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A suivre... (16 février 2006)

 

Les maisons médicales ont trente ans !

 

Au beau milieu des années '70, quelques soignants estiment que "mettre l'usager au centre du système de soins" peut contribuer à construire un "autre monde". Aujourd'hui, la Fédération des maisons médicales et des collectifs de santé francophones regroupe 71 maisons médicales en Communauté française.

 

Aujourd'hui,  la Fédération des maisons médicales emploie 900 personnes dont 300 médecins et 600 infirmières, kinésithérapeutes et psychologues pour soigner un peu plus de 220.000 patients, soit 3,4% de la population en Communauté française. De nombreux jeunes médecins s’y intéressent dès leur formation car les raisons qui ont motivé la création des premières maisons médicales sont toujours d’actualité : développer une médecine proche des patients, favoriser le travail en équipe et expérimenter d’autres modes de paiement.

 

Les maisons médicales, c'est un projet de société qui vise à une médecine moins dépensière, une meilleure prise compte du contexte social, l'accès pour tous aux mêmes soins, la valorisation de la médecine de première ligne ainsi que de la médecine préventive. Si, incontestablement, des progrès ont été réalisés sur ces questions, " le modèle hospitalier, hiérarchique et autoritaire, dit-on à la Fédération des maisons médicales, reste largement dominant à la fois sur le plan financier, sur le plan de l’organisation des soins, sur le plan de la formation des professionnels nécessitant un travail de refondation de nos pratiques sociales et de nos pratiques de santé".

 

C'est ce à quoi s'est attelée la Fédération à l'occasion d'un colloque organisé dans la vaste Aula Magna de Louvain-la-Neuve les 3 et 4 février derniers. Une question cruciale, l'humanité des soins, traversait l'ensemble des débats : "Devenir humain est-ce là une des préoccupations primordiales de nos politiques de santé et de pratique médicale, s'interroge Marie-Hélène Dutilleux, médecin à Bruxelles (1). Notre pratique médicale occidentale peut-elle vraiment assurer ce grand écart grandissant d'une prouesse technique toujours plus époustouflante, subventionnée, génératrice de qualité de vie mais aussi d'interpellations éthiques majeures et d'une misère humaine et affective préoccupante ?"

 

Une telle approche, explique Jacques Morel Secrétaire général de la Fédération (1), nécessite une disponibilité, une organisation du travail et une formation qui dépasse les possibilités de praticiens isolés. Aujourd'hui, comme il y a 25 ans, elle ne peut être rencontrée que par la réunion de professionnels issus de formations différentes… D'où l'idée de soins globaux, intégrés et continus, à partir d'une équipe pluridisciplinaire, réunissant au moins plusieurs médecins généralistes, une infrastructure de secrétariat et d'accueil, des soins infirmiers, de la kinésithérapie, un service social et la possibilité de recourir à un psychothérapeute.

 

Des évolutions préoccupantes

Un "carrefour citoyen" devait travailler sur la manière dont se croisent le savoir des soignants et l'expérience des patients. Un autre prenait en compte les multiples tensions suscitées par la volonté d'exercer dans les maisons médicales une démocratie participative. Mais la santé n'est pas seulement une question individuelle ! Avec le retour des inégalités sociales, économiques et culturelles, les "déterminants sociaux" de la santé se révèlent décisifs. Les nouveaux modes de consommation et de communication, la commercialisation, les bouleversements économiques et démographiques se répercutent sur les conditions de travail, sur les structures familiales, sur le tissu social des communautés… Comment s'imbriquent santé et social ?

 

Depuis 25 ans, notre système de santé doit également affronter la très forte montée des coûts. La recherche d'une meilleure efficience pourrait aboutir, si l'on n'y prend garde, à baisser la qualité des soins ou à restreindre l'accès pour tous à des soins de qualité, comme l'a affirmé le nouveau président du MOC, Thierry Jacques, rappelant que nous avons à faire face à des évolutions négatives très préoccupantes : "Il est même nécessaire, dit-il, de se mobiliser pour assurer à notre sécurité sociale un développement durable…Les récents gouvernements ont préféré faire la réforme fiscale qui a conduit à réduire à néant les marges pour le social (…)Beaucoup de retraités et d'allocataires sociaux s'aperçoivent de l’accroissement constant entre leur revenu de remplacement et leur dernier salaire. Dans les années 80 et 90, (…)la liaison au bien-être a été abandonnée (…) Et la question communautaire  donne à  penser à beaucoup de francophones (mais aussi de représentants des organisations sociales flamandes) que leur niveau de protection sociale sera prochainement réduit  ouvrant ainsi une brèche au profit de ceux qui veulent privatiser la sécurité sociale ou réduire les allocations."

 

Devant ces enjeux, de nombreux participants ont approuvé l'idée d'organiser une nouveau type de formation pour les professionnels de la santé, complétant la formation classique, en mettant en place une faculté ouverte qui ferait le pont entre les différents métiers de la santé à partir de l'expérience des travailleurs de la santé.

Enfin, le ministre de la santé et des Affaires sociales, Rudy Demotte, devait parler de la "nécessité" des maisons médicales, malgré l'hostilité qu'elles suscitent encore dans certains milieux médicaux. Les pratiques de groupe, devait dire le ministre, entrent tout à fait dans la politique actuelle de revalorisation de la médecine générale.

 

Christian Van Rompaey

 

 

(1) Renseignements : Fédération des maisons médicales et collectifs de santé, Boulevard du Midi, 25 bte 5 à 1000 Bruxelles. Tél.: 02/514.40.14. Fax : 02/514.40.04.  Site Internet : http://www.maisonmedicale.org

 

Afin de soutenir la réflexion, la revue de la Fédération des maisons médicales "Santé conjuguée" publie un numéro spécial dans lequel les contributions de divers acteurs de la santé, des chercheurs et des observateurs du travail social contribuent à "refonder les pratiques" des maisons médicales pour la société d'aujourd'hui (8,68 euros).

 

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