre prochain, nous serons donc amenés à voter
pour les communes et les provinces. Ce sera une "première" pour des milliers
de jeunes auxquels le MOC veut donner un message d'espoir et de confiance
afin de «faire prévaloir la confiance sur la peur», selon l'expression de
l'écrivain français Jean-Claude Guillebaud.
Ce sera aussi une première pour les non-européens. La
loi qui ouvre le droit de vote aux élections communales aux étrangers
non-européens résidant en Belgique depuis plus de 5 ans sera enfin
d'application. Encore faut-il que ces nouveaux électeurs potentiels soient
informés de ce droit et qu'ils l'utilisent.
A propos des "affaires" mettant en cause des mandataires
publics communaux, le président du MOC, Thierry Jacques, constate qu'elles
«portent un coup extrêmement dur au crédit de notre système démocratique».
Mais «c'est précisément parce que nous sommes en démocratie que de tels
actes peuvent être dénoncés par l’opposition, révélés par la presse, et
poursuivis par la Justice…» Sans minimiser la portée d'actes qu'il qualifie
de «graves et inqualifiables», on ne peut pour autant discréditer l'ensemble
de la fonction politique qui exige de grandes qualités humaines.
En tant que mouvement social, le MOC souhaite que notre
démocratie ne soit pas seulement représentative mais participative. La
démocratie ne s'achève pas avec le processus électoral. Une démocratie
vivante suppose que les citoyens s'impliquent dans la vie communale et que
les mandataires acceptent de se laisser interpeller !
Pour un "contrat associatif"
Le MOC n'est pas pour autant pour la démocratie directe
: «Nous ne sommes pas partisans d'une procédure qui met le citoyen dans une
position purement individuelle face au pouvoir et à la décision politique,
et l'invite à donner des réponses sans nuances, de type "oui ou non", à des
problèmes complexes : ce que nous préconisons, c'est une démocratie qui
s'appuie sur le débat citoyen, enrichi par le travail d'éducation permanente
des associations et des mouvements actifs dans la commune.»
Voilà pourquoi le MOC cherche à développer entre le
pouvoir et les associations des relations de complémentarité plutôt que de
concurrence. Il s'agit d’œuvrer ensemble pour éviter la marchandisation des
fonctions collectives, celles qui doivent répondre aux besoins fondamentaux
de chacun : «Nous tenterons, affirme Thierry Jacques, de conclure dans un
maximum de communes un "Contrat associatif", permettant de fixer un cadre
pour ces relations entre le pouvoir communal et les associations, sur base
d’un modèle qui sera proposé aux candidats et aux majorités qui se mettront
en place après le 8 octobre.»
Le président du MOC devait encore annoncer d'autres
chantiers :
•
Constituer un vaste front associatif afin de
pérenniser et moderniser "par le haut" notre système de sécurité sociale, en
construisant de nouvelles formes de protection sociale adaptées d'une part
aux nouvelles conditions de travail (exigences de flexibilité, changements
d'emplois, emploi en alternance, recyclage…) et d'autre part aux nouvelles
situations de précarité (les taux de remplacement des allocations sociales
sont en chute libre par rapport au revenu moyen).
• Poursuivre
l'effort en matière d'égalité hommes/femmes. Les exigences de flexibilité de
plus en plus grandes dans le travail pénalisent surtout les femmes, sans que
soit prévu un accompagnement social collectif.
• Consolider la
pension de base et remettre à l'agenda la création d'une assurance autonomie
fédérale afin de répondre à la situation de plus en plus précaire de
nombreuses personnes âgées.
• Rencontrer les
préoccupations des jeunes perdus entre école et premier emploi, entre
formation et marché du travail. Trop de jeunes aujourd'hui vivent "au jour
le jour", sans perspectives.
Tout cela suppose d'asseoir le financement de la
sécurité sociale sur une participation de tous les revenus, notamment en
recourant à la Cotisation sociale généralisée. Voilà, conclut Thierry
Jacques, quelques idées que le MOC soumettra à l'agenda politique de ces
prochains mois, «de manière à ce que le social ait une place centrale dans
les programmes des partis».
Christian Van Rompaey
(1) Le
CIEP est le Centre d'information et d'Education Populaire chargé des
activités éducatives et culturelles du Mouvement Ouvrier Chrétien (MOC).
Plus d'informations :
www.ciep.be A la rubrique "campagne", on trouvera une série de fiches
thématiques présentant les options du MOC pour les prochaines élections
communales quant au logement, à la mobilité, à l'aménagement du territoire,
à la sécurité, à l'enseignement, à la politique sociale ...
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