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A suivre... (3 mars 2005)

 

L’homme et la puce électronique

 

Les puces électroniques sont partout. Nous prenons de l’argent à un distributeur de billets, nous envoyons un SMS, nous surfons sur le Web, nous rechargeons notre porte-monnaie électronique, nous payons avec notre carte bancaire dans un magasin… Partout, nous laissons des indices de nos passages, de nos activités et de nos préférences.

 

Ce qui est aujourd’hui une source de confort et de sécurité pourrait prendre une autre tournure si la puce électronique n’était pas seulement dans notre poche mais implantée sous la peau ! On pourrait ne plus avoir besoin de clés, de cartes d’accès, d’horloges pointeuses, de mots de passe, de codes PIN, de signatures, de passeports, ni de contrôleurs...La micropuce, de la taille d’un grain de riz, s’implante au moyen d’une seringue sous la peau (dans le bras, au revers de la main…) et sous anesthésie locale. Celle-ci contient un code numérique accessible par fréquence radio.

Le système comprend donc une puce et un lecteur (scanner). Le lecteur émet un champ magnétique de basse fréquence au moyen de son antenne. Lorsque le transpondeur (la puce) se trouve ou arrive à proximité du scanner, il est activé et communique son numéro d’identification. Celui-ci, unique et infalsifiable, ne peut être modifié ou supprimé. La puce équivaut donc à un document d’identité.

L’un des premiers objectifs de la micropuce, utilisant la technique invisible de la radio-identification (Rfid) est précisément d’être un système d’identification. La firme américaine VeriChip Corporation propose la VeriPay pour identifier son client et débiter son compte, la VeriKid pour surveiller ses enfants, la VeriMed pour assurer la surveillance et la production d’information médicales. Et l’on doit s’attendre au lancement sur le marché mondial d’autres VeriChip.

 

Le lecteur, couplé à n’importe quel appareil électronique, et le numéro d’identification, suffisent à déclencher l’ouverture d’une porte, la mise en marche d’une machine, le contrôle d’un titre de transport virtuel, la mise à jour d’un registre d’entrée ou de présence, l’activation d’un distributeur de billets, etc. une fois l’identité reconnue.

 

Dans le cadre d’un programme VeriMed, déjà opérationnel aux États-unis, des lecteurs dans des services d’urgence d’hôpitaux (et ultérieurement chez des médecins) sont connectés à Internet. Par cette voie, la banque de données qui accueille les dossiers médicaux de tous les porteurs de l’implant peut être consultée. Les médecins peuvent voir s’afficher sur écran tous les antécédents médicaux, allergies, maladies chroniques...

 

La micropuce active offrira encore d’autres possibilités. En contact avec le système GPS, la personne pucée pourra être immédiatement et continuellement localisée. La puce peut aussi être cachée dans des effets personnels, des portables, un téléphone cellulaire… et activée à distance. La puce pourrait donc aider au sauvetage de personnes perdues dans une catastrophe ou prises en otage, mais elle pourra aussi assurer le pistage de militaires, de diplomates, et de personnages dangereux… ou de n’importe quel citoyen.

Cela n’est pas de la fiction ! En Australie, le personnel des banques a été implanté d’office, ainsi que les militaires. Le Ministère italien de la Santé veut tester pendant 6 mois la puce VeriMed dans les hôpitaux. La VeriChip est vendue pour des applications de sécurité et d’identification en Suisse et en Russie. Un night-club branché de Barcelone a lancé le recours à la puce VeriPay pour identifier ses membres et servir de porte-monnaie électronique. Le produit intéresse aussi les fonctionnaires américains de l’administration pénitentiaire et les services d’immigration.

 

Nous sommes habitués aux code barres, aux clés électroniques, à l’usage des micropuces dans des applications si diverses qu’on ne leur prête plus attention. Mais passer à la caisse d’un magasin en passant son bras devant un scanner, voir s’ouvrir (ou non) l’accès à des bâtiments selon que l’on est reconnu par une puce électronique suscite un malaise qui n’est pas seulement une réaction épidermique !

Sera-t-on marginalisé parce qu’on refuse d’être pucé alors que cette implantation pourrait devenir un dispositif incontournable des systèmes de sécurité dans l’accès à des bâtiments ou devenir une condition d’embauche dans certaines entreprises ?

Sensibles aux questions de sécurité, nous sommes par ailleurs devenus très peu critiques par rapport aux technologies susceptibles de menacer la vie privée et la liberté des citoyens. Aux États-unis, le “Patriot Act” permet au gouvernement de suspendre des libertés garanties par la Constitution. En France, la loi Perben est une sœur jumelle du Patriot Act. La Belgique dispose de sa loi du 19 décembre 2003. D’autres pays prennent des dispositions légales similaires. Toutes ont en commun d’être des lois d’exception permanentes.

Celles-ci constituent bien évidemment le terreau idéal pour des technologies telles que la carte d’identité à puce, la biométrie, la micropuce sous-cutanée. Des projets de loi devant le Congrès américain impliquent la permission d’injecter la micropuce aux enfants dès leur naissance à des fins d’identification. Un autre projet prévoit l’implantation obligatoire des SDF (sans domicile fixe) dans cinq Etats, dont New-York et la Californie.

 

Les raisons de sécurité qui sont invoquées pour les justifier ne doivent pas nous impressionner pour exiger que l’on ne dépasse pas certains seuils dans le contrôle des personnes. L’histoire nous a appris combien de pratiques qui ont d’abord été réservées aux “classes dangereuses” se trouvent ensuite appliquées à l’ensemble des citoyens. Comme si toute l’humanité devenait dangereuse !

 

Christian Van Rompaey

 

 

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