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A suivre... (17 juin 2004)

L’extrême droite européenne a-t-elle un avenir politique?

 

L’extrême droite réussit aujourd’hui des scores importants dans certains pays européens.

Serait-elle pour autant devenue incontournable, voire plus acceptable ?

 

En février 2000, lorsque le FPÖ de Jorg Haider rejoint la coalition gouvernementale en Autriche, l’événement provoque un véritable traumatisme dans toutes les démocraties européennes. Et la stupéfaction fut énorme lorsque, en avril 2002, Jean-Marie Le Pen, leader du Front National en France, recueillit suffisamment de suffrages pour se présenter au second tour des élections françaises, au dépens de Lionel Jospin. L’an dernier, en Suisse - l’événement a été moins commenté - c’est Christoph Blocher, leader de l’Union démocratique du Centre, qui fait son entrée au gouvernement. Les partis d’extrême droite font des résultats en Norvège, au Danemark, aux Pays-Bas. L’Italie compte en son sein un parti postfaciste, l’Alliance nationale et la Ligue du Nord est ouvertement raciste. En Belgique, le Front national reste modeste mais progresse, tandis que le Vlaams Blok poursuit son ascension en Flandre avec les résultats que l’on sait, vingt-cinq ans après sa création en 1977-78.

Le passé n’est sans aucun doute qu’un élément de l’explication de cette poussée électorale. Ainsi, lorsqu’on entend qu’un foyer de demandeurs d’asile a été incendié ou un cimetière profané par des croix gammées ou des inscriptions à caractère raciste, on évoque régulièrement l’héritage du national-socialisme. Mais il ne suffit pas d’invoquer le passé. Il faut encore découvrir les raisons contemporaines de cet extrémisme de droite.

 

La montée de l’extrême droite n’est pas irrésistible…

Bien des citoyens qui votent pour l’extrême droite ne se reconnaissent pas comme les héritiers du nazisme. Le modèle actuel de l’extrême droite est sans aucun doute très différent des modèles fascistes, national-socialiste des années 30, auxquels font cependant référence les dirigeants du Vlaams Blok, comme l’a bien démontré le remarquable travail de recherche documentaire réalisé par Jean-Claude Defossé pour la RTBF. Le succès du Vlaams Blok, expliquent Hans De Witte et Marc Spruyt dans un ouvrage édité par le CRISP (1), tient au fait que “ce parti a su, d’une manière bien pensée, se tailler un profil populiste capable de dissimuler son extrémisme.” La problématique de l’immigration est “un attrape-voix”, mais aussi les thèmes de la sécurité, de la criminalité et de l’emploi occupé, disent-ils, au dépens des Belges. Le Blok s’est également pourvu d’un programme social (simpliste) associé aux objectifs du nationalisme flamand radical et ethnocentriste. On peut d’ailleurs se demander, avec Patrick Moreau du CRISP, au vu de l’angoisse des couches précarisées de la population devant les effets de la globalisation et de ses principes libéraux “comment les leaders de cette extrême droite populiste parviennent à concilier leur fonction autoproclamée d’avocats des défavorisés, travailleurs et classes moyennes avec des principes économiques portant atteinte aux acquis du passé (retraites, protection sociale…). La recette miracle proposée est celle de la préférence nationale dans le cadre de la région ou de la nation…” C’est là qu’apparaît le thème de l’immigration et les nombreuses allusions au “citoyen de souche” opposé à “l’étranger”.

La Belgique vient de fêter les 40 ans de la signature de la convention qui a régi, en 1964, les rapports entre les gouvernements belges et marocains afin de faciliter le recrutement des travailleurs marocains pour les besoins des industries belges. “Le passé nous éclaire souvent sur notre présent : boucs-émissaires dans la propagande utilisée par les partis d’extrême-droite, certains immigrés, ou certains de leurs enfants, font pourtant partie de la communauté nationale, parfois la plus fragilisée”, relève Françoise Dupuis, Ministre de l’Enseignement supérieur (2). “L’oublier serait ne pas voir dans l’extrême droite son visage le plus inhumain : la stigmatisation des personnes selon leur origine ou leur couleur de peau, sans rapport avec la réalité des faits et le vécu des personnes ainsi mises en accusation.”

 

Quel avenir pour l’extrême droite ? Difficile à prédire ! Tout ce que l’on peut constater c’est que les retours de traditions antidémocratiques n’ont jamais cessé. Mais, on n’est pas non plus en face d’un progrès électoral continu : “L’idée d’une montée globale d’un nouveau fascisme européen lancé victorieusement à l’assaut des démocraties occidentales ne résiste pas à l’analyse.” Le FN français, comme La Ligue du Nord stagnent. L’Espagne et le Portugal restent à l’abri de cette poussée d’extrême droite. La situation reste cependant préoccupante dans d’autres pays. Selon Patrick Moreau, nous n’aurions pas affaire à un cycle, “mais à des cycles de radicalisation, étroitement liés à des conjonctures(…) fluctuantes.”

 

Il existe certainement partout “un potentiel de protestation” alimenté par des peurs, des incertitudes et des insatisfactions diverses qui nourrissent des mobilisations contestataires extrêmes. Mais ce n’est pour autant que l’histoire se répète. Croire au retour du passé nazi, ce serait mal comprendre les raisons actuelles des nationalismes européens.

 

Christian Van Rompaey

 

 

(1) “Extrême droite et National-populisme en Europe de l’Ouest. Centre de Recherche et d’information socio-politique. Analyse par pays et approches tranversales.” Ouvrage collectif sous la direction de Pierre Blaise et Patrick Moreau (CRISP – mai 2004 – 584 pages - 34,90 EUR).

(2) Introduction à l’ouvrage cité ci-dessus.

 

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