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Quelques vérités sur le cannabis

 

Le lundi 2 juin dernier, le Moniteur belge publiait la nouvelle loi sur les stupéfiants et les arrêtés royaux qui l’accompagnent, une loi adoptée par le Parlement en mars 2003. Le texte ne dépénalise l’usage d’aucune drogue, mais il distingue le cannabis des autres drogues.

 

La détention et la culture de cannabis restent des infractions mais la détention, par un majeur (18 ans), d’une quantité de cannabis à des fins d’usage personnel (3 grammes), sans nuisance publique ou usage problématique ne fera l’objet que d’un simple enregistrement.

Drogue récréative ou fléau social, porte d’entrée vers les drogues dures, créant ou non une dépendance, provoquant ou non schizophrénies ou dépressions… le débat sur le cannabis est souvent “passionné et confus” comme le constate la revue scientifique française La Recherche qui publiait récemment une synthèse intéressante de trois rapports scientifiques français, canadiens et américains sur le sujet (1). Cette confusion est d’autant plus regrettable qu’il existe une certaine unanimité des scientifiques sur le sujet.

 

Le cannabis est une drogue populaire dans de nombreuses régions du monde depuis plusieurs siècles. C’est au début du XXe que le cannabis est devenu un problème social aux États-Unis puis dans l’ensemble de l’Occident. En Europe, la consommation connut un pic dans les années 70 et 90. Les plus gros consommateurs se situent dans la frange des 16-24 ans, les garçons plus que les filles, les jeunes de milieux aisés plus que ceux de milieux populaires, les enfants de familles dissociées plus que ceux de familles stables, et tout spécialement des jeunes en situation d’échec ou de retard scolaire. Le nombre de consommateurs chute brutalement entre 20 et 25 ans, soit à l’âge de l’insertion dans la vie adulte.

 

Le cannabis agit sur le psychisme comme le tabac, l’héroïne, le café, les antidépresseurs, l’alcool, ... Le plus souvent il est fumé en cigarette, mélangé ou non à du tabac. Le consommateur de cannabis en bonne santé recherche un sentiment d’euphorie. Les effets sont le plus souvent la loquacité, l’hilarité, la sociabilité, une déconnexion des soucis du quotidien, des sensations de bien-être, de calme, de relaxation avec une distorsion de la perception du temps et de l’espace, accentuant les perceptions sensorielles, gommant les images négatives de soi et renforçant la confiance. Les cadres stressés y trouvent un moyen de se détendre. Les artistes pensent que le cannabis favorise leur inspiration. Quant à certains malades, ils recherchent un effet sédatif pour calmer leur douleur physique ou morale.

Il faut souligner qu’il n’y a pas de risque d’overdose. Mais, une forte dose peut avoir immédiatement des effets adverses significatifs : dépersonnalisation, distorsions visuelles et auditives, erreurs d’appréciation du temps et de l’espace, délire, symptômes psychotiques. Ces troubles disparaissent généralement deux heures après la prise, mais ils peuvent aussi se prolonger et justifier une hospitalisation. Le cannabis est déconseillé aux cardiaques en raison de la tachycardie qu’il entraîne. Certains individus, au lieu de ressentir un état d’euphorie ressentiront angoisse, anxiété ou idées dépressives. Même à faible dose, la mémoire immédiate sera perturbée, la concentration intellectuelle difficile, le contrôle des mouvements moins sûrs. Etant donné, la grande diversité des produits disponibles il est souvent impossible pour le consommateur de savoir quelle dose il absorbe, si le cannabis est pur ou mélangé à d’autres produits.

 

Par ailleurs, à long terme, les effets négatifs sur la mémoire ont été mis en évidence. La consommation chronique rejaillit sur les résultats scolaires (somnolence, défaut de concentration, difficultés d’apprentissage). Une consommation importante et ancienne peut créer chez l’adulte un déficit important d’activité, de l’indifférence affective, un ralentissement de la pensée. “En l’état actuel des connaissances, le danger le plus sérieux pour la santé est (…) la fumée du joint, qui, avec ou sans tabac a une composition chimique et des effets voisins de la fumée de cigarette. Le grand consommateur de cannabis fume moins souvent chaque jour que le grand consommateur de tabac, mais il inspire plus profondément et plus longtemps la fumée de sa cigarette sans filtre. Si bien que le risque de maladies pulmonaires, y compris le cancer, est considéré comme élevé”.

 

Signalons encore que si beaucoup de drogues, et en particulier les drogues dures – mais aussi l’alcool et le tabac – entraînent des troubles intenses physiques ou psychiques lorsqu’on suspend leur consommation, ce n’est pas le cas du cannabis (sauf chez les gros consommateurs au long cours, pendant quelques jours et sous des formes bénignes). Enfin, la théorie selon laquelle le cannabis conduirait immanquablement aux drogues dures ne résiste pas à l’examen. Cependant, le consommateur régulier de cannabis risque de se voir proposer d’essayer d’autres drogues… les revendeurs de cannabis étant aussi des revendeurs de drogues dures. Il faut savoir que l’initiation précoce au cannabis suit souvent une initiation précoce à l’alcool et au tabac. Et s’il est vrai que la quasi-totalité des consommateurs de drogues dures sont passés par le cannabis, ils sont aussi passés par l’alcool et le tabac.

 

Christian Van Rompaey

 

(1) La Recherche, mars 2003 - Internet : www.larecherche.fr